Rencontrant en fin de semaine dernière le Mouvement national de soutien à la candidature unique au sein du Rhdp (Monascau-Rhdp), Guillaume Soro a tenu un discours plein d’enseignements. Nous vous présentons ici l’intégralité de cette adresse.
C’est un réel plaisir pour moi de me retrouver en votre agréable compagnie ce soir.
Mes premiers mots seront, volontiers, des mots de salutations et de gratitude à vous tous qui êtes venus donner à ces moments de retrouvailles et de convivialité, une chaleur et une valeur toutes particulières.
Je commencerai par les membres du Mouvement national de soutien à la candidature unique, (Monascau-Rhdp) qui nous offrent le prétexte de ces retrouvailles et de ce partage digne d’intérêt.
Mesdames et Messieurs,
En prenant le 27 février dernier, l’heureuse initiative de créer le Monascau, afin de soutenir l’idée d’une candidature unique au sein du Rhdp, vous n’avez pas seulement jeté un pavé dans la marre politique de la Côte d’Ivoire, vous avez aussi et surtout pris date avec l’histoire de notre pays. Je voudrais vous en féliciter Monsieur le ministre Philippe Légré, président de ce mouvement et à travers vous tous les autres membres. A travers cette nouvelle configuration du paysage politique ivoirien, vous donnez à tous nos concitoyens les moyens d’évaluer, en toute transparence, les résultats d’ores et déjà obtenus, au cours du premier mandat du Président Alassane Ouattara et d’apprécier avec justesse, le moment venu, les projets et les programmes proposés par le Président réélu pour son second mandat.
Messieurs les fondateurs du Monascau, vous me permettrez de rendre ici un hommage à tous vos membres d’honneur : membres du gouvernement, directeurs généraux et autres qui ont accepté de soutenir cette initiative et de la conduire avec vous sur la scène politique de notre pays.
Ce qui me frappe et me remplit d’enthousiasme, c’est, en tout premier lieu, ce sentiment de confiance qui règne parmi vous et cette sérénité qui vous habite, dans votre engagement militant, et je parle ici à toutes celles et à tous ceux qui se sont mobilisés et engagés au sein des 3 importants rassemblements qui font campagne pour une candidature unique du Président Ouattara au sein du Rhdp. Ce climat de confiance et de sérénité, dis-je, qui me donne à penser que ce n’est pas par hasard si tant de personnalités distinguées se sont ainsi retrouvées pour partager des idées d’union et d’humanité :
L’idée d’union, bien sûr, terme premier de notre devise nationale, qui trouve ici, au sein du Rhdp, l’une de ses plus parfaites illustrations : n’est-ce pas l’union entre les différentes composantes de cette alliance qui a permis l’élection du Président Ouattara et, avec elle, le retour de la paix, de la croissance et de la reconnaissance internationale ?
L’idée d’humanité car vous représentez, dans la richesse de votre diversité, le florilège de toutes celles et de tous ceux qui se recommandent de l’ «Houphouétisme » et se reconnaissent en cet humanisme, en cette philosophie du rassemblement de tous les Ivoiriens au sein d’une seule et même nation, unie dans le respect de la discipline et le culte du travail.
Ce qui me frappe et me rassure c’est, en deuxième lieu, le fait que, en votre sein, l’on rencontre des représentants de la classe politique, de l’administration et de la société civile. Ce qui veut dire que c’est la Côte d’Ivoire toute entière qui, à travers vous, se trouve ainsi sensibilisée et mobilisée.
Mesdames, Messieurs,
Reconnaissons sans détour que le décor actuel du paysage politique de notre pays est sans équivoque ! Jour après jour, des regroupements se mettent en place et donnent de la voix en faveur de la nécessité d’un consensus général autour d’un seul homme.
Les jours passent et j’ai le sentiment qu’une immense vague, qui prend naissance au plus profond de la conscience collective des Ivoiriennes et des Ivoiriens, est en train de nous porter et qu’elle nous conduira et nous élèvera tous ensemble dans la même direction.
Chers amis du Monascau,
Mesdames et Messieurs les membres d’honneur,
Que vous ayez porté votre choix sur ma modeste personne pour assumer les lourdes responsabilités de Président d’honneur de votre mouvement me comble d’un sentiment de joie assez particulier !
Oui, j’y vois comme une confirmation de mes propres convictions !
Oui, chers amis, je suis moi-même intimement persuadé que c’est entre les mains du Président Ouattara que repose le destin de ce pays, c’est à lui qu’il appartient de redonner à notre pays, avec l’appui de tous ses amis et alliés sincères, une stature et une dignité qu’il avait perdues.
C’est avec lui que notre combat pour retrouver le respect des valeurs fondatrices de notre République trouvera un espoir d’accomplissement.
C’est pourquoi Mesdames et Messieurs, avant de vous dire si j’accepte l’honneur que vous me faites, vous me permettrez de vous livrer le fond de ma pensée sur cette question pertinente du consensus autour d’une candidature unique.
Pourquoi rechercher une position consensuelle ? Et comment y parvenir ? Notre enthousiasme personnel et notre engagement collectif suffisent-ils toujours à eux seuls pour entraîner l’adhésion unanime de nos concitoyens ?
Mais d’abord, entendons-nous bien sur le mot consensus ! Nous pouvons définir le consensus comme le produit patient de toutes les meilleures idées et volontés dans un groupe, dans un esprit de cohésion et d’équilibre. Je ne m’appesantirais pas sur le mot patient car je sais que vous l’aurez bien entendu et bien compris !
Pourquoi cette recherche d’une position consensuelle ?
Curieusement, c’est en faisant référence à notre tradition ancestrale que l’on pourra comprendre à quel point cette recherche obstinée d’une position consensuelle nous est culturellement naturelle. En effet, on reconnaît là une pratique qui nous est familière, car c’est bien ainsi que se déroulent dans nos villages, les longues discussions qui précèdent et préparent la décision : la palabre africaine permet de composer patiemment le maillage consensuel, tissé de consentements individuels librement acceptés par chacune des parties.
Mesdames et Messieurs les membres du Monascau,
Je ne peux que vous féliciter pour avoir su, comme vous l’aurez compris aisément à travers cette incursion dans nos traditions, concilier la tradition du dialogue à l’ivoirienne et la modernité de la démocratie élective.
Si je vous ai bien compris, votre propre message est en effet le suivant : « sachons construire un consensus entre nous, afin d’éviter qu’au sein du Rhdp, nous ayons à déplorer le mécontentement légitime des partis et mouvements qui, au terme de la compétition démocratique, se seront avérés minoritaires». Dernier point enfin : quels sont les moyens politiques dont nous disposons pour parvenir à un consensus et par-delà, nous assurer que les crises pré et postélectorales sont des nuages et des orages que la nouvelle Côte d’Ivoire est parvenue à dissiper à jamais ?
Ici, la communication qui doit accompagner les différentes actions en faveur de la candidature unique au sein de la grande famille du Rhdp est d’une importance capitale.
La bonne volonté de quelques citoyens ne peut légitimement et utilement créer un mouvement, que s’ils parviennent à sensibiliser, à mobiliser et à fédérer autour d’eux un rassemblement important, qu’il s’agisse du nombre ou de la qualité des participants.
Un rassemblement important en nombre : j’entends dire que votre objectif actuel est d’obtenir la libre adhésion de plus d’un million d’Ivoiriennes et d’Ivoiriens : j’ai hâte que vous me confirmiez rapidement que c’est chose faite !
Un rassemblement important en qualité : j’aimerais dire que, selon moi, cette qualité s’appréciera à l’aune de votre capacité à accomplir avec souplesse et avec discrétion, cette délicate mission : contribuer à approfondir l’unité en élargissant la dynamique de la réconciliation. Si je n’avais, à ce niveau, qu’un seul mot à mettre en exergue, ce serait le mot «unité»
Mesdames et Messieurs,
En effet, derrière cette recherche du consensus, c’est la quête perpétuelle de l’unité nationale qui s’exprime.
Cette unité, j’ai déploré qu’elle se soit dissoute de façon progressive, dès lors qu’un véritable système d’ «apartheid » était progressivement mis en place dans notre pays : les manœuvres pour écarter certains candidats des élections présidentielles de 2000, la suspicion et l’ostracisme à l’égard de certains Ivoiriens ont conduit à faire d’eux des étrangers dans leur propre pays.
C’est donc d’abord et avant tout à un combat pour la restauration de l’unité nationale que je me suis consacré, à partir de septembre 2002.
Cette unité, j’ai également tout fait pour la rétablir, quand, par la force des choses, le pays a été divisé, écartelé, déboussolé, déprécié. A aucun moment, il est utile de le rappeler, nous n’avons envisagé d’opter pour la solution de facilité qui aurait consisté en une partition du pays.
Cette unité, je pense avoir contribué à la reconstruire, en mettant tout en œuvre, après la signature de l’Accord Politique de Ouagadougou, pour procéder à l’élaboration d’un fichier électoral fiable et pour organiser des élections inclusives, transparentes, libres et démocratiques. Cette unité, nous en constatons le remarquable et admirable résultat dans le redécollage économique fulgurant auquel nous assistons, depuis l’accession d’Alassane Ouattara à la magistrature suprême.
Il reste au Président à mener le combat le plus héroïque et le plus périlleux, je veux parler de la bataille de la continuité : pour que les promesses soient tenues. Ne faut-il pas les honorer dès 2020, puisque tel est l’objectif que la Côte d’Ivoire rassemblée s’est fixé pour accéder au statut envié de « pays émergent » ?
Certes, l’objectif est ambitieux, mais il n’est pas pour autant inaccessible. Il est ambitieux, car nous revenons de loin : nous avions atteint, sous l’ancien régime, le degré zéro du développement, (et si les ascenseurs n’avaient pas été en panne, nous serions descendus encore plus bas !).
Mais il n’est pas inaccessible, si seulement on donne un second mandat au Président Ouattara. La Côte d’Ivoire ne s’est pas défaite en un jour, sa débâcle et son désenchantement ont été le fruit venimeux d’une certaine lassitude, d’un renoncement certain à l’effort et à la performance : nous sommes, de ce point de vue, sur le chemin de la renaissance et de l’excellence. Mais la Côte d’Ivoire ne se refera pas non plus en un an : donnons donc au chef de l’Etat, SEM le Président Alassane Ouattara, un second mandat qui lui permettra, dans la sécurité et la sérénité retrouvées, de transformer l’essai !
Le Président Alassane Ouattara est le maître des chiffres de la croissance dans notre pays, il est le garant des lettres de créance qui assurent l’audience de notre pays dans le monde entier.
Nous devons lui faire confiance comme il nous l’a dit aux premières heures par ces termes rassurants : «Faites-moi confiance » !
C’est ainsi que nous éviterons d’inscrire notre pays au rang des nations qui ont commis la maladresse de ne pas apprécier et profiter des êtres exceptionnels que la providence avait bien voulu leur faire cadeau.
Un grand de ce monde n’a peut-être pas eu tort d’affirmer que « l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts mais plutôt d’Institutions fortes ». Je crois pour ma part qu’ « une Institution forte doit être incarnée au plus haut niveau par un homme d’une certaine carrure, un homme d’une carrure forte ». Et le Président Ouattara est bien à ce rendez-vous, vous en conviendrez !
Au moment de clore mon intervention, je voudrais une fois de plus exprimer ma gratitude au Monascau pour le cadre convivial que cette rencontre familiale et chaleureuse a occasionné.
Cette posture politique à l’initiative du Monascau est en fait une sagesse politique qui prend forme au sein de la famille politique du Rhdp.
Les vieux de mon village disent avec amusement que « si tu sais que quelqu’un cherche à te pousser, il ne faut pas t’arrêter près d’un trou ».
Si je constate que le Monascau et ses membres d’honneur évitent adroitement le trou, je suis aussi bien rassuré de savoir que c’est contre un rocher qu’ils veulent s’adosser, le rocher Ouattara, en vue de faire face aux assauts adverses. En cela, je ne peux donc que me réjouir d’être désormais l’un des leurs!
Oui chers amis, j’accepte volontiers d’être le Président d’honneur du Monascau, comme vous me l’avez demandé !
Oui, cette «philosophie politique» que vous êtes en train de mettre en place a toujours été la mienne !
Quels que soient les engagements politiques ou les convictions religieuses des uns et des autres, vous représentez à mes yeux, le rassemblement fraternel de tous les Ivoiriens, les bataillons d’élite de ce combat pour la paix qu’il faut sans cesse livrer.
Ainsi par cet acte, nous contribuons au projet du chef de l’Etat de faire en sorte que la Côte d’Ivoire ne soit pas seulement un paisible bateau qui regagne son havre de paix, mais aussi un bel avion puissant et majestueux qui rejoint dans le ciel, le cortège majestueux des pays développés.
Je vous remercie ! ».
Source: Nord-Sud Quotidien | Lundi 14 avril 2014