Affi-aboisso

Bonjour chers camarades…

Je lis depuis quelques jours des accusations contre ma personne. Je vous mets ici l’intégralité de mon discours. Comme vous le verrez c’est une transcription d’un discours avec un français terre à terre.  Lisez et tirez en les conclusions. Merci et bonne lecture.

« J’ai effectué cette visite parce qu’il y a des urgences au niveau du parti. Et ces urgences vous les connaissez. Ce sont toutes ces rumeurs, toutes les informations qui vous parviennent et qui ne sont pas des informations rassurantes. Quand vous êtes dans une organisation et qu’il y a des accusations qui vous parviennent, des dénigrements émanant des responsables de la même organisation, ce ne sont pas de bonnes nouvelles. On ne peut pas dire que ce sont des nouvelles qui encouragent. Au contraire, ce sont des nouvelles qui peuvent inquiéter. Et quand c’est comme ça, vous qui êtes les premiers responsables, vous ne pouvez pas laisser les rumeurs continuer à courir. Vous ne pouvez pas laisser les rumeurs continuer à intoxiquer. Surtout quand c’est vous-même qui êtes interpellés par ces rumeurs, il faut aller sur le terrain pour apporter la bonne l’information ; afin que les militants puissent se faire une bonne opinion et adopter des positions pertinentes. Dans la vie, on ne peut avancer en ayant pour base des fausses rumeurs et prendre de bonnes décisions. Si vous décidez sur la base des informations qui ne sont pas fiables, qui ne sont pas justes, il y a des risques que vous vous trompez. La meilleure façon d’adopter des positions justes, c’est d’avoir les différents contours d’une information qui vous parvient ; c’est d’avoir plusieurs opinions sur une question, et pouvoir se faire soi-même une opinion qui ne soit pas fausse. C’est pourquoi je vous ai conviés à cette réunion, afin que nous sachions comment nous devons marcher. C’est cela la ligne de conduite d’un homme. Quels sont les repères ? Quelle est la philosophie qui guide la marche ? C’est ça la ligne d’un parti politique. C’est ça la ligne d’un homme.

Un homme peut dire : moi, je veux être un homme courtois, un homme aimable, un homme sérieux, un homme respecté. C’est ça sa ligne. Et dans le village, c’est comme ça qu’il marchera. On ne le connaîtra pas comme un homme bagarreur. On ne le connaîtra pas comme un homme coléreux. Donc voilà sa ligne.

Nous au FPI, depuis le début, à la fondation du parti, on a dit transition pacifique à la démocratie. C’est-à-dire : on ne va pas faire palabre, on ne va pas prendre fusil, on ne va pas faire la guerre pour arriver au pouvoir. On va faire la démocratie ; c’est-à-dire, on va avoir des idées. On va parler à la population. On va leur expliquer ce que nous voulons. On va aller au vote démocratiquement. Sans palabre, sans violence, les gens vont voter pour nous, pour qu’on arrive au pouvoir. C’est ce qu’on appelle la démocratie. Et cette ligne, on ne l’a pas changée. La ligne de la démocratie est une ligne de débat, c’est une ligne de dialogue politique. Il n’y a pas un pays qui fait la démocratie sans le dialogue. Le dialogue même va au-delà de la politique. Dans beaucoup de pays qui se disent démocratique, le dialogue est même social ; quand il y a un problème, n’importe quel problème, on dialogue. Problème entre les transporteurs et le gouvernement, on dialogue. Problème entre les fonctionnaires et le gouvernement, dialogue social. Et on règle les problèmes dans le dialogue. On fait des concessions. Dialogue, ça veut dire qu’on se rapproche. L’un à une position de dix mètres, l’autre de l’autre côté, on discute, on discute. On laisse tomber les revendications et on trouve un compromis. Le gouvernement a fait quatre mètres de concessions, l’autre qui est en face a fait six mètres et puis on s’est rencontré sur un point. Mais quand on se rencontre, le point sur lequel on s’est rencontré, ce n’est pas le même point d’où on est parti. On était à dix mètres l’un de l’autre. Maintenant, on se retrouve à quatre mètres. On voit que quatre mètres-là, c’est déjà bon, donc on prend ça comme ça. Et puis le reste, on va voir. C’est ça le dialogue. La négociation, c’est le compromis. Et c’est ce qu’on a fait jusqu’à présent. C’est ce qu’on a fait pour arriver au pouvoir en 2000. Même quand il y a eu la crise, c’est ce qu’on a fait. Le dialogue »

Questions :

• J’aimerais vous posez une question camarade président. Est-ce que vous serez candidat à la présidence du Fpi ? Deuxièmement, j’ai lu dans les journaux que vous avez tenu des propos en disant que l’ère de Gbagbo est passée, passons à autre chose. Camarade président avez-vous vraiment tenu ces propos ?

• Le 11 décembre prochain, on ira au congrès. J’ai appris par voie de presse que le président Gbagbo est candidat. Je voudrais savoir si le camarade président sera aussi candidat ?

Réponses :

Moi, quand je suis sorti de prison, ma première préoccupation a été la libération de tous les autres prisonniers politiques et le retour des exilés pour qu’on travaille en synergie. Qu’on ne tire pas dans tous les sens. Que nos initiatives ne s’entrechoquent pas. Pour que nos actions ne soient pas dispersées. C’est pourquoi, j’ai créé la vice-présidence chargée de coordonner les actions pour la libération du président Laurent Gbagbo. Parce que, il faut qu’on regarde dans la même direction, et qu’on agisse dans le même sens. Aujourd’hui, quand on écoute Bensouda ; quand on écoute tous ceux qui sont dans le dossier du président, on doit tirer les mêmes conclusions. Ça fait sept fois qu’on demande la mise en liberté provisoire du président Gbagbo et les gens refusent. Nous qui sommes dehors-là, c’est notre comportement que Bensouda utilise pour dire qu’il ne faut pas qu’on libère Gbagbo. Même là, ils y a des gens qui veulent que Gbagbo soit le candidat pour la présidence du Fpi, tout ça les gens utilisent contre lui. Quel est le résultat ? Le résultat, c’est qu’ils refusent que Gbagbo soit libéré. Donc nous même-là, on doit se poser des questions à savoir si ce qu’on fait-là, si les gens utilisent ça pour ne pas que Gbagbo soit libéré, est-ce qu’on ne doit pas changer notre façon de faire ? On va à gauche et on ne libère pas Gbagbo, et les gens nous disent tant que vous allez à gauche, on ne va pas libérer Gbagbo. Ils nous le disent, dans leur bouche. Et puis il y en a qui disent, c’est là-bas, on va aller. Les gens vous disent clairement, on ne va pas libérer Gbagbo parce que, parce que… Et nous on est ici, on dit parce que, parce que…, c’est ça on va faire. Et ceux qui disent ça, ils disent c’est pour qu’on libère Gbagbo. Ils posent des actions qui servent d’arguments à récuser la libération de Gbagbo. Et moi, je me pose la question de savoir ce que nous voulons réellement ? Et quand tu vois la réaction de certains, tu te poses la question de savoir est-ce qu’on vise le même objectif ? Est-ce que nous voulons vraiment la libération du président Gbagbo ? Est-ce que nous voulons vraiment que le Fpi s’en sorte ? Parce qu’on a le sentiment qu’on pose des actes pour nous enfoncer, pour ne pas avancer.

Le comité de contrôle a publié un document pour nous inviter tous si nous sommes candidats ou pas à nous prononcer. Restez donc à l’écoute du comité de contrôle qui vous dira qui est candidat ou qui ne l’est pas.

Moi je dis des choses pour faire avancer le Parti. Les questions inutiles ou les questions qui ne sont pas encore posées et puis on cherche à apporter des réponses, je ne suis pas dedans. Quand une question n’est pas posée, je n’essaie pas d’y répondre. Quand une question ne me fait pas avancer, je ne cherche pas à spéculer là-dessus. Que l’ère de Gbagbo soit passée ou pas, spéculer là-dessus, ne me fait pas avancer. Que l’ère de quelqu’un soit passé ou pas, ce n’est pas un individu qui décide. C’est son propre parcours et c’est l’histoire. Nous savons tous ce que Gbagbo a fait et nous savons tous ce qu’il continue de faire. Même à la Haye, lui, il continue de mener son combat. Lui, il continue de mener sa lutte. Et nous, nous devons aussi mener notre part de lutte par rapport même à la Haye. L’objectif étant qu’il soit libéré. Ça fait partie de la lutte du Fpi. Et ça doit faire partie de la lutte du président du Fpi. Donc le président du Fpi, avec l’instrument qui est entre ses mains, qui est le Fpi, comment il lutte avec le Fpi, pour que Gbagbo soit libéré voilà ma préoccupation. Or quand je regarde le dossier, quand je regarde les acteurs, les arguments que les gens développent pour demander que Gbagbo reste en prison, pour justifier l’incarcération de Gbagbo, je constate que les gens ont mis Gbagbo en prison parce qu’ils considèrent qu’il n’est pas un homme de paix ; qu’il est un homme violent ; qu’il est un homme dangereux. C’est pour toutes ces raisons qu’ils l’ont attrapé pour le mettre en prison.

Par rapport à ce dont on accuse Gbgagbo, moi je dois démontrer que Gbagbo est un homme de paix ; que Gbagbo est un démocrate ; que le Fpi est un parti démocratique ; qui a pour ligne le dialogue, la négociation, la transition pacifique à la démocratie. Et que tout ce que nos adversaires racontent sur nous là, c’est faux. C’est la première chose que j’essaie de démontrer. Vous voyez bien que chaque fois que je fais ça, l’avocat de Gbagbo utilise ça pour le défendre. En Juin 2014, c’est sur l’action du Fpi, sur la posture du Fpi que, Me Altit s’est appuyé pour dire que le Fpi est dans le jeu politique ; qu’il discute avec le gouvernement ; qu’il est reçu par toutes les représentations diplomatiques ; qu’il parle de réconciliation ; que le président du parti même parle des Etats Généraux de la République ; qu’il dit que si Gbagbo sort de prison, le processus de réconciliation va être renforcé. Donc libérez Gbagbo ; n’ayez pas peur de lui.

Le procureur dit que Gbagbo est dangereux ; il a des partisans qui sont dehors ; ils font des réunions à Accra ; ils complotent contre le régime ; ils font des cotisations ; ils cherchent même à recruter des mercenaires ; ils sont dangereux. Le procureur ajoute que si vous libérez Gbagbo, la guerre va reprendre en Côte d’Ivoire ; si vous libérez Gbagbo, ses partisans là, vont le cacher ; si vous libérez Gbagbo, il va aller intimider tous les témoins ; quand le procès va commencer, ils ne vont pas venir témoigner, etc…

Nous, on ne peut démontrer le contraire si on est dans une logique de l’affrontement ; si chaque jour on démontre que, ce que le procureur dit-là, c’est vrai ; si on pose des actes qui montrent à la cour là-bas que tout ce que dit Bensouda est vrai. Pourquoi voulez-vous qu’on libère Gbagbo ? Elle-même, elle va dire, je ne vous ai pas dit ? On dit, hier ils ont organisé une marche, il y a eu des morts ; hier ils ont brûlé deux bus à tel endroit ; on dit il y a eu un affrontement avec les militants du Rdr, etc.

C’est à nous de savoir si nous devons être comme le procureur nous décrit ou pas. Mais, je me dois de vous dire qu’au-delà de tout ce qu’on raconte, l’une des vérités fondamentale, c’est que, au Fpi là, nous sommes aussi dans des luttes de positionnements. Il faut que vous le sachiez. Je le dis parce que c’est tout à fait normal. Et c’est pourquoi je dis que le congrès à venir est très important. Parce que c’est un congrès qui va nous permettre de couper les liens avec un certain nombre de pesanteurs, et de créer un parti moderne. C’est un processus de modernisation que nous allons engager.