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Affi Nguessan est en mauvaise posture s’il n’est pas sur la sellette à l’orée du congrès extraordinaire du FPI prévu le 12 et 13 décembre 2014.

Le Front Populaire Ivoirien est à la croisée des chemins. Après la perte du pouvoir dans des conditions calamiteuses, le parti fondé par Laurent Gbagbo est en proie à des secousses dignes de toute organisation dont on ôte le leader charismatique. Les problèmes internes qui ont surgi ces derniers temps ont amené les dirigeants de ce parti à décider de la tenue d’un congrès extraordinaire susceptible de recadrer la ligne idéologique et la démarche de ce parti dans le microcosme politique actuel. Plusieurs cadres reprochent à Affi Nguessan, sa gestion jugée unilatérale des affaires du Front Populaire Ivoirien. C’est donc une question de gouvernance politique qui se pose en ce moment à la direction du parti leader de l’opposition ivoirienne. Et ce type de question ne peut être réglé qu’uniquement par le congrès qui est l’instance suprême du parti. Affi Nguessan aura donc à s’expliquer sur sa gestion, notamment en matière de management des ressources humaines et la démarche politique qu’il a adoptée vis-à-vis du pouvoir Ouattara. A ce niveau aussi, le Front Populaire Ivoirien ne semble pas accorder ses violons. La stratégie adoptée par Affi Nguessan à l’endroit du pouvoir Ouattara, dans le cadre du dialogue politique, laisse certains membres du secrétariat général perplexes. Et ces derniers semblent ragaillardis avec le choix de Youssouf Bakayoko à la tête de la Commission Electorale Indépendante. Une décision qui les conforte dans leur position qu’Alassane Ouattara n’est pas prêt à faire des concessions politiques et que par conséquent, il ne faut pas transiger avec lui. Au moindre des cas, et si Affi Nguessan arrivait à être minoritaire sur cette question, il pourrait écoper d’un avertissement ou d’un blâme. Cependant, au pire des cas et vu l’ampleur de la crise, qui se présente aussi comme une crise de confiance, les congressistes pourraient réclamer l’élection d’un nouveau président du parti. Et à ce niveau, Affi Nguessan devra jauger sa côte de popularité au sein de son parti. Lors d’une récente interview accordée au quotidien Notre Voie, Affi Nguessan a clairement laissé entendre qu’il est serein et que seul le congrès déterminera la majorité en ce qui concerne les grandes questions de l’heure. Mais la réalité du Front Populaire Ivoirien aujourd’hui, c’est que l’on assiste à la mise en exergue des divergences internes. Des palabres et autres guerres de clochers qui étaient demeurés dans une situation de latence en raison de la guerre imposée à la Côte d’Ivoire et que le Front Populaire Ivoirien, en tant que parti au pouvoir en son temps, se devait de gérer. Maintenant que le pouvoir est perdu à l’issue d’une décennie de crise militaro-politique et que le grand leader qui faisait ombrage et qui jouissait d’une forte aura et d’une légitimité historique indéniable est absent de la scène politique, les appétits s’aiguisent pour convoiter la place de Pascal Affi Nguessan dont la longévité à la tête de cette formation est justement due à la situation de crise évoquée plus haut. Tous les regards sont donc rivés vers les frontistes qui, par la gestion de ce congrès, détermineront en même temps, l’avenir de ce parti resté ‘’orphelin’’ après la déportation de son père-inspirateur Laurent Gbagbo.

Hervé Gobou

rvgobou@yahoo.fr