dapleystone

Triste début de journée que celui-là. De voix ayant perdu la tonalité, Ange Cédric Dapley, fils de Dapley Stone, m’annonce au bout du fil le décès de son père Dapley Stone. Il est 07 heures en ce lundi 09 septembre 2014, lorsque tombe sur ma tête cette douloureuse et triste nouvelle. Une fois encore la mort vient de frapper de main traîtresse le monde de la culture et des arts dont Dapley Stone était un des fils. Un digne représentant qui très tôt, embrassa dans la fleur de l’âge le métier difficile de la chanson. Après avoir appris les rudiments de l’art oral, Dapley Stone suit à travers toute la Côte d’Ivoire, celui qu’il admirait sans borne comme artiste-chanteur: François Lougah. Le Papa national le met sous sa protection et des chœurs qu’il tenait dans sa formation musicale, il devient la deuxième voix. Comme François Lougah, Dapley Stone devient un des meilleurs interprètes et compositeurs des slows. Avec son timbre vocal langoureux, il emballe toute la Côte d’Ivoire à travers Indépendance, Kouilou et enfin Robert Diho des slows d’anthologie dans le répertoire Ivoirien de ce genre. De son nom à l’état civil Gohiansouo Etienne, Dalpey Stone est né le 4 janvier 1957 à Krozialé dans le département de Danané. Artiste prolixe, au cours de sa vie, il compose des phonogrammes de grande valeur musicale : 1979 (Indépendance) 1982 (Zino) 1983 (Kouilou) 1987 (Gblalou) 1995 (l’Adieu à Houphouët) 1996 (Hommage à Koffi Gadeau, 50 ans du PDCI). Avant tout, Dapley Stone était un homme de scènes qu’il partagea avec les plus grande voix féminines et masculines que compte la Côte d’Ivoire. Il plaisait à admirer sur scène et par son jeu de micro qu’il balançait sous un regard scintillant, il distillait des notes musicales avec attrait. Il ne dansait pas sur scène, mais faisait danser la scène. Il la faisait vibrer pour la rendre esthétique à tous point de vue. Car, il la maitrisait de par sa longue pratique de la musique. Il était une de valeurs sûres de sa génération et par voie de conséquence toutes ses œuvres marquèrent la conscience collective. Sa musique n’avait pas de limite géographique car, il chantait avec une facilité déconcertante en toute langue : Yacouba sa langue d’origine, en Bété etc., sans oublier le Français. Par dessus tout, Dapley Stone a su avec doigté unifier la Côte d’Ivoire en resserrant les liens de solidarité entre toutes les communautés. Il aura écrit à sa façon une partie de l’histoire de son pays qu’il a tant aimé et ce n’est pas sa chanson Indépendance qui dira le contraire à travers les notes de laquelle il a sublimé le père de la Côte d’Ivoire moderne, feu Félix Houphouët Boigny. L’artiste a participé à sa manière à la construction de la Côte d’Ivoire, ce pays qu’il a magnifié sans omettre les plus grandes figures qui l’ont marqué. Dapley vient de regagner très tôt le souterrain pays là où l’on va sans retour. Néanmoins, toutes ses œuvres ne seront pas enfouies à ses côtés. Elles restent au travers des artères de la mémoire collective. Elles appartiennent au patrimoine de la Côte d’Ivoire. Pour lui rendre l’hommage qu’il mérite, toute la Côte d’Ivoire se doit de se mobiliser. En attendant, je salue la mémoire de l’ami, du frère à travers un Wuigogo, rituel funéraire musical dont les notes balaient les ruelles du souterrain pour accueillir la sœur ou le frère qui aura marqué son existence durant la vie de la communauté. Gohiansouo Etienne dit Dapley Stone l’a fait de façon significative pour la Côte d’Ivoire, ses habitants et certaines de ses figures emblématiques. A lui je fredonne transi d’amertume ce Wuigogo. Salut l’ami, le frère… l’Artiste !

Valen Guédé
Valen_guede@yahoo.fr