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‘’Tourner le dos aux discours haineux qui veulent qu’on se batte… le temps de la guerre est terminé, chaque chose en son temps et nous sommes dans le temps de la paix…Faites un effort pour que nous allions vers cette réconciliation qui va cimenter la nation. Marchons la tête haute vers la Côte d’Ivoire de la vraie fraternité ». Ces propos sont de Soro Guillaume, Président de l’Assemblée Nationale (PAN). Il les a tenus, le samedi 10 mai 2014 à Sikensi, au sud du département de Tiassalé, dans le cadre de la première journée de la tournée qu’il effectue dans l’Agnéby-Tiassa. En tout cas, pour cette première étape, il a été donné d’observer une mobilisation si exceptionnelle que le meeting prévu pour 15h, s’est déroulé à 11h soit quatre heures plus tôt. Les populations sont sorties même des hameaux les plus reculés pour vivre l’événement et écouter l’adresse du numéro un de l’hémicycle ivoirien. Devant cette marée humaine, le député de Ferké a, dans un style de communication qui rappelle l’ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo, appelé les populations à s’unir et surtout à accompagner le Recensement général de la population et de l’habitat (Rgph). Car, à l’en croire, le peuple se laisse distraire par ‘’des individus nostalgiques’’ qui ont trouvé le credo d’appeler au boycott de l’opération. Il a notamment pointé un doigt accusateur sur la direction du Front populaire ivoirien (Fpi, le principal parti de l’opposition). « Le président Alassane Ouattara est un bâtisseur infatigable. Les chantiers qu’il a ouverts sont palpables. Il m’a confié qu’il travaille sans relâche au développement de la Côte d’Ivoire. Je vous apporte cette nouvelle ; ne vous laissez donc pas distraire. N’écoutez plus ces affabulateurs qui font des discours, et qui promettent sans pouvoir réaliser. Mais écoutez plutôt ceux qui réalisent ce qu’ils promettent. Laissez la politique, ne faites pas la politique politicienne », a-t-il déclaré. Selon lui, aucun grand homme politique en Côte d’Ivoire n’a jamais rien apporté véritablement au peuple. « Vous dites, moi je suis Laurent Gbagbo, moi je suis Henri Konan Bédié, moi je suis Alassane Ouattara. Ça vous a apporté quoi ? », s’est-il interrogé, avant de rappeler aux populations de Sikensi le bien fondé du Rgph cette année. « Ils vont au village pour dire aux populations de ne pas se faire recenser. Mais le recensement, c’est de la statistique ! Si tu n’es pas recensé, c’est ton problème, la Côte d’Ivoire ne va pas s’arrêter. La Côte d’Ivoire va avancer. Il y a des choses qui n’ont pas de sens », a asséné le chef du parlement. « C’est dans votre intérêt qu’il faut se faire recenser », a-t-il expliqué, assurant que « Alassane Ouattara ne sera pas président de la République à vie ». Aussi, a-t-il laissé entendre qu’il vaut mieux se projeter dans l’avenir plutôt que de tout bloquer à tout prix. « Arrêtez cette politique où il faut tout critiquer, même quand on travaille bien. Il faut que nous soyons honnêtes avec la République. Alassane Ouattara est président de la République, il faut que tous les Ivoiriens l’acceptent et le respectent dans sa fonction », a-t-il exhorté, critiquant certains opposants politiques. Selon Soro Guillaume, les cadres, les populations devraient commencer par s’unir pour devenir plus forts et pour développer le département de Sikensi. « Aimez-vous pour que Sikensi soit développé. Ce ne sera pas la faute du gouvernement si vous n’êtes pas développés parce que vous n’êtes pas unis. Le gouvernement n’ira pas là où il y a la mésentente », a soutenu le chef du Parlement ivoirien. Et le numéro 2 ivoirien d’annoncer que des lendemains heureux se profilent à l’horizon.

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Nomination par complaisance et mal gouvernance

Le chef du parlement a aussi fait un clin d’œil au président Alassane Ouattara en jetant des pierres dans son jardin, tirant à boulets rouges sur la mal gouvernance et les nominations jugées complaisantes sous son régime. Se gardant toutefois de citer nommément des personnes, Soro Guillaume a décrié le fait que des personnalités ne nomment seulement que leurs parents aux différents postes de responsabilité. A l’écouter, il faut revenir à la Côte d’Ivoire d’antan, où l’appartenance politique et/ou ethnique n’était pas mise en avant dans le choix des cadres. « Pourquoi veut-on diviser les Ivoiriens. Revenons à nos valeurs, à la Côte d’Ivoire que nous avons connue. Arrêtons les discours de la haine et de la division. Arrêtons de mentir aux Ivoiriens ; acceptons de construire ensemble la Côte d’Ivoire », a-t-il indiqué, avant de donner sa vision de la nouvelle Côte d’Ivoire. Pour le chef du Parlement, « nous voulons une Côte d’Ivoire où l’Abidji se sent bien à Diawala (son village natal) et où le Senoufo se sent chez lui à Sikensi ». « Dans ce pays là, on sait comment les gens font maintenant ; ils nomment leurs frères et leurs cousins », a déploré Soro Guillaume.Qui a surtout voulu donner l’exemple en présentant ses hommes de main, des personnes qui l’accompagnent dans sa lourde charge de président de l’Assemblée nationale mais qui ne sont pas de la même ethnie que lui. Ainsi, il a présenté les cadres de Sikensi qu’il a sous sa coupole. Mais aussi des personnes qu’il a côtoyées durant son parcours scolaire, universitaire et politique. Il a cité l’enseignant d’anglais Kadja Brazin qui l’a eu au moyen séminaire de Katiola, Akou Nathalie, son directeur de cabinet adjoint et plusieurs autres cadres de Sikensi.

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« Il faut qu’on prêche par l’exemple. Je veux vous montrer que nous voulons de cette Côte d’Ivoire d’union », a-t-il déclaré, notant que le chef de l’Etat s’est engagé à développer le pays. Selon lui, tout n’est pas encore parfait, toutefois, il a invité les populations à avoir confiance en Alassane Ouattara. « Du travail a été fait, on ne peut pas le nier », s’est-il réjoui. Faut-il le noter, le président Soro Guillaume est revenu sur l’étape de sa vie où il était à la tête de la rébellion ivoirienne. Non sans donner quelques explications et surtout faire une comparaison avec l’ancien président français Charles De Gaulle. Le patron des Forces nouvelles (Fn) a, en effet, relevé qu’il est fier d’avoir pris les armes. Et M. Soro de souligner que le terme ‘’rebelle’’ peut être pris sous plusieurs angles. « Le mot rebelle, je l’assume pleinement. Je ne suis pas de ceux qui se renient. Rebelle n’est pas rebelle, mais rebelle est rebelle », a-t-il ironisé, expliquant toutefois que le terme rebelle peut avoir un sens péjoratif mais aussi un autre sens plus noble. D’où la relation qu’il a faite entre son combat et celui du général De Gaulle. Selon lui, le leader français s’est rebellé à un moment donné de l’histoire de la France pour que son peuple soit libéré de l’oppresseur. De même, lui, Soro Guillaume, avait pris les armes parce que « la Côte d’Ivoire dérivait ». « Etre rebelle veut dire qu’on se lève contre un ordre anti-démocratique. Je n’ai pas voulu accepter l’injustice, l’iniquité en Côte d’Ivoire. C’est ce qui explique le 19 septembre 2002 », a affirmé Soro Guillaume devant le peuple de Sikensi.

2ème étape : Morokro et Gbolouville

Le dimanche 11 mai 2014, la deuxième journée de la tournée a conduit Soro et sa délégation successivement à Morokro et à Gbolouville. Là encore, les populations, à vélo, à moto ou en camion, ont bravé l’état scabreux de la route pour aller écouter le message du Pan. C’est à 10h15 que le bruit assourdissant de l’hélico transportant l’ancien Secrétaire général de la Fesci, s’est fait entendre. Puis, à 10h30, l’ancien Premier ministre ivoirien a fait son apparition sur la place réservée à la rencontre sous un standing- ovation bien nourri. Après les civilités, c’est à Effi Kakou Norbert, président des cadres de Morokro et président du comité d’organisation que l’honneur est revenu de présenter les préoccupations de ses concitoyens. Celles-ci se résument en trois points. L’épineux problème du manque d’eau potable, la voirie devant désenclaver la localité et permettre l’écoulement des produits agricoles que représentent le café, le cacao et le vivrier, sources de richesse des populations. Et enfin, le logement du sous- préfet. Effi a aussi réaffirmé la détermination de ses pairs à ne point faillir à leur devoir de réconciliation. Notons que pour bien faire les choses dans cette bourgade de mille cinq cents âmes, Soro a été fait fils et chef du village de Morokro. Surnommé nanan « Ta Moro II », le nouveau détenteur des us et coutumes du village a reçu ses attributs. Prenant à son tour la parole, le Pan qui s’est dit fils du village a rassuré les uns et les autres sur son engagement à trouver les solutions idoines aux préoccupations posées par ses hôtes, avant même le terme de ce périple. Il a expliqué à tous, le rôle du député. « Le rôle du député, du président de l’assemblée nationale et de tout élu, est d’aller s’imprégner de la réalité que vivent les électeurs. C’est en le faisant que nous pourrons voter des lois appropriées pour améliorer le quotidien de nos parents. Il n’est point question de rester désormais dans des bureaux huppés à Abidjan pour prétexter vivre ensemble avec nos parents paysans. », a-t-il craché. Commentant ses attributs de chef du village, l’ancien Secrétaire général des Forces nouvelles a argué qu’un tel acte est le signe patent d’une Côte d’ivoire unifiée, réconciliée, d’intégration où nulle discrimination n’a sa place. Clamant qu’il est présent dans l’Agnéby-Tiassa en apôtre de la paix, Soro a mandaté les têtes couronnées et les chefs religieux pour réconcilier totalement tous ceux qui vivent sur leurs terres. Car, estime l’ambassadeur du Tchologo, le développement durable repose sur la paix, l’unité, l’union et la réconciliation. C’est pourquoi, il a appelé les leaders politiques à éviter les messages tendancieux, susceptibles de créer le désordre dans un ciel si dégagé. Il a clos ses propos sur les capacités du chef de l’Etat, Alassane Ouattara à conduire le navire ivoire à l’émergence. « Nous avons la chance d’avoir Alassane Ouattara comme président de notre pays. Car, il a fait ses preuves partout où le devoir l’a appelé. Il peut nous conduire sans équivoque à l’émergence, mais dans la paix et la réconciliation vraie. », a-t-il dit.

Célestin KOUAME (Région de l’Agnéby-Tiassa)

Source: SoirInfo 5886 du lundi 12 mai 2014