Quand les titans s’invitent au banquet, le tatami n’est jamais déroulé pour tous
Par Fumu BIPE,
Ainsi pourrait-on qualifier l’échange survenu entre le Professeur Charles Zacharie Bowao et le Ministre Anatole Collinet Makosso. En effet, la lettre ouverte du Professeur Charles Zacharie Bowao, rédigée le 20 janvier 2015 et adressée à Monsieur Denis Sassou Nguesso, Président de la République du Congo, a suscité bien des réactions.
A travers cette lettre sous la plume du Professeur, initiée sur un fond de mise au point, revendications et mise en garde, on y note visiblement un réel malaise plutôt épidermique face au grand débat du jour, lequel porte sur la révision ou non de la constitution. Un tel appel du pied n’a pas manqué d’interpeler le Ministre Anatole Collinet Makosso, en charge de la jeunesse du pays et dans son rôle actuel d’éducateur civique, membre du gouvernement.
Si le Professeur a eu le mérite d’exprimer librement et ouvertement ses positions tant politiques qu’intellectuelles (un exercice combien périlleux lorsqu’on a conscience de l’incompatibilité des deux aspects), de surcroît dans un pays où, il faut aussi le dire, la liberté d’expression n’est qu’à l’étape embryonnaire, il convient de saluer son courage de dire tout haut ce que la plupart de ses camarades politiques pensent tout bas autour du chef de l’Etat. De par cet élan, le Professeur ne peut que rassurer et confirmer ici une confiance plausible quant au regard et à l’appréciation par le destinataire de la présente correspondance telle esquissée, laquelle reste porteuse d’espoir, d’interrogations et d’attentes. Puisque le linge sale se doit d’être lavé en famille, le Ministre Anatole Collinet Makosso a jugé nécessaire de mettre les pieds dans le plat, dans le souci de recadrer courtoisement et humblement le propos émis par son aîné. C’est de bonne guerre !
Bien loin des états d’âme individuels, des habituels élans épidermiques et des déductions tout azimut, le Ministre Anatole Collinet Makosso est mu par un sentiment de rectification. La lumière jaillit là où plusieurs cerveaux se frottent. Dans un souci de clarté et de vérité, le propos du Ministre Anatole Collinet Makosso va dans le sens du dialogue : la guerre des arguments. Un terrain sur lequel seuls les âmes bien nées et les colosses de Rhodes peuvent s’y aventurer, sans la moindre tentation de tomber bas et patauger dans le Tartare de la déchéance à travers injures, menaces et dénigrements gratuits ; autrement dit, bien loin des arguments de guerre.
Ne s’invite à ce débat de haut niveau que des personnes matures, pondérées, scrupuleuses, soucieuses du moindre détail et en clines à la quiétude, à la paix sociale, à la liberté d’expression, au respect des institutions et des droits fondamentaux pour tous, au développement et à l’épanouissement des peuples. Le dialogue, l’échange, ponctué d’égards, est tout ce qui sied aux personnes responsables, celles-là qui justement, prennent de la hauteur sur bien des aspects sociaux qui fâchent, qui font tâche et qui ébranlent le simple commun des mortels, lesquels hélas ont trop souvent la disgracieuse manie de ne jamais voir plus loin que le bout de leur nez.
Dans ce débat qui élève les consciences et qui ne se focalise pas sur des individus, de simples passagers, pécheurs et mortels assurés, il faille des personnes éprouvées qui prennent de la mesure, surtout le reflexe de soulever les vraies problématiques propres aux préoccupations du pays, aussi maladroitement que cela peut être évoqué, mais un acte audacieux qui donnerait ainsi l’occasion qu’une série de réponses soit apportée, sans langue de bois, autour d’une table fraternelle, l’argument au point, non pas le poing sur la table.
Il convient à chaque citoyen digne de ce nom, de se livrer à l’exercice de décorticage, de lire à travers les lignes et de prendre le temps de s’informer, de confronter les arguments, de méditer pour ensuite comprendre les grands principes qui régissent les fondements de la société, puis saisir et mieux cerner la teneur du débat à défaut de se lancer dans des fratricides dignes du moyen âge, tel que le souhaiteraient certains agitateurs qui n’auraient pas trouvé leur compte égoïste.
Qu’un tel élan puisse s’affirmer au sein de la communauté est une chose. Qu’il soit ensuite mis en application de façon effective, reste une autre paire de manche. Seulement, il faut bien établir des règles claires de fonctionnement pour un pays qui tient à asseoir ses institutions. Des institutions solides par un peuple souverain, pour un avenir serein.
Les hommes passent. Mais que vive à jamais la République !