La question trotte depuis longtemps dans la tête des militants et sympathisants du parti socialiste ivoirien fondé par Laurent Gbagbo. Qu’arrive-t-il au FPI et où va ce parti qui porte l’espoir de tout un peuple martyrisé et désorienté? La grave crise dans laquelle continue de patauger le FPI ne laisse personne indifférent. Dans les bureaux ou dans les salons, chacun y va à sa manière tandis que sur les réseaux sociaux les débats font rage.
Si les partisans du président Pascal Affi N’Guessan développent des arguments qui commencent à être mieux compris, en face d’eux les frondeurs continuent de rester assez vagues sur leurs vraies intentions et leurs motivations. Qui sera véritablement leur candidat à la présidence du FPI au prochain Congrès? Ont-ils un plan B si la candidature de Laurent Gbagbo dont ils font leur cheval de bataille ne passait pas pour tout ce que l’on sait?
Car en réalité proposer Laurent Gbagbo posera d’insolubles problèmes de procédure. Laurent Gbagbo ne sera pas là pour donner son avis s’il est proposé, car si l’on peut proposer quelqu’un à un poste, il est absolument nécessaire que l’intéressé dise clairement si oui ou non il accepte. Par quelle alchimie obtiendrait-on alors l’avis de l’ex-président ivoirien? Est-ce son Porte-parole qui se prononcera? Absolument impossible dans une telle situation et dans un tel contexte.
Ensuite une telle proposition comportera aussi d’énormes risques. La Procureure de la CPI a toujours accusé Laurent Gbagbo d’être trop populaire, d’avoir plusieurs réseaux et pour cela d’être capable de fuir si on lui accordait la liberté provisoire. L’entêtement des frondeurs de lui confier la présidence du FPI pourrait donc constituer la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Car un Laurent Gbagbo en prison à la CPI et président du FPI serait désormais responsable de tout dérapage qui pourrait être attribué au parti dans l’arène politique en Côte D’Ivoire. Les adversaires d’Affi feraient ainsi preuve d’une incroyable cécité politique en ne voyant pas qu’il serait très facile au régime Ouattara de provoquer des incidents ici et là pour les mettre directement au compte du FPI et chercher à alourdir le dossier pénal contre Laurent Gbagbo.
S’ils sont si actifs dans la fronde et dans la défiance, les adversaires d’Affi devraient avoir le courage de l’affronter eux-mêmes au lieu de faire planer un grand danger sur le sort de Laurent Gbagbo. Quand on commence, il faut avoir le courage de terminer. L’idée de présenter la candidature de Laurent Gbagbo reste une idée très mal inspirée, donc une grave erreur. Elle doit être abandonnée si elle ne l’est déjà.
Que s’ouvre donc ce Congrès et que se mettent en lice les candidats pour une élection transparente et démocratique. Que se termine cette élection tant attendue pour permettre au parti de se pencher sur les vrais problèmes qui attendent. Car n’oublions pas que pendant que nous discutons, nos adversaires et nos ennemis peaufinent leurs plans diaboliques pour en finir une fois pour toutes avec nous. C’est cela aussi la réalité.
Pascal Anicet Gervais INAI
University of Education, Winneba
Central Region, GHANA.
WEST AFRICA