Tiémoko Yadé prend le pouvoir…

Après une bien étrange réunion…

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Il se passe bien des choses au Conseil Economique et Social depuis la prise par notre président, du décret N°2014-642 du 27 octobre 2014 « portant nomination de membres du Conseil Economique et Social ».

Cest que le premier vice-président, Tiémoko Yadé, dont le nom, étrangement, ne figure pas sur la liste des conseillers nommés (comment peut-il être vice-président sans être conseiller ?), a décidé de prendre le pouvoir en assumant toutes les prérogatives du président Marcel Zady Kessy, éloigné depuis plusieurs mois de ses bureaux pour des raisons de santé. Une sorte de revanche qu’il savoure sur Zadi Kessy qui, dans les faits, a toujours été considéré comme un intrus qui lui aurait piqué une place qui lui revenait de droit.

« L’Eléphant » qui, depuis deux ans, a braqué ses radars sur cette institution, vient de capter les signes d’une opération de « reste à la maison, j’ai repris ce qui me revenait de droit», lancée par le premier vice-président. Qui ne prend même pas le soin d’y mettre la manière…

UN AIR DE COUP D’ETAT !

Le 18 décembre 2014, soit quelques jours après l’installation (enfin), du Conseil Economique et Social, le premier vice-président (il attendait manifestement cet instant), a organisé une inoubliable réunion d’informations avec les cadres et autres agents de cette institution. Lesquels ont eu droit, on ne sait trop pourquoi, à l’exposé, par ses soins, de son impressionnant parcours scolaire et sa riche carrière professionnelle. Histoire de convaincre tout le monde sur sa capacité à remplacer Zadi Kessy ?

Les travailleurs ont ainsi appris que Tiémoko Yadé a commencé son parcours scolaire en Côte d’Ivoire, avant de les poursuivre au Sénégal, puis d’être admis au concours d’entrée à l’Ecole des Hautes Etudes Commerciale (HEC) de Paris. Ecole d’où il est sorti diplômé pour commencer sa carrière à la Société Générale, en 1962. Trois ans plus tard, il fera son entrée à la BCEAO pour monter jusqu’au Grade de Directeur, une sorte de couronnement de sa carrière selon lui : « A ce grade, ma carrière était parfaitement bouclée », annoncera-t-il aux travailleurs médusés. Qu’est-ce que c’est que cette réunion ?

Mais ce n’est pas fini. Après avoir bouclé sa carrière à la BCEAO, il passera 25 ans à la SGBCI où il occupera les plus hautes fonctions, sans compter que de 1978 à aujourd’hui, il continue de prospérer à la tête du Groupe Allianz… n’en jetez plus !

Il prend sa retraite en 2000, mais indispensable pour les dirigeants de Société Générale France, pour lui, ces derniers auraient modifié les textes pour créer le poste de président de Conseil d’Administration de la SGBCI, poste qu’il occupe jusqu’à ce jour. Sans oublier que les membres du conseil d’administration de la Bourse régionale des Valeurs mobilières (BRVM), lui permettront de présider leur Conseil de 2001 à 2011, ouf !

Pourquoi exposer son « CV » devant les cadres et agents de l’Institution pendant cette réunion ? Ceux qui se posaient cette question n’ont pas attendu longtemps pour avoir la réponse : « Si je me suis attardé sur ma carrière, marquée par d’excellents résultats couronnés de promotions, c’est pour faire savoir à tous que je n’étais plus à la recherche de poste. Encore moins celui de premier vice-président qui n’existait pas ». Et qui a été créé spécialement pour lui, à défaut d’obtenir le poste de président confié (pour faire plaisir à Bédié), à Zadi Kessy ? Auto-célébration, quand tu nous tiens !

Pour que les travailleurs comprennent sans doute que le poste de président du Conseil Economique et Social lui revenait de droit, Tiémoko Yadé est remonté dans le passé pour faire savoir que c’est sur sa personne que le président du Rdr, Alassane Ouattara aurait porté son choix en France, lors de la réunion de Marcoussis, lorsqu’est venu le moment de choisir un Premier ministre de consensus pour assurer la transition avec le président Gbagbo. Lequel Gbagbo aurait mis son véto à cette désignation, malgré l’accord de tous les chefs d’Etat d’Afrique de l’Ouest…Ah ce Gbagbo !

Modeste jusqu’au bout des ongles, Tiémoko Yadé a tenu à informer aussi les agents que ce sont les cadres de Sinématiali qui lui auraient demandé d’accepter de se sacrifier pour eux en occupant les postes de Député-maire de cette bourgade.

OUATTARA L’A APPELE UN JOUR

Et comment a-t-il atterri au Conseil Economique et Social au poste de premier vice-président ? Eh bien, c’est une belle histoire :

« Un jour, a-t-il raconté, le président de la République m’a appelé, pour m’informer de sa volonté d’harmoniser les textes des Institutions pour que je vienne au Conseil Economique et Social. Au cours de ces échanges, il avait voulu savoir si je connaissais le Président Zadi et si je pouvais travailler avec lui. Je lui ai répondu par l’affirmative, non sans omettre de lui faire savoir l’excellence et la qualité de nos rapports qui trouvent leur source depuis nos années universitaires en France… »

Et c’est sans doute en raison de la qualité exceptionnelle de leurs rapports que Tiémoko Yadé Coulibaly a été nommé pour cinq ans et que Zadi Kessy lui, ne l’a été, comme l’a révélé « L’Eléphant » il y a deux ans, que pour un an renouvelable ?

LES PROCHES DE ZADI LUI AURAIENT FAIT VIVRE L’ENFER !

Histoire de démontrer à tous qu’il entendait désormais prendre le pouvoir, Tiémoko Yadé a d’abord dénoncé le comportement de « l’entourage » du président Zadi Kessy qui lui aurait fait voir de toutes les couleurs. « C’est avec un état d’esprit bien disposé que je venais travailler aux côtés de mon aîné, le président Zadi. Malheureusement, les choses ne se sont pas déroulées, ainsi que je le souhaitais, non par la faute du président Zadi, mais par celle de son entourage. En effet, je note que ma nomination au poste de vice-président n’a jamais été acceptée par des personnes de son entourage qui composent l’environnement immédiat du président du Conseil Economique et Social ». Et Zadi Kessy n’a aucun contrôle sur son environnement immédiat ?

Et Tiémoko Yadé d’égrener toutes les misères qui lui ont été faites par Zadi Kessy-pardon-par son « environnement immédiat ». Pendant deux ans, selon lui, le bâtiment devant abriter son cabinet n’a pas été réhabilité. Et c’est « l’environnement immédiat » et non Zadi Kessy qui est directement responsable de ce fait ? Il aurait attendu 18 mois avant d’avoir une voiture de commandement. Encore un « crime » de « l’environnement immédiat » de Zadi Kessy. Ils sont méchants ! Obliger Tiémoko Yadé à aller au travail dans sa propre voiture…

« L’environnement immédiat » de Zadi Kessy aurait refusé d’impliquer son cabinet spécial de premier vice-président dans les activités du Conseil Economique et Social. On croyait que c’est Zadi Kessy qui était constamment humilié dans cette institution, apparemment on s’est trompé. C’est Tiémoko Yadé qui souffrait le martyr, du fait de « l’environnement immédiat » de Zadi Kessy. Lequel ne savait pas ce que faisait son « environnement immédiat » à son jeune frère ?

Mais tout ça se passait pendant que Zady Kessy était chaque jour présent à son cabinet. Et quand il s’est absenté pour des raisons de santé, l’enfer s’est abattu sur Tiémoko Yadé qui assurait son intérim. Car, certains cadres, selon lui, n’ont pas voulu coopérer avec son éminente personne, allant jusqu’à refuser de lui rendre compte, de lui donner copies de certains documents utiles dont il était pourtant destinataire, à signer des ordres de mission sans son autorisation, à accorder des autorisations d’absence sans qu’il ne soit informé, à tenir des réunions nocturnes dans son dos, y compris après la rentrée solennelle… ah les comploteurs. Ils ont osé faire ça à Tiémoko Yadé ?

LA SUPPLEANCE ET LA VENGEANCE DE TIEMOKO YADE

De l’intérim, suivant un décret portant organisation du Conseil Economique et Social, Tiémoko Yadé est passé à la «Suppléance » de Zadi Kessy. Mais là encore, selon lui, de petits malins qui ne comprennent rien à cette notion, ont tenté de lui dénier le droit de jouer au vrai « boss » des lieux. « Il m’est revenu que certaines personnes limiteraient la suppléance, essentiellement, à l’organisation de la Rentrée solennelle. Et, comme cela ne suffisait pas, des notes signées au moyen du cachet sec du président Zadi me sont adressées avec des instructions à observer. Pis, le compte rendu de la Rentrée solennelle que j’ai présidée personnellement, est transmis aux Conseillers économiques et sociaux, sans que je n’en prenne connaissance. »

Mais tout ça est désormais fini. Tiémoko Yadé ne va plus se laisser faire. Et il l’a clairement signifié à « l’environnement immédiat » de Zadi Kessy : « J’ai été très patient. Une patience qu’on pourrait qualifier de coupable, si rien n’est fait. J’ai tout accepté et cela à la limite de l’inacceptable. J’ai décidé aujourd’hui d’assumer pleinement et entièrement la suppléance qui est différente de l’intérim. En d’autres termes, j’assume tous les pouvoirs qui sont dévolus au président du Conseil économique et social. Je suis donc responsable de l’Institution. Plus jamais, je n’accepterai le désordre. Tous les cadres et agents qui sont prêts à collaborer sont les bienvenus. Mais ceux d’entre vous qui ne veulent pas collaborer sont libres de partir. Je m’organiserai pour faire fonctionner le Conseil. Je prendrai des dispositions pour opérer des aménagements substantiels destinés à accroître l’efficacité de l’Institution. Si le président revient, il pourra apporter les changements qu’il souhaite ». A-t-il bien fait comprendre à « l’environnement immédiat » de Zadi Kessy. Y compris Guikahué ?

Cette mise en garde faite, Tiémoko Yadé a ordonné à tous les directeurs et chefs de service de lui produire les rapports d’activités de leur service respectif en deux semaines. Le délai courait du 18 au 30 décembre 2014.

Et sans doute pour préparer le retour du Président Zadi Kessy, le 5 janvier 2015, les agents travaillant dans le cabinet annexe de ce dernier se trouvant aux deux plateaux, ont été sommés, via un courrier signé des petites mains de Tiémoko Yadé, de déguerpir, « avant le 7 janvier 2015 ». Depuis, les affaires de Zadi Kessy se trouvant dans ce cabinet ont été déménagées et le contrat de bail signé par lui a été purement et simplement résilié.

Quand Tiémoko Yadé Coulibaly s’éveillera, Zadi Kessy et son « environnement immédiat » en prendront pour leurs grades. Si ce n’est déjà fait.

Rideau !

ASSALÉ TIÉMOKO

Source: L’Eléphant Déchaîné n°315 du mardi 13 au jeudi 15 janvier 2015