Depuis quelques mois et avec une intensité inquiétante, le débat entretenu auprès des différentes couches de populations tourne autour de la nationalité de certains hommes politiques.
Cette situation abjecte et dangereuse est sans rappeler les problématiques du « repli identitaire au Gabon» qui avait atteint son apogée en 2009 avec le fameux « Tout sauf les fang » et « l’ivoirité » d’Henri Konan Bedié qui, par fautes d’arguments politiques solides face à ses adversaires plus consistants, s’était autorisé à mettre en place un concept qui avait plongé la Côte d’Ivoire dans une guerre inutile. Tel un cancer, ces concepts idiots rongent tout doucement la partie d’humanité et de raison qui permet à l’homme d’agir en personne responsable et réfléchie.
Avec les ambitions politiques de Jean Ping de moins en moins voilées, la question de la « nationalité » semble être posée de manière vicieuse et visqueuse par une certaine presse. Ce qui est parfaitement regrettable pour l’image et la communication du chef de l’Etat car, cette « presse de propagande» sinon « d’intoxication » est lue et appréciée à sa juste valeur par les différentes représentations diplomatiques résidant dans notre pays.
Il est évident qu’à la lecture de telles insanités, des rapports diplomatiques froids sont envoyés dans les pays respectifs par leurs représentants où ils mesurent très précisément le degré de dangerosité dans lequel le pays est plongé et le risque d’explosion possible avant, pendant ou après les élections, surtout en ce qui concerne la présidentielle à venir. A ce « jeu malsain » orchestré par des inconscients, c’est Ali Bongo qui pourrait trinquer. Et ce d’autant plus qu’en 2009, son acte de naissance joint au dossier de candidature en vue de l’élection présidentielle anticipée pourrait, pour les esprits très rigoureux, constitué un véritable casus belli au cas où la force publique viendrait à remettre en cause la nationalité voire l’éligibilité de candidatures métissées non anticonstitutionnelles.
Dans la question de l’acte de naissance d’Ali Bongo publié en 2009, il faut déjà souligner de manière très claire le caractère négligeant de ce dernier mais surtout le manque de vigilance voire même de sérieux de l’individu à qui était revenu la charge de cette petite mission. N’avoir pas perçu les incohérences grossières qui ont été alignées sur le document fourni au point de lui donner un caractère « faux » relève tout simplement de la bêtise et de l’amateurisme.
Puis, on peut également indexer le caractère dépassé ou ringard qui voudrait que pour ce type d’opération, citons l’élaboration d’une certaine forme d’acte de naissance, ce fusse la mairie du premier arrondissement qui soit l’unique reproductrice. L’administration ne peut continuer à fonctionner de cette manière. Les élus municipaux en charge de ces questions devraient tous être égaux.
Par conséquent, être capable de réaliser les mêmes opérations d’état civil en toute honnêteté et responsabilité.
Enfin, qui peut faire croire à l’opinion publique qu’Ali Bongo n’avait pas d’acte de naissance ? Et pourquoi a-t-il eu besoin de se faire établir un acte de naissance ?
A ces questions posées, ce sont les services de communication de la présidence de la République qui auraient dû y répondre afin de clore ce débat inopportun depuis longtemps en affirmant qu’Ali Bongo Ondimba avait bel et bien un acte de naissance conforme à son ancienne identité qui est « Alain Bernard Bongo ». C’est d’ailleurs avec l’acte de naissance portant ce nom qu’il a pu réaliser toutes ses pièces administratives (passeports, cartes d’identité,…) et qu’il a pu s’inscrire dans ses différents établissements scolaires et universitaires en France comme aux Etats-Unis où la rigueur administrative n’est pas négligeable.
Musulman devenu, il lui fallait engager toute la procédure administrative pour que désormais, il puisse figurer sur son acte de naissance sa nouvelle identité qui est « Ali Bongo Ondimba ». Mais hélas, bien qu’ayant déjà été confronté à cette situation problématique lors d’une de ses élections, certes moins spectaculaire pour l’opinion publique, Ali Bongo n’a pas retenu la leçon. Et voici qu’aujourd’hui, il se trouve confronté à une situation où c’est son image qui en prend abusivement et inutilement pour son matricule.
Disons aussi que l’opposition gabonaise ne devrait pas dormir sur ce fait regrettable pour en faire un argument voire un programme politique face au bilan du chef de l’Etat qui mérite plus d’attention et de jugement objectifs.
Aussi, il revient d’expliquer aux Gabonais l’importance d’un acte de naissance.
C’est un document juridique attestant de la naissance d’une personne. Une copie de cet acte est souvent nécessaire lors de démarches administratives, telles que le mariage civil ou l’établissement du passeport. C’est un acte authentique signé par un officier d’Etat civil.
Autrement dit, un acte de naissance est une copie du registre d’état civil tenu par les mairies. Il permet de prouver l’identité de la personne concernée, sa date de naissance, son lieu de naissance et sa filiation. Il est demandé lors de l’établissement de documents administratifs (acte de notaire, carte d’identité, passeport, mariage, certificat de nationalité, etc).
En principe, la demande d’acte de naissance doit être remplie par un adulte majeur. Pour en faire la demande il faut être: (1) le titulaire de l’acte ou le conjoint ; (2) un ascendant (père/mère, grand-père/grand-mère), (3) un descendant (fils/fille), (4) un héritier (frère/sœur ou sans lien de parenté), (5) une personne habilitée (représentant légal, avocat ou notaire mandaté par leur client, procureur de la République, autre).
C’est dire que si Ali Bongo avait lui-même engagé cette demande, certainement il aurait pu éviter ces erreurs pouvant devenir une faute si la presse aux ordres du désordre et de la guerre en puissance n’arrête pas leur mission peu recommandable. Surtout que dans cette stratégie de communication aveuglante, elle crée des Gabonais de seconde zone. N’aidant pas à l’intégration, tous les Gabonais dits d’adoption.
Par Télesphore Obame Ngomo
Source : Le Verbe de Ngomo – 04 juin 2014