La quarantaine, Isabelle Payan, créatrice de bijoux à base de produits ivoiriens, est mariée et mère de 2 enfants. Venant de l’Ile de la réunion où elle a vécu ses 20 premières années, elle est installée depuis 2 ans et demi en Côte d’Ivoire à Abidjan. Sur sa page Facebook « Créations 100% Isa », cette jeune dame, poste tout ce qu’elle fait, vu qu’elle ne possède pas un magasin pour la vente de ces œuvres. Dans cette interview, cette « pure africaine dans l’âme », nous dévoile son amour pour les créations africaines et exhorte le gouvernement ivoirien à permettre la mise en disposition sur place, des matières premières utilisées pour les créations et aussi à exporter l’Art ivoirien.
Depuis quand êtes-vous dans le domaine de l’Art ?
Dans le domaine de l’art, depuis 7 ans. Avant je travaillais dans l’hôtellerie en France et quand je suis arrivée, en Polynésie française, je me suis occupée de mes enfants. Donc j’ai arrêté l’hôtellerie et je suis tombée amoureuse des produits polynésiens. Des nacres, des perles, des graines végétales et j’ai pu confectionner des bijoux. Je faisais aussi des tableaux de sables représentant les polynésiens, leurs tatouages. Et voilà cela a été une passion et je suis arrivée en Côte d’Ivoire. J’ai continué grâce à une amie qui m’a fait connaître ici. Donc je travaille toujours la nacre et je travaille sur les produits que je trouve ici, surtout le pagne Baoulé. Et aussi suivant mes inspirations, mes envies.
Pourquoi avoir choisi la Côte d’Ivoire, pour vous installer ?
Cela est dû à mon mari qui travaille dans l’hôtellerie et qui a été muté en Côte d’Ivoire. Et on avait envie de venir en Afrique. Il y a eu la Côte d’Ivoire qui s’est présentée et nous avons dit oui.
Généralement vos œuvres parlent de quoi ? (les thèmes)
Mes œuvres ! Mes bijoux reflètent un peu les pays que j’ai découvert, mes sentiments. J’aime la couleur. Et après je fais aussi des tableaux avec du pagne et baoulé.
Quelle est généralement votre clientèle ?
Je dirai un peu de tout ! Je suis arrivée en tant qu’expatriée, forcément ça été beaucoup les européens. Mais après je me suis fait connaître par les ivoiriens, en croisant du monde à l’école. Portant les bijoux, les gens les ont vus et ils étaient très curieux. Je pense que maintenant je touche tous types de personnes et de milieux.
Les prix de vos articles sont –ils abordables ?
Oui, car vous pourrez trouver différents types de prix. Les prix commencent à partir de 4000 FCFA et cela va monter au maximum à 30.000 FCFA.
Quelle est la particularité de vos articles ?
Nous allons parler déjà des bracelets, soit à base de tissus. Je rajoute des breloques en argent, en métal argenté. Je fais aussi des bracelets en élastique, dont celui en Baoulé, qui marche énormément. Et ce bracelet je le fais depuis 3 ans, et les gens aiment bien le ramener en Europe, pour faire connaître l’art africain. Après ça peut être des perles africaines, de la nacre, des perles. Je travaille aussi énormément les graines des arbres, que j’ai trouvé aux Iles Marquises. Les gens pensent souvent que c’est du bois. Je travaille beaucoup le végétal aussi. Et j’aime beaucoup confectionner les sautoirs, je trouve cela très féminin. Je touche à tout. Dès que quelque chose me plait, j’essaie d’en tirer le maximum.
Vous avez eu à participer au Village des créateurs organisé en Côte d’Ivoire, à Abidjan, parlez-nous de cet évènement ?
Le village des créateurs, c’est moi-même et ma copine Bénédicte Meurant de NOTA BENE CREATIONS qui l’avons créé, au mois de mai l’année dernière. Comme nous sommes deux créatrices, et que nous avons envie de montrer nos produits et qu’ici il y a beaucoup de créateurs que les gens ne connaissent pas forcément, nous avons monté ce village pas pour faire du profit, juste pour que nous soyons tous ensemble, que nous passions un bon moment. Et cela a énormément marché, donc les créateurs sont revenus vers nous et nous ont demandé de faire une deuxième édition que nous avons fait au mois de novembre dernier et espérons qu’il y aura d’autres éditions l’année prochaine. Le but c’est d’avoir toujours des nouveautés sur ce village. De faire connaître des gens qui sont aussi à l’extérieur d’Abidjan. Nous allons chercher autant de créateurs ivoiriens qu’étrangers. Nous essayons d’avoir énormément de diversités.
Quels sont vos rapports avec les autres créateurs exerçant dans ce domaine ?
Je pense que nous avons de bonnes relations. Nous nous croisons souvent et avec plaisir. Et nous respectons le travail de l’autre.
Citez-nous quelques-uns ?
Vous avez AYAN ACCESSOIRES, j’aime beaucoup ce qu’elle fait, en pagne. Il y a des artisans sur la CAVA que j’aime aussi. Un monsieur qui s’appelle Diouf, Ibrahim et ses colons ainsi que Awi, qui font des animaux en fer, qu’on peut voir souvent dans la rue, en sortant, en allant vers Bassam. J’aime beaucoup ce qu’il fait. Vous avez Cosi-Cosa, qui fait des vêtements Vous avez Mimi et ses perles. Et aussi Nota Bene Créations qui travaille le pagne de milles façons et qui a une créativité sans limites. Elle peut dans son atelier vous confectionner votre pièce unique. Il y a encore beaucoup de mondes que je pourrais citer.
Quelles sont les villes visitées de la Côte d’Ivoire ?
J’ai fait Yamoussoukro, pour aller visiter la Basilique. Je suis allée à Tiassalé, à Aouakro, Grand-Bassam, Assinie. Je suis allée à Tiagba (Jacqueville). Je vais y repartir dans quelques jours parce ce que je ne savais pas que c’était un village lacustre. Et j’espère pouvoir aller dans le Nord. Nous adorons bouger mon mari et moi, nous adorons découvrir le pays où nous habitons. Cela permet aux enfants de construire leurs souvenirs le jour où nous devrons quitter la Côte d’Ivoire.
Quels sont vos loisirs ?
J’aime bien le Tennis, le sport en général. J’aime bien la culture. Quand je peux, je vais voir une pièce de théâtre. Je peux aller voir un concert avec mes enfants, voir tous ces artistes ivoiriens à découvrir ici. Et j’aime bien aussi me retrouver au bord de mer, les pieds dans le sable chaud, et écouter le bruit des vagues. Cela me manque de ne plus être près de la mer. Et mes loisirs, ce sont aussi mes bijoux.
Pour ces fêtes de fin d’années, qu’est-ce que vous avez prévu pour vos clients ?
Alors j’ai fait un petit jeu sur ma page Facebook (Créations 100% Isa). J’ai une âme d’enfants, j’adore la magie de Noël, donc sur mon site, vous avez le calendrier de l’avent. Donc avec le calendrier de l’avent, tous les jours, soit il y a une promotion, soit il y a un cadeau à emporter. Aujourd’hui (13 decembre 2014) c’était deux bagues, j’ai mis leurs photos sur le site et deux secondes après, une personne a écrit « je le veux » et elle a gagné les bagues.
Que souhaitez-vous que le gouvernement ivoirien fasse pour le monde de la Culture, surtout de l’Art ?
Il faut les aider pour qu’ils puissent avoir leurs matières premières assez facilement, parce ce que nous ne trouvons pas tous sur la Côte d’Ivoire et qu’ils puissent aussi utiliser ce qu’il trouve dans ce pays. Et il faut exporter l’art ivoirien. Et cela coûte très chère d’exporter ici. Au moins deux fois par an, soit pendant les fêtes ou les vacances. Trouvez un lieu dans une grande ville qui pourrait accueillir différents arts ivoirien. Mais pas seulement en Afrique, sortir du continent.
Comment vous trouvez la Côte d’Ivoire ?
Moi je trouve que la Côte d’Ivoire depuis 2 ans et demi a énormément changée, évoluée. Quand je suis arrivée il y a 2 ans de ma petite île de Polynésie, je suis arrivée seule avec mes enfants, mon mari n’était pas encore là et où j’habite il y avait énormément de camions de l’ONU, des gens armés. C’est vrai que cela ne m’a pas fait peur mais m’a un peu inquiété. Maintenant tout cela est terminé. Nous nous sentons bien ici. Moi je sais que je me balade en ville sans problème et je trouve que les ivoiriens sont très accueillants. C’est un pays qui est en émergence. Juste au Plateau (centre des affaires d’Abidjan) là où je réside, nous pouvons voir ce que fait le maire pour embellir son quartier. Beaucoup de réalisations ont lieu, les routes, les infrastructures. Ce n’est peut-être pas évident, mais après dans quelques années, on sera content de tout cela.
Un mot de fin, pour nos lecteurs !
J’espère que cela vous a permis de me connaître. Vous allez pouvoir connaître ma page Facebook, je pourrai vous retrouvez soit chez moi, soit à une exposition. Je vous souhaite de bonnes fêtes de fin d’année.
Interview réalisée par Nadège Aya, depuis Abidjan