Les fantasmagories de la mort nous renvoient sans discontinuer toutes leurs facettes patentées. Elles viennent à l’allure d’abeilles dévoreuses au cœur de la cité pour arracher les ramures de l’arbre protecteur. L’artiste, vient d’entamer les marches sinueuses rythmant le chant funeste de la demeure éternelle. Nul ne peut croire même si elle est fatale, à la fatalité de l’existence. Celui qui vient de traverser les rivages de l’autre monde, est une étoile qui brillait de mille feux sur l’univers du Rap dont il tira son nom du Dieu du Swing. Mais avant tout, il était une étoile dans un ciel dépourvu de nuages de par sa vision de la vie. Et comme toute étoile qui a brillé de luminosité étoilée, dominant les scènes musicales Ivoiriennes du haut de ses 1m 80, l’artiste laisse en nos cœurs la flamme de sa vision de la vie, au travers de la flamme de son aura. Il est une étoile filante qui traversa le ciel à vive allure pour le marquer de ses empreintes. Un passage bref, mais rempli des merveilles de la vie au travers des chants desquelles, il nous montrait le côté sublime et attrayant de la vie. Il avait choisi le Rap engagé pour ne pas trahir ses origines, balayant les aléas de l’existence sur les murs de la souffrance pour y extraire de la poéticité esthétique afin de pleurer celles et ceux qui, n’avaient plus de larmes parce que séchées par les agressions sociales.
Le Rap de Bawa Ange Maxime dit Almigthy né en 1973 à Adjamé était porteur de la réalité sociale pleurant et dépeignant la vie des quartiers populaires où tout le monde appartient au même univers, à la même famille. Une vie rejetée par une certaine classe sociale, mais à laquelle il a su donner le sens de la poésie, de l’amour pour regarder l’avenir avec espoir. Il avait épousé le côté philosophique de la vie dans une gamme aux tonalités mortifères avec un regard fixe puisant ses ressources dans les eaux de l’autre vie encensée.
La mort qui fait courir tant le monde, présentait pour lui un côté attrayant à telle enseigne qu’il la hissa au degré de l’élévation. C’est au travers de ses tétracordes qu’il livre son testament avec un brin d’humour mêlé à l’ironie. Quand il sera mort et parti que laissera-t-il à ses progénitures, s’interroge-t-il ? Les décorations à titre posthume qu’il n’a pas eues de son vivant, mais épinglées sur l’épaule de son cercueil, cependant que dans le silence bruyant des paroles étouffées par l’émotion, ses pauvres maîtresses, s’en iront chercher ailleurs! Quant à ses enfants, ils seront abandonnés au bon vouloir de la vie et sans boussole, ils seront livrés à eux-mêmes. Mieux vaut se suicider, sentir les sensations atroces de la mort à portée de main, tranche-t-il dans une tonalité radicale.
Le Rappeur retrouve ses voies par le prisme de sa voix en crachant au visage de celles et ceux qui, de son vivant, dans les bras assassins de l’existence, n’ont pas pu le secourir, lui venir en aide. Même parti de ce monde étant donné que l’on existe quelque part, il a su ressortir ce côté de beauté immaculée de la mort. Il aura compris la musique Rap dans sa pensée la plus profonde et intimiste permettant à ses pratiquants de lire avec une froideur incroyable l’avenir dans son entendement d’un autre monde dont nul ne doit avoir peur. La mort dont parle Almigthy, est une mort qu’il avait épousée en décrivant dans leurs profondeurs les reliefs de son corps. Elle est rendue câline sous le scratch lyrique de l’artiste en rentrant jusque dans sa demeure où il découvre çà et là les senteurs des terres sépulcrales dont il caresse au travers de sa verve poétique les traits de beauté. Il la rend tantôt brusque et atroce, tantôt douce en l’entrainant vers les auspices du suicide. Tout en acceptant la mort comme un fabuleux destin, n’empêche qu’il pleure les siens dans les cœurs desquels, son passage sur la terre ne restera point furtif. Il aura marqué avec amour la musique Rap en lui conférant une pelure douce sous laquelle son regard critique de la société le plaçait au-dessus du lot. En tant que pionnier, il a su débroussailler la voie pour faire rayonner les lumières de sa voix en ouvrant les voies à plusieurs jeunes mordus du Rap. Il aimait la vie et surtout ses scènes musicales flamboyantes. Comme un conseil de famille prémonitoire, les 7 et 8 novembre, il a réuni ses grands frère et jeunes du monde des arts et de la culture sur les terres de sa cité tant aimée d’Adjamé au cours d’un festival de Rap pour la détection des jeunes talents sans leur fredonner sa chanson prémonitoire sur la mort. Apparemment nul ne lisait sur son visage radieux les signes d’une quelconque maladie. L’avait-il cachée dans sa gibecière ? L’étoile s’est logée dans les reliques d’un ciel nuageux. Jamais nul ne la reverra. L’on s’attendait à tout, sauf à sa mort soudaine et traîtresse qu’il nous chante ici toute rayonnante avec un timbre vocal d’à propos. Auditrices et Auditeurs de Fréquence 2, Carrefour Weekend éploré, vous fait partager cette chanson prémonitoire sur les notes poignantes de l’Autre Face de la Mélodie.
Valen_guede@yahoo.fr .
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