Lors d’un entretien téléphonique avec la rédaction du journal Aujourd’hui, le porte-parole Europe et Amérique de Laurent Gbagbo a dressé le bilan de la lutte pour sa libération. Il estime celui-ci est largement positif. Mais pour autant, dit-il, « les Ivoiriens ne doivent pas être des arbitres qui regardent le match depuis les tribunes ».
Par Sévérine BLé
A quand la libération de Laurent Gbagbo puisque trois années plus tard, la CPI n’a toujours pas de preuves contre l’ex-président ivoirien ? Le porte-parole de Laurent Gbagbo, Bernard Houdin, chargé de l’Europe et de l’Amérique a sa petite idée au moment de faire le bilan de la lutte destinée à faire connaître la réalité de ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire. « Les choses se passent bien. Aujourd’hui, La perception de la situation ivoirienne a beaucoup évolué. Parce que la vérité d’hier n’est pas celle d’aujourd’hui et que les gens sont plus réceptifs à comprendre la position qui n’est pas celle du pouvoir. Disons qu’il y a une meilleure écoute dans les milieux parisiens et médiatiques. Et dans ce débat-là, Gbagbo redevient une personnalité politique incontournable ». Signe de ces changements, le troisième anniversaire de la déportation de Laurent Gbagbo à La Haye devrait occuper une place de choix dans les médias occidentaux le 11 avril prochain. Bernard Houdin devrait un peu plus voguer de chaînes en chaînes que d’habitude lui qui sait qu’il revient de loin.
De leur côté, les patriotes qui organisent la deuxième marche européenne en France pour la libération de l’ex-président ivoirien et de Charles Blé Goudé son ancien ministre de la jeunesse, disent attendre des centaines de journalistes ce 12 avril dans les rues parisiennes. Les médias parisiens n’ont pourtant pas toujours été leurs alliés habituels. Il a fallu ne jamais se décourager pour que la presse française se sente concernée par les raisons qui les faisaient camper depuis de nombreuses années dans les rues françaises. De même, les milieux politiques européens et français longtemps fermés se montrent désormais un peu plus ouverts. « Ils sont prêts à écouter », assure Bernard Houdin chargé de les rencontrer. Le porte-parole de Laurent Gbagbo récolte surtout ce qu’il a semé il y a parfois un an. Mais même si les eaux qui le portent sont plus calmes qu’avant, les Ivoiriens auraient faux jeu de croire que la libération de Laurent Gbagbo se jouera essentiellement en Europe. Sans doute parce que la cour pénale internationale a montré suffisamment de preuves qu’elle est manipulée par les grandes puissances occidentales. Selon d’ailleurs Bernard Houdin, « il faut que les Ivoiriens arrêtent de se lamenter puisqu’ils ont eux-mêmes la solution au problème de Gbagbo », assure-t-il. Mais encore faut-il qu’ils le réalisent. C’est-à-dire qu’ils doivent imposer l’idée que sans Gbagbo, les choses ne peuvent pas avancer.
Cette analyse, dit-il, reste largement partagée par l’ex-président. Il m’explique toujours que « c’est lorsque la réalité sociale va apparaître clairement que les gens de l’extérieur vont arrêter de s’entêter à maintenir une situation artificielle en Côte d’Ivoire», aurait dit Gbagbo. Cette prise de conscience doit malgré tout continuer d’être pacifique, affirme le porte-parole Europe et Amérique de Gbagbo en dépit des avatars locaux. Finalement, le plus difficile est de savoir par quel moyen on peut devenir un acteur de la libération de Gbagbo ? Selon Bernard Houdin, c’est simplement en participant à toutes les manifestations de masse organisées à l’effet d’obtenir la libération du président Gbagbo. « Et même si on y subit des violences, il faut qu’après les gens finissent par comprendre que sans le président Gbagbo, la réconciliation nationale n’est pas possible.
Telle est d’ailleurs le point de vue du comité central dont le communiqué a mis chaque militant du FPI devant la réalité. Ce texte campe clairement l’état d’esprit d’Alassane Ouattara comme étant celui d’un homme qui n’a pas l’intention de discuter et que seules des manifestations de rue peuvent incliner à sortir de son mépris. Mais malgré tout, de nombreux militants restent tout de même sceptiques quant à son application, les hiérarques du régime y étant vraisemblablement opposés. Or quoiqu’il en soit, la confrontation semble de plus en plus inévitable en Côte d’Ivoire où plusieurs dizaines de supplétifs FRCI ayant remplacé les étudiants dans les différentes cités universitaires de la commune de Port-bouët ont attaqué vendredi dernier le meeting de la jeunesse du FPI à coup de pierres, d’armes blanches et de barbelés. Le groupe de policiers et de gendarmes commis à la sécurité de la manifestation a dû battre en retraite, rapidement pourchassés par les assaillants.
Cela dit, de nombreuses sources assurent que la chasse à l’homme à travers la commune et qui a fait quelque trois blessés parmi les militants, notamment à la tête, n’a pas découragé plusieurs dizaines d’entre eux à revenir sur le site du meeting. L’enjeu en est que la fin de la peur doit surtout permettre à l’extérieur de savoir qui pèse quoi en Côte d’Ivoire. Au demeurant, il faut imposer cette comptabilité au pouvoir parce que c’est elle qui, selon Bernard Houdin, va contribuer à la libération rapide de l’ex-président ivoirien.
Source: Aujourd’hui|Lundi 07 avril 2014