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Par Jean Paul Oro, Paris.
LE SAMEDI 5 AVRIL 2014, dans la salle Figaro d’un hôtel à Neuilly Sur Seine, quatre Ouattara-boys étaient face à des journalistes ivoiriens en France et face à quelques militants Rhdp pour échanger sur la situation sociopolitique en Côte d’Ivoire. Cadres Rhdp, ces quatre Ouattara-boys étaient : Félix Tanon, conseiller à la présidence, Jean Louis Moulod également conseiller à la présidence, Aly Touré membre de la Direction du parti basé à Londres et Mamadou Touré, conseiller à la présidence de la République. L’objectif de cette Task-force Rhdp était de faire le point des réalités en matière de sécurité, de réconciliation et de reconstruction du pays, sous la direction du président Alassane Ouattara. A la suite des propos liminaires ayant permis à chacun de faire le point dans son domaine de spécialité, les quatre orateurs ont répondu aux préoccupations des journalistes et des citoyens présents. “Jamais dans notre pays, il n’y a eu autant d’améliorations au niveau des droits de l’homme. Pendant longtemps les organisations des droits de l’homme n’ont pas eu l’occasion de travailler en Côte d’Ivoire. 134 personnes ont bénéficié de la liberté provisoire, cela n’est pas négligeable. Les efforts faits doivent être soulignés. Le Président de la République a été une des grandes victimes de cette crise. Malgré tout ce qu’il a subi, il a pardonné et a fait abstraction de tout sentiment de vengeance. Il a également demandé aux Ivoiriens et aux Ivoiriennes de pardonner. Ce sont des signaux, des actes forts et concrets, mais en face nous ne voyons rien. Nous sommes en attente des actes du Fpi allant dans le sens de la repentance et de la réconciliation. C’est sous Ouattara que des populations à l’Ouest, au Nord ont su, ce qu’était l’eau potable, l’électricité. Six mille salles de classes ont été construites l’an dernier, et dix mille salles de classe sont prévues en 2014. Toute la Côte d’Ivoire bénéficie des actions de développement du Président de la république. Le fonds d’entretien routier était doté de 0 francs à son arrivée à la Présidence. Aujourd’hui, plus de cent milliards de FCFA sont disponibles. Il ne s’agit pas de construire les routes, il faut aussi les entretenir”, a dit Mamadou Touré pour répondre à des préoccupations relatives à la sécurité, à la réconciliation ainsi qu’à la reconstruction.
Diplomatie et Sécurité, Félix Tanon rassure
Au sujet d’une interpellation relative à la sécurité dans le pays, et particulièrement le sentiment de prééminence des dozos sur la police et la gendarmerie, Félix Tanon a répondu: “Tous ceux qui étaient à Abidjan après la crise, après le 11 Avril 2011 savent bien qu’il n’y avait plus de commissariat, plus de véhicules pour la police. Nous ne pouvions pas faire des miracles, cependant il faut reconnaître les efforts qui ont été faits et qui ont permis de passer de 3,8 à 1,3 au niveau de l’indice de sécurité selon des évaluations des Américains et des Nations Unies. Aujourd’hui quand vous arrivez à Abidjan, vous constatez que la sécurité est gérée par des forces régulières”. Poursuivant le conseiller chargé des questions de diplomatie et de la coopération internationale a relevé que s’il y’a d’autres pans de la politique ivoirienne sur lesquels des efforts et des avancées, considérables selon lui, ont été faits, c’est dans ceux de la diplomatie. Il a cité en exemple la gestion de la crise malienne qui, a-t-il dit, a été un succès. Exhortant ses interlocuteurs et ses frères pro-Gbagbo à s’inscrire dans la voie du développement et de la réconciliation sous la houlette du président Alassane Ouattara, Félix Tanon a lancé: “Faites confiance à la Cote d’Ivoire, ayez confiance à votre pays. Continuez à croire au Président Ouattara. Il ne se bat pas pour lui, il se bat pour son pays”.
Pour Jean Louis Moulod, l’Etat de droit n’est pas une vue de l’esprit
Sur la question de la justice, Jean Louis Moulod a rassuré qu’il n’y a pas d’immixtion du politique dans la justice. Il a précisé que lorsque le chef de l’Etat instruit le Garde des Sceaux, il prend bien soin de ne pas prendre des décrets. Au contraire, a-t-il expliqué, le président Ouattara se soumet au rythme et aux décisions des juges qui restent indépendants et qui travaillent selon les règles et procédures. “Il n’y a pas d’intrusion du Président de la république et de l’Exécutif dans la Justice. Même dans la réconciliation, il faut respecter le droit et l’Etat de droit”, a précisé Jean Louis Moulod.
La notion de justice des vainqueurs récusée
Prenant la parole Koné Ladio Sankara, qui s’est présenté comme militant Fpi et pro-Gbagbo, a dénoncé le tableau idyllique selon lui, présenté par les quatre orateurs. Le tableau est si reluisant, a t-il ajouté, qu’il se demande si c’est bien de la même Côte d’Ivoire dont il a les échos, que parlent ses interlocuteurs du jour. Qualifiant le pouvoir Ouattara et le Rhdp de dictature, il a dénoncé ce qu’il considère comme la justice des vainqueurs, le transfèrement de Blé Goudé, l’exil et bien d’autres sujets, notamment la responsabilité du Pdci et du Rdr dans la gouvernance de Gbagbo de 2003 à 2010. Koné Ladio Sankara a demandé que le président Ouattara et le gouvernement fassent davantage d’efforts au sujet de la réconciliation. Il a affirmé comme il l’avait déjà dit à KKB, une semaine plus tôt, qu’il met Aly Touré, Mamadou Touré, Jean Louis Moulod et Félix Tanon en mission auprès du président de la République, pour lui demander de laisser tomber la voix judiciaire pour entrer dans la voix de la résolution politique de la question de réconciliation entre les Ivoiriens. Sur la question de la justice des vainqueurs Mamadou Touré à réagi en ces termes :“La justice des vainqueurs? Je ne sais pas ce que cela veut dire. Ceux qui ont été arrêtés, sont ceux qui ont été quasiment pris en flagrant délit. Une commission d’enquête a été mise en place. Elle a donné ses conclusions et a fait des recommandations. Les choses avancent. Vous savez bien que Dogbo Blé était encore sur le théâtre des opérations jusqu’à la fin de la crise. Même après la capture du président Gbagbo, des combats se sont poursuivis. Je ne sais ce qu’on appelle la justice des vainqueurs. En tout état de cause, il n’existe pas de justice des vainqueurs”. Et de renchérir :” Nous sommes allés plus loin et avons dit que si des Frci sont impliquées, il n’y a pas lieu de les soustraire de la justice. Ainsi 500 éléments des Frci ont été sanctionnés, arrêtés, ou jugés. Par exemple Amadé Ouérémi est entre les mains de la justice….”
Aly Touré contre les logiques d’affrontement
Également représentant à Londres de la Bourse du Café-Cacao et chargé des militants de la Diaspora dans la direction du Rdr, Aly Touré s’est refusé à toute polémique, tout comme Félix Tanon personnellement interpellé par Koné Ladio pour avoir été chef de cabinet d’un ministre (Pdci) de la Santé. Selon Aly Touré l’objectif de la rencontre était de présenter le bilan du Président Ouattara et non de faire le procès du Fpi, en répondant point par point à toutes les affirmations de Koné Ladio Sankara . N’empêche Aly Touré s’est interrogé sur le sens que donne le contradicteur Sankara à la notion de dictature, pour s’autoriser à dire que c’est une “dictature” qui règne en Côte d’Ivoire. Il a estimé que Koné Ladio a dit avec légèreté des choses graves, à ses yeux. Indiquant que d’autres occasions de faire ce procès du Fpi viendront, l’orateur a plaidé : “Que nos amis du Fpi nous rejoignent pour bâtir l’éléphant d’Afrique” Puis les orateurs du jour, chacun avec son style, de conclure dans les termes suivants : «Nous ne sommes pas venus ici pour faire de la propagande mais pour décrire la réalité. Après les actions fortes menées par le gouvernement, tout le monde est en droit d’attendre des gestes forts du FPI». A noter qu’ils ont prévu rééditer ce type de rencontres et d’échanges auprès de la diaspora.
Source: L’Intelligent d’Abidjan, lundi 7 avril 2014