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L’inter, Mercredi 1er Octobre 2014 | Alors qu’il s’attendait à un mandat d’arrêt international, Hama Amadou, l’ex-président du parlement nigérien, est plutôt recherché par la justice de son pays dans le cadre de l’affaire de ”bébés importés”. Cette décision contraint, de facto, le plus sérieux adversaire du chef de l’État à la prochaine présidentielle à rester hors du pays. 

Après avoir quitté le Niger le 27 août dernier pour le Burkina, avant de rallier la France via la Belgique, le président de l’Assemblée nationale avait lui-même émis un souhait: qu’un mandat d’arrêt international soit émis contre lui. Répondant en effet aux journalistes qui lui demandaient s’il ne craignait pas un mandat d’arrêt international, Hama Amadou a déclaré que ce sera plutôt une occasion pour que la France où il s’est réfugié, se saisisse du dossier. Pour lui, la justice française aura ainsi l’occasion de découvrir qu’un complot politique se cache derrière cette affaire de ”bébés importés”. Hama Amadou qui fait certainement peu confiance à la justice de son pays, se voit ainsi contraint à exil. Mais à un an du prochain scrutin présidentiel, il est clair qu’il ne sera pas de la course. L’adversaire le plus redouté de Mahamadou Issoufou étant maintenu hors du pays, la route d’un second mandat pour l’actuel président nigérien est donc largement ouverte. Mais, le pouvoir nigérien réfute la thèse du complot dans ce qui arrive à l’ex- président du parlement. Hama Amadou devait, selon lui, répondre des faits de ”supposition d’enfant”, un délit qui consiste à attribuer la maternité d’un enfant à une femme qui ne l’a pas mis au monde. Depuis bientôt trois mois que l’affaire a éclaté, l’une des épouses de l’opposant croupit en prison avec plus d’une quinzaine d’autres personnes, dont le ministre de l’Agriculture, M. Abdou Labo. Peut-on se fier à l’argument du régime en place à Niamey? La rapidité avec laquelle les événements se sont déroulés, en particulier la célérité dont a fait preuve le parlement pour lever l’ immunité de son président, ne pouvait que laisser penser à une volonté manifeste de mettre le grappin sur cet ancien allié du pouvoir passé depuis quelques mois dans le camp de l’opposition. L’ex- président de l’Assemblée nationale a-t-il été bien inspiré en fuyant son pays? En quittant précipitamment le Niger, le jour même où la décision de le livrer à la justice a été prise, l’opposant s’est laissé prendre au piège du pouvoir qui aura beau jeu de clamer que c’est M. Amadou lui-même qui s’est soustrait de la course à la magistrature, en s’exilant volontairement.

Charles d’Almeida