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C’est le béninois Olympe Bhêly-Quenum qui a écrit en 1960, le célèbre roman intitulé “Un piège sans fin”. Plusieurs décennies après cette œuvre majeure, le piège continue, même s’il change parfois de forme et d’aspect.

Très souvent, je me dis que Senghor avait vu juste en disant que “l’émotion est nègre, la raison hellène”. Pour Senghor toutes les créations et les actions des Noirs prennent leur source dans l’émotion tandis que chez les Grecs, les Occidentaux en général, tout fonctionne sur la base de la raison. Nous le comprenons mieux aujourd’hui.

En prenant Laurent Gbagbo vivant, l’Armée française a certainement été empêchée par Dieu de le tuer ou de le faire torturer et tuer par les rebelles sanginaires de Ouattara et Soro qui n’attendaient que ça pour nous faire voir des images pires que celles des scènes de la mise à mort de Samuel Doé au Libéria. Mais les soldats français de la Force Licorne qui ont intensément bombardé la résidence présidentielle avant de lancer l’assaut terrestre et de capturer le président appliquaient aussi une stratégie qui s’est aujourd’hui avérée très payante pour eux.

Ils ont pris et emmené Laurent Gbagbo vivant parce que vivant il leur était plus utile pour prendre le peuple ivoirien et africain en otage en même temps et pour longtemps. Aujourd’hui, on voit bien que ce piège a fonctionné à la perfection. « Gbagbo ou Rien » en est une parfaite illustration. Comme le souhaitent la France et les puissances impérialistes qui ont attaqué et détruit notre pays pour barrer la route au programme de Refondation, les adversaires du président Affi veulent qu’on boude tout, qu’on croise les bras et qu’on arrête tout tant que Gbagbo n’est pas libéré. Les Blancs s’y attendaient. Ils savaient que vu sa grande popularité et son charisme, l’arrestation du président Laurent Gbagbo allait créer une terrible onde de choc qui allait profondément traumatiser et paralyser tout le peuple pour leur permettre de voler tranquillement les richesses du pays avec l’aide du régime Ouatttara.

Et tant que nous refuserons de bouger et d’agir comme un vrai parti politique, d’entrer dans le jeu politique et de chercher à reconquérir dans les urnes le pouvoir d’état que nous avons perdu par les armes, tant que nous continuerons de pleurer sur notre sort, sur le sort de notre président et de notre pays, tant que nous refuserons de sécher nos larmes, de serrer nos poings et de nous battre pour sauver le présent et l’avenir sans jamais oublier ce qui s’est passé, le piège des Blancs continuera de fonctionner pour notre malheur et restera sans fin. Quand comprendrons-nous donc qu’il faut nous remobiliser, arrêter nos sanglots et maîtriser nos émotions pour mettre fin au piège de l’exploitation et de la déshumanisation?

Océane Yacé, Politologue, Monte-Carlo

(Monaco)