Il y a immanquablement une réponse à Pascal Affi N’Guessan dans ce texte de Justin Koné Katinan dont copie nous a été acheminée. Le document, intitulé ”La Pâques juive chrétienne ou ivoirienne”, abonde de références historiques et bibliques et établit, par-dessus tout, un parallèle avec la situation sociopolitique en Côte d’Ivoire. Justin Koné Katinan, dernier ministre du Budget de Laurent Gbagbo et son actuel porte-parole, répond à Pascal Affi N’guessan, président du Front populaire ivoirien, sans jamais citer ce dernier. Affi N’guessan, dans une interview exclusive dans ”L’inter” mercredi dernier, avait indiqué qu’il fallait «mener de front tous les combats et ne pas subordonner certains combats à d’autres», sous-entendu qu’il ne fallait pas subordonner le combat pour la libération de Laurent Gbagbo aux autres formes de lutte. Notamment celle visant la reconquête du pouvoir par le Fpi. Koné Katinan ne pense pas exactement comme Affi N’guessan. Voici ce qu’il dit dans son texte qui s’étend sur huit (8) pages: «Si ensemble, nous confessons qu’il n’est pas bon qu’un des nôtres soit détenu en prison à cause de notre haine, à coups sûrs, nous entendrons le coq chanter. Alors, comme Pierre, nous regretterons nos reniements. C’est seulement à partir de cet instant, que le Christ portera à nouveau son regard sur nous. Hâtons-nous sur ce chemin quel que soit le côté où l’on se situe, en nous concentrant sur ce qui nous divise. Notre contradiction principale est l’emprisonnement injustifié et moralement inacceptable, du président Laurent Gbagbo à la Cpi, auquel l’on vient de joindre le ministre Blé Goudé. C’est finalement cette contradiction qui bloque le processus de remise en ordre du pays. C’est par conséquent elle qui subordonne toutes les autres. L’histoire humaine est pleine d’exemples qui illustrent des renversements de situations qui rappellent que nul ne détient la plénitude de son destin en main. Il y a toujours une petite parcelle de l’inconnu qui nous renvoie à notre condition humaine». Dans son interview à votre quotidien, Pascal Affi N’guessan estimait que la libération de l’ancien président Laurent Gbagbo ne résidait «pas dans la démission face à certaines luttes, certaines obligations». «Je ne vois pas de contradiction entre la lutte du Fpi pour la reconquête du pouvoir et la libération du président Gbagbo. Si demain, le Fpi revenait au pouvoir, la libération du président Gbagbo se poserait en d’autres termes», faisait valoir Affi N’guessan.
Justin Koné Katinan semble donner un message à tous ceux qui, au rang des pro-Gbagbo, émettraient des doutes sur les chances qu’a l’ex-président de recouvrer, un jour, la liberté: «Souvenons-nous de l’histoire rocambolesque du Maréchal Pétain et de Léon Blum. Le premier, en collaboration avec l’occupant allemand, envoya le second en prison dans le Fort du Portalet, le 16 octobre 1941. Le nouveau pouvoir français, incarné par Pétain, après la défaite française de 1940 face à l’Allemagne, accusait alors le gouvernement du Front populaire au pouvoir depuis 1936, et dirigé Léon Blum, d’être responsable de la défaite française. Quelques années plus tard, le 15 août 1945, c’est Pétain qui est conduit dans cette même prison. A son procès, Léon Blum est témoin à charges. Le Maréchal Pétain, président de la République sous Vichy, séjourne pendant trois mois (15 août au 16 novembre 1845) dans la prison où il avait enfermé quelques années plus tôt, son adversaire politique. Il y découvre les conditions effroyables de vie. Il confessera ”si je l’avais su, je n’aurais jamais enfermé un seul Français dans ce lieu”. Malheureusement un peu trop tard. L’Histoire est une forme d’expression divine. Il faut savoir la lire».
L’idée qu’il existerait de sérieuses divergences entre la direction actuelle du Fpi et les cadres exilés à Accra- dont Koné Katinan- est entretenue depuis des semaines au sein de l’opinion. La dernière sortie du porte-parole de Laurent Gbagbo ne dément pas la thèse d’un désaccord entre camarades socialistes.
Kisselminan COULIBALY
Source: L’inter N°4768 du Samedi 26 Avril 2014