J’ai lu avec beaucoup d’intérêt et de surprise l’article intitulé « les 11 erreurs de charles Blé Goudé » de Jean claude Coulibaly paru dans le journal le patriote. Sans être un acteur majeur de la crise ivoirienne, je me suis senti le devoir moral de réagir à ces propos qui pour ma part sont une tentative de réécriture de l’histoire. Je m’efforcerai donc de revenir point par point sur ces « erreurs » pour donner une autre lecture de ces évènements encore frais dans nos esprits.
Première « erreur ». Le choix de l’opportunisme.
Le 19 Septembre 2002 des gens que nous connaissons décident à visages découverts de renverser un pouvoir démocratiquement élu. Blé Goudé interrompt ses études dans une université prestigieuse et vole au péril de sa vie au secours de la côte d’ivoire meurtrie. Lui ne prend pas les armes, mais organise des manifestations de civils aux mains nues. Qui a pris les armes contre la Côte-d’Ivoire ? Nous le savons.
Cette macabre opération a-t-elle couté la vie à des innocents ? Nous le savons aussi. Le leader de cette rébellion armée en est-il le vrai patron ? Entre Blé Goudé qui sacrifie son avenir, ses études, et sa vie pour les institutions de son pays et un autre jeune qui par procuration prend la tête d’une rébellion contre son pays en contrepartie d’un strapontin et d’une tape de reconnaissance de ses maitres, lequel est vraiment opportuniste ? Pour beaucoup de jeunes en côte d’ivoire et en Afrique, Blé Goudé reste un héros. Un modèle de patriotisme, de courage et d’abnégation.
Deuxième « erreur ». Les attaques contre les intérêts français
D’abord, veillons rappeler au monde pour des besoins de justice et d’histoire que le slogan « A chacun son Français » n’est pas de Charles Blé Goudé, mais de Jean-Yves Dibopieu. Veillons aussi rappeler au monde que la montée de tension contre les intérêts français survient après que la France ait unilatéralement décidé de détruire toute la flotte aérienne de la Côte-d’Ivoire. Veillons rappeler au monde qu’en novembre 2004 les soldats Français depuis leur hélicoptères ont tiré à balles réelles, tuant et blessant des centaines de jeunes ivoiriens aux mains nues sur les ponts d’Abidjan et à l’hôtel Ivoire. Ces massacres n’ont jamais fait l’objet d’une enquête. Entre ces centaines de jeunes innocents tombés sous les balles de l’armée française et les quelques commerces et domiciles pillés par les ivoiriens en représailles de cette sauvagerie, qui faut- il blâmer ?
Troisième « erreur ». Les escadrons de la mort.
Le président Ouattara avait promis que s’il prenait le pouvoir, il ferait la lumière sur les escadrons de la mort. Plus de trois ans après son accession au pouvoir, il n’a jamais pu nous apporter la moindre petite lumière à ce sujet. Nous en sommes toujours aux accusations et déclarations sans fondements. Pourtant les ivoiriens veulent connaitre la vérité. Et si la vérité était autre que celle claironnée dans certains médias ? Et si la vérité embarrassait le pouvoir actuel ? Sommes-nous tentés de nous interroger. Pourquoi tant de peine et de temps donc à prouver des choses qu’on nous présentait comme si évidentes. Les escadrons de la mort ont-ils vraiment existé ? Si oui qui en étaient les vrais commanditaires ? Questions à deux sous.
Quatrième « erreur ». La participation aux répressions sanglantes contre l’opposition
« La répression sanglante contre l’opposition » en 2004 fut elle l’œuvre des forces de l’ordre Républicaine de l’Etat de Côte d’ivoire ou de Charles Blé Goudé ?
La répression brutale et sanglante de la manifestation du FPI le 19 février 1992 ou Laurent, Simone et Michel Gbagbo furent sauvagement tabassés et jetés en prison, des dizaines d’ivoiriens tués, et des centaines d’autres blessés et embastillés à la Maca sans raison des mois durant, fut elle l’œuvre des forces de l’ordre Républicaine de l’Etat de Côte d’ivoire ou de SEM Alassane Ouattara chef du gouvernement de l’époque ?
Cinquième « erreur ». L’utilisation des médias publics.
Les médias publics ivoiriens n’appartiennent ils plus à tous les ivoiriens ? Pourquoi certains ivoiriens devraient en être privés ? Si Soro apparaissait dans ces médias à cette époque, pourquoi pas Blé Goudé ? Serait-il moins ivoirien que les autres ?
Sixième « erreur ». L’acharnement contre la communauté internationale
Quand la communauté internationale refuse de sanctionner un groupe de gens qui ont pris des armes contre la démocratie, pour sanctionner les victimes plutôt.
Quand la communauté internationale refuse de sanctionner des gens qui ont commis des exactions graves, des tueries à grande échelle dénoncées et prouvées par des organisations internationales crédibles.
Quand la Communauté internationale refuse de sanctionner un groupe de gens qui a pris leur pays en otage pendant plus de dix ans.
Pour s’en prendre à un individu (Blé Goudé) tout simplement parce qu’il l’aurait « insulté » et fait des déclarations désobligeantes à son endroit. Permettez que certains esprits interrogent sa logique et son impartialité dans cette crise.
Septième « erreur ». L ’implication personnelle
La rébellion ivoirienne était conduite par Guillaume Soro, mais en était-il le commanditaire ? En était-il le vrai patron ? D’où lui venaient les fonds pour entretenir pendant près de 10 ans plusieurs milliers d’hommes ? Le président Ouattara nous a promis des réponses à ces questions, et nous attendons toujours. En attendant Blé Goudé a fait à l’Etat de côte d’ivoire l’économie des ressources à allouer à la recherche de l’auteur de ses actes à lui. Il a assumé ses actes. Il n’a jamais porté de cagoule. Pour beaucoup, cet acte de bravoure, de courage fusse-t-il suicidaire est à saluer.
Huitième « erreur ». Le plan de confiscation du pouvoir
Le grand peuple de côte d’ivoire serait-il idiot ? Ne saurait-il plus juger par lui-même ce qui est bien de ce qui ne l’est pas pour lui ? Pourquoi n’a-t-il pas désavoué Blé Goudé quand il appelait à la mobilisation ? Pourquoi les ivoiriens répondaient toujours aussi massivement présents à ses appels ? Pourquoi si le peuple s’était fait spolier sa victoire aux élections ne répondait il pas aux appels de guillaume Soro et de certaines capitales occidentales au soulèvement ? Pourquoi Le « Vainqueur » au lieu de s’appuyer sur son peuple pour arracher le fauteuil présidentiel, s’est appuyé sur les armes ? Pourquoi au lieu d’appeler le peuple à descendre dans la rue pour revendiquer sa victoire, il a préféré appeler les hélicoptères étrangers pour bombarder ce peuple ? Il a préféré asphyxier ce peuple financièrement en faisant fermer les banques, en imposant un embargo sur les médicaments, et sur le cacao des pauvres paysans qui l’ont « voté ». Pourquoi quand Blé Goudé appelait le peuple répondait et quand Soro appelait il ne répondait pas ? Qui a au fait confisqué le pouvoir ?
Neuvième « erreur ». L’article 125
Je m’incline devant la mémoire de chaque ivoirien qui est tombé au cours de ces sinistres évènements. Au nom de quoi brule-t-on des citoyens ? Au nom de quoi des ivoiriens prennent-ils des armes pour tuer d’autres ivoiriens ? Au nom de quoi s’attaque-t-on à un pouvoir démocratiquement élu par les armes ? Au nom de quoi a-t-on égorgé 60 gendarmes à Bouaké en septembre de 2002 ? Au nom de quoi à t-on exécuté plus de 1000 personnes à Duékoué ? Au nom de quoi a-t-on exécuté des centaines d’ivoiriens innocents dans le camp de réfugiés de Nahibly ? Au nom de quoi a-t-on tué le général Guei , Boga Doudou, Désiré Tagro… ? Au nom de quoi des centaines de personnes innocentes sont tombées le 19 Septembre 2002 ? Qui a porté le coup fatal à la République. Ivoirien=Ivoirien ? Il faut la vérité.
Dixième « erreur ». La rançon du jusqu’auboutisme
Les rapports des « Experts » de L’ONU ont été récusés par le Président Ouattara lui-même qui en a d’ailleurs touché un mot à Ban Ki Moon. Depuis nous n’en avons plus jamais entendu parler. Le nom de Soro y est apparu aussi comme potentiel déstabilisateur.
Onzième “erreur”. L’affaire des photos
Blé Goudé était-il donc libre d’aller s’enfermer de lui-même presque nu et la peau sur les os dans une cellule défraichie pour une séance photo avec son copain Dibopieu dans le but de créer l’émoi sur son sort ?
Blé Goudé avait il la possibilité de communiquer avec l’extérieur et d’y envoyer ses photos alors que ses propres avocats et les membres de sa famille n’avaient pas de ses nouvelles ?
Pourquoi le Ministre Bakayoko a-t-il attendu le scandale des photos de Blé Goudé paraissant maltraité pour sortir celles où il parait en forme alors que depuis de longs mois ses avocats, ses amis, sa famille biologique et politique, les médias et plusieurs chancelleries demandaient des preuves de vie sans que le ministre ne puisse en fournir une seule ?
Augustin Armel MINKA
Source: Sicobois.net