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Par Léandre Sahiri

Un parti politique est caractérisée, entre autres, par la « démocratie interne », c’est-à-dire l’existence de relations, de pratiques et de mécanismes assurant un fonctionnement autonome, indépendante, qui implique les militants ; tout est fait par les militants et pour les militants, en dehors de tout recours aux instances gouvernementales ou étatiques. Un parti politique sans « démocratie interne » ne peut participer à l’animation d’un système politique démocratique dans le pays. La « démocratie interne » favorise le débat interne, donne une dynamique saine au parti, favorise le climat d’entente et de cohésion interne du parti, et limite les frustrations dans la mesure où ce ne sont pas les autres (ceux qui ne sont pas membres du parti) qui décident à la place des militants. La « démocratie interne » peut se mesurer à partir, par exemple, des mécanismes réels de décision, la circulation des informations, la manière dont les avis minoritaires sont traités (acceptés, tolérés ou écrasés)…
En faisant appel au tribunal de première instance d’Abidjan, M. Affi Nguessan Pascal ignorerait-il ces principes élémentaires qui régissent tout parti politique ?
M. Affi Nguessan Pascal a-t-il conscience d’avoir porté sur la place publique un problème qui, selon le principe de la « démocratie interne » devrait être débattu et réglé en interne et que, en lieu et place de la voix des militants, il a préféré une décision de justice, en violation flagrante des principes d’autonomie des partis politiques ?
M. Affi Nguessan Pascal a-t-il conscience d’avoir démontré son incapacité à gérer le FPI selon les statuts du FPI ?
M. Affi Nguessan Pascal peut-il nous dire à quoi servent les structures du FPI si c’est le tribunal de première instance d’Abidjan qui doit désormais décider de l’opportunité des candidatures et de la tenue du congrès et autres instances du FPI ?
Après 13 années de présidence, il devrait lui-même faire le point et céder sa place à un autre militant, de la même manière que Gbagbo Laurent lui a passé le flambeau, parce qu’on est dans un parti politique et pas dans un royaume. Mais, M. Affi Nguessan Pascal s’entête et s’évertue à vouloir DEMEURER président du FPI après 13 années parce qu’il a dilapidé les fonds du FPI, parce qu’il ne peut justifier son enrichissement personnel, parce qu’il est impliqué dans des affaires plus ou moins ténébreuses. Il se trouve aujourd’hui incapable d’aller à un congrès où il aurait à affronter les militants pour faire approuver son mandat, le bilan de ses 13 années de gestion du FPI et pour le vote du quitus. Le problème est là et pas ailleurs. Les histoires de contestation de «l’Appel de Mama », du recours à la justice, de décision d’invalidation de la candidature de Gbagbo par le tribunal, etc., tout cela n’est que vents et pipeaux. Ce sont des faux arguments qui ne convainquent personne, y compris ceux et celles qui le suivent et le supportent, au risque de le pousser dans le précipice et de favoriser son suicide politique. Dommage!
M. Affi Nguessan Pascal doit s’aviser que le FPI n’est pas sa plantation, ni un royaume.
M. Affi Nguessan Pascal doit s’aviser qu’il n’est pas indispensable, ni irremplaçable, ni exceptionnel.
M. Affi Nguessan Pascal doit s’aviser que, après 13 années de présidence, il est temps qu’il laisse d’autres faire leur expérience à la tête du parti. Sans rancoeur, ni rancune.

Léandre Sahiri