Russia's Prime Minister Putin attends the World Health Organization meeting on healthy lifestyle in Moscow

PARTIE 1/4 – SUR LE PLAN MILITAIRE LES MENACES DE L’OCCIDENT SONT UN BLUFF

A- LA RUSSIE INCONTOURNABLE AUX STRATÉGIES MILITAIRES OCCIDENTALES 

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Par Prof. Jean-Paul Pougala

Lors de la crise en Centrafrique, le peuple camerounais s’est insurgé parce que les troupes françaises ont transité sur le sol camerounais pour arriver en Centrafrique. Les mauvaises langues sont allées jusqu’à dire que la France voulait utiliser cette opération pour déstabiliser le Cameroun. La vraie raison pour ce transit que les chaines de radio et télévision françaises qui émettent même en FM sur l’Afrique francophone se gardent bien de dévoiler est que la France aussi puissante prétend-elle d’être ne dispose d’aucun gros porteur pour son armée. La France qui dispose de la très couteuse force de dissuasion nucléaire n’a paradoxalement pas assez d’argent pour s’offrir un avion dit “gros porteur”. Alors, elle est obligée de le louer. Et même là, les coûts sont prohibitifs. Et selon vous, à qui loue-t-elle les gros porteurs pour transporter ses troupes et son matériel de guerre ? À la Russie. Tout simplement parce que les gros porteurs les moins couteux sont russes et ce sont les Antonov.
C’est le même problème pour tous les autres pays de l’Union européenne qui tout le jour, jurent de tordre le cou à la Russie, mais qui la nuit, expliquent à Moscou qu’ils voulaient juste plaisanter un peu, de peur qu’elle se fâche. L’Union Européenne a signé la semaine dernière un accord d’association avec le gouvernement intérimaire (putschiste) de l’Ukraine. C’est un accord qui est en lui-même un vrai bluff, parce que le gros de l’économie ukrainienne est sur la partie territoriale russophone. Les usines d’équipement militaires toutes à l’est sont de l’époque soviétique encore très liées à Moscou. Et aucun accord pour sauver l’Ukraine ne peut se passer de cette partie qui concentre surtout la totalité des industries ukrainiennes d’armement. C’est-à-dire que l’Union européenne en soutenant les manifestants de Maidan, jusqu’à cet accord pour selon eux marginaliser les russophones en Ukraine, croit bâtir une alliance stratégique contre ceux qui détiennent les industries d’armement pour mener la moindre guerre.

On a toujours comme l’impression que les dirigeants européens ne sont pas suffisamment briefés de la vraie géopolitique de l’Ukraine et de la Russie. D’un côté, ils veulent marginaliser la Russie, alors que sur le terrain, ils ne peuvent pas se passer d’elle. Le public européen ne sait pas que ce n’est pas seulement la France qui n’a pas les moyens de transporter ses militaires d’un point à l’autre. C’est tout l’OTAN qui prétend aller bombarder la Russie si elle tente de reprendre les régions russophones de l’Ukraine, qui fait transporter par la Russie le plus important de ses troupes et de ses équipements sur la plupart des théâtres non seulement de guerre, mais aussi d’entraînement, par les Russes. À travers son agence dénommée Namsa, l’OTAN a stipulé en toute confidentialité un contrat dénommé SALIS (Strategic Air Lift Interim Solution) avec la société russe Ruslan Salis Gmbh, basée à Leipzig en Allemagne et qui fait venir des gros porteurs russes de deux entreprises : Antonov Design Bureau (ADP) de Kiev en Ukraine et Volga Dniepr Airlines (VDA) de Oulianovsk en Russie. Sans l’aide des Russes, l’OTAN serait cloué au sol faute de moyens financiers. Pour comparaison, le gros porteur américain Boeing C-17 coûte 30 fois plus cher que l’Antonov. Voilà ce qui va expliquer que 18 pays de l’OTAN, dont la France, louent ces avions russes aujourd’hui. Et même s’ils vont montrer leurs crocs et donner l’impression au peuple ignare qu’ils sont durs avec la Russie, ils sont en cachette tous au garde-à-vous chaque fois que le président russe Poutine tousse un peu fort.

Selon une information publiée le 5 aout 2009 dans la rubrique Secret Défense du quotidien français Libération, la France paie chaque année la somme de 30 millions d’euros pour louer ses avions russes. Et les ayant utilisés pour 1 195 heures en 2008, le calcul est vite fait cela revient à 25 000 euros par heure de location. Le journal compare l’Antonov avec l’avion du partenaire américain et dit que pour les mêmes heures, la France aurait dû payer 600 millions d’euros si elle avait choisi de louer aux Américains, plutôt qu’aux Russes. Qu’à cela ne tienne, 25 000 euros par heure c’est une belle somme, soit 16,4 millions de FCFA par heure de location d’un Antonov 124 qui transporte une charge de 390 tonnes dans 1 000 m3.

La France peut jouer aux gros bras et faire croire à la Pologne qu’elle va envoyer 4 chasseurs pour la protéger de la Russie, mais cette initiative fait rire même les enfants de la maternelle en Russie.

Et qui financerait la guerre contre la Russie, si à ce jour, on n’a toujours aucune idée de qui va financer les opérations en Centrafrique, l’Union Européenne ayant fait à la France une vaine promesse de 50 millions d’euros et les Américains ayant réussi à faire en sorte que le vote du Conseil de Sécurité des Nations Unies ne fasse pas de cette intervention une opération onusienne, donc elle ne paye rien du tout. On comprend dès lors pourquoi la France doit économiser et la décision du transport terrestre depuis le port de Douala se révèle une solution obligée. Il ne s’agit donc pas d’un stratagème pour déstabiliser le Cameroun, mais un choix dicté par les poches vides d’un pays en crise et qui prétend aller déloger les Russes de la Crimée.

B- L’ARMÉE AMÉRICAINE A UN VITAL BESOIN DE LA RUSSIE 

Sans l’aide de la Russie, des marines américains auraient mille fois plus de difficultés en Afghanistan. Ce pays n’a pas d’accès à la mer et a pour frontière la Communauté des Etats Indépendants, la Chine, le Pakistan, l’Iran. Les Américains, ne se sentant pas en sécurité au Pakistan qui a pu cacher Ben Laden pendant 10 ans, ont préféré passer par la Russie pour arriver en Afghanistan. Ainsi, lorsqu’on parle du coût de la guerre en Afghanistan, le contribuable américain ne sait pas qu’il cotise pour financer l’ennemi russe. Il suffit d’éplucher les comptes du Pentagone sur ce sujet pour comprendre que la Russie se frotte les mains au fur et à mesure que ce conflit s’éternise. En 2012, par exemple, c’est par un communiqué que le Pentagone a rendu officiel le nombre de soldats américains qui ont transité par la Russie depuis le début du conflit : 379 000 soldats américains et 45 000 tonnes de fret.
Lorsque le président russe Vladimir Poutine et le président américain Barack Obama se rencontrent en marge du sommet du G20 à Los Cabos au Mexique en juin 2012, les médias américains tirent à boulets rouges contre la méchante Russie qui soutient le diable Bachar el-Assad et aide l’Iran à construire la bombe atomique. Ce qu’ils omettent de commenter, c’est le communiqué officiel qui accompagne cette rencontre et émane du Département d’État américain et qui dit ceci :
“Les États-Unis remercient la Russie pour sa contribution à la construction de l’avenir des Afghans. Nos pays ont établi une coopération fructueuse et envisagent de soutenir les efforts de Kaboul visant à restaurer une société pacifique, stable, libérée du terrorisme et de la drogue. En vertu des accords conclus, la Russie a déjà vu transiter sur son territoire plus de 379 000 soldats et plus de 45 000 conteneurs de fret militaire, et plus de 2 200 vols aériens ont été effectués”
On comprend dès lors pourquoi le président Obama parlant des sanctions à la Russie se limite à une misérable interdiction de visas. Car c’est à la Russie d’avoir les cartes en main de décréter par exemple que les troupes américaines en Afghanistan ne peuvent plus transiter sur son territoire pour que ce soit une véritable catastrophe d’abord financière dans le budget du Pentagone, le ministère américain de la Défense, pour trouver une solution alternative. Il s’agit donc uniquement d’un message de propagande américaine destinée à sa propre opinion publique, par définition va-t’en-guerre.

POURQUOI LES ÉQUIPEMENTS MILITAIRES RUSSES ONT-ILS UN AVANTAGE SUR CEUX DES PAYS DE L’OTAN DANS UNE GUERRE CLASSIQUE ?

Il y a une bataille qui s’est déroulée au Congrès des États-Unis d’Amérique au mois de juin 2012, lorsque le Pentagone a annoncé de vouloir passer une deuxième commande à la Russie de 10 hélicoptères de combat. Quel sacrilège que la puissante Amérique va demander à son ennemi les armes pour aller combattre en Afghanistan. Rien n’y fait. Les généraux américains en Afghanistan préfèrent les hélicoptères russes à ceux américains s’ils veulent remporter la moindre victoire sur les talibans, même si officiellement c’est équiper l’armée afghane.
L’histoire commence au tout début de l’aventure militaire afghane de l’OTAN. Le contingent canadien de la force internationale de sécurité se rend compte très vite que leurs appareils ne sont pas adaptés. Des rapports confidentiels sont alors envoyés à Ottawa qui à la fin, autorise les généraux canadiens qui ont en charge le sud de l’Afghanistan à louer en cachette des hélicoptères russes. Et les résultats sont positifs sur le terrain. Les généraux américains en Afghanistan en sont informés. Et plutôt que de traiter directement avec les Russes, sur la demande du Pentagone, ils font un choix complètement insensé : acheter à des trafiquants d’armes des hélicoptères de combat d’occasion russes. C’est la République tchèque qui va en profiter pour écouler à l’armée américaine, tous ses vieux hélicoptères de l’ère soviétique, notamment les Mi-8 pour lesquels les Américains payent des sommes folles alors que le neuf coutait moins cher. Il ne faut pas traiter avec l’ennemi russe. Il ne fallait pas froisser le peuple américain. Cette situation devient insupportable, parce que la Russie refuse de fournir les pièces de rechange à des acheteurs anonymes et exige d’avoir la traçabilité du vendeur et de l’acheteur de ces hélicoptères. La situation va durer jusqu’en 2011, lorsque les généraux américains décident de percer l’abcès qui avait trop duré, et traitent directement avec les Russes. C’est le Pentagone par un communiqué officiel qui va annoncer cet accord historique de l’achat de 21 hélicoptères Mi-17 B-5 version de combat, pour un montant de 375 millions de dollars pour servir en Afghanistan.
En juin 2012, le Pentagone décide de commander 10 nouveaux hélicoptères de combat à la Russie, pour un montant de 217 millions de dollars. Cette fois-ci, plusieurs membres du Congrès des États-Unis d’Amérique ont décidé de ne pas se rendre sans combattre devant ce virage vers Moscou, de ce qui est considéré comme la plus puissante armée du monde. C’est le sénateur de l’Alabama Richard Shelby, qui ouvre les hostilités accusant le président Obama de vendre le pays aux Russes, en achetant dit-il, “des avions inappropriés, sans aucune coordination d’achat”, alors que selon lui, “les USA ont les meilleurs avions de combat au monde”. Mais les généraux qui combattent en Afghanistan passent à la vitesse supérieure et montent au créneau pour s’adresser directement à l’opinion publique américaine et lui expliquer qu’ils ne sont pas en Afghanistan pour faire de la figuration, mais pour combattre et très souvent, mourir aussi. Alors, s’il faut mourir, autant avoir la meilleure arme pour combattre.
C’est ni plus ni moins que le général de l’armée de l’air américaine Michael Boera, chargé de la formation des forces aériennes afghanes qui devant l’entêtement des sénateurs américains va oublier son droit de réserve pour aller s’adresser directement à la presse. Voici ce qu’il déclare alors au quotidien le Washington Post :
“Si en venant en Afghanistan on fait un tour en Mi-17, on comprend immédiatement pourquoi cet hélicoptère est si important pour l’avenir de l’Afghanistan (…) Oubliez que les Mi-17 sont russes. Ils volent à la perfection en Afghanistan.”
Le plus comique de cette histoire est que pour contrer le Pentagone et tous ses généraux qui préfèrent les avions de combat russes, comme nous le révèle le journaliste Konstantin Bogdanov de l’agence d’information russe, RIA Novosti du 15 juin 2012, ce sont 17 sénateurs américains qui vont écrire une lettre au secrétaire à la Défense Leon Panetta en avril 2012 pour lier le contrat d’armement avec la Russie avec la crise syrienne. Voici ce qu’ils écrivent :
“On ne peut pas mettre les contribuables américains en situation de financer indirectement les meurtres de civils syriens (…) l’argent des contribuables est dépensé pour l’achat d’hélicoptères russes au lieu d’acheter du matériel américain pour les militaires afghans”. Rien n’y fait, les généraux préfèrent les hélicoptères russes et ce sera fait.
Ces informations se passent de tout commentaire. Si pour le seul théâtre de guerre encore ouverte, les Américains doivent se servir des armes de ceux qu’ils prétendent combattre et sur leur propre territoire : en Russie, il y a à parier que ce serait un vrai suicide militaire et politique que d’aller attaquer la Russie sur le sol Ukrainien.

C- LA FRANCE PEUT-ELLE DÉCLARER LA GUERRE A LA RUSSIE ? NON.

Lorsque le 11 janvier 2013, les troupes françaises au Mali ont commencé l’offensive contre les djihadistes, les Maliens ont cru qu’il était suffisant de montrer leur reconnaissance à la France en secouant de petits drapeaux tricolores dans les rues de Bamako. Ce qu’ils ne pouvaient pas savoir, c’est qu’au même moment, à l’Élysée, il y avait un vrai casse-tête : comment financer l’opération militaire au Mali ? 4 jours plus tard, le 15 janvier 2013, l’avion du président français Hollande allait atterrir à 6h30 du matin (3h30 heure de Yaoundé), sur le tarmac de l’aéroport d’Abou Dhabi. Le président Hollande devait trouver l’argent des opérations au Mali. Pour cela, il a (selon l’AFP), rencontré le président de la Fédération des Émirats Arabes Unis, Khalifa Ben Zayed Al-Nahyan, mais aussi le prince héritier d’Abou Dhabi, Mohammad Ben Zayed Al-Nahyan. Il s’est ensuite rendu à Dubaï, où il a rencontré l’émir cheikh Mohammad Ben Rached Al-Maktoum. Il est donc évident que si pour venir à bout de 4 djihadistes dans le désert malien, la France doit aller trouver l’argent dans la péninsule arabique pour venir à bout d’une vraie armée d’un pays comme le Cameroun, pire encore la Russie, il faudra aller frapper à la porter du paradis? Mais que s’est-il vraiment passé au Mali ? Qu’est-ce qu’on ne nous a pas dit des opérations militaires françaises au Mali et qui pourrait nous éclairer sur le bluff des crocs que la France montre aujourd’hui contre la Russie ?

MISSION PARLEMENTAIRE D’INFORMATION SUR L’OPÉRATION SERVAL AU MALI

Nous sommes mercredi 17 juillet 2013. 2 députés français doivent présenter le rapport de la mission d’information sur l’opération Serval au Mali, une mission d’information commanditée par l’Assemblée nationale française. Il s’agit de :
– Philippe Nauche, né le 15 juillet 1957 à Brive (Corrèze), il est député socialiste de la 2de circonscription du département de la Corrèze. Il est vice-président de la Commission de la Défense nationale et des Forces armées françaises.
– Christophe Guilloteau, né le 18 juin 1958 à Lyon (Rhône), député UMP de la 10e circonscription du Rhône et membre lui aussi de la Commission de la Défense nationale et des Forces Armées françaises.
Comme nous pouvons bien le constater, il ne s’agit pas de deux aventuriers qui étaient de passage par là et auraient pu amuser la galerie avec des propos maladroits. Non. Il s’agit de deux députés sérieux et leurs propos sont aussi à la hauteur de la crédibilité des auteurs. Et en plus, puisqu’ils sont de deux bords politiques opposés, on peut donc ne pas douter de l’objectivité et de l’impartialité de leur travail qui selon moi, a été bien fait. Après une première partie faite d’éternels babillages du succès incontestable de l’intervention militaire française au Mali, ce qui nous intéresse est la deuxième partie de leur exposé, lorsque sans langue de bois, ces deux députés pointent du doigt les faiblesses de l’armée française sur un théâtre de guerre en Afrique et elles sont particulièrement de deux types : logistique et tactique.
Philippe Nauche et Christophe Guilloteau parlent sans interruption de la vétusté des équipements de l’armée française. Ils soutiennent que l’hélicoptère Gazelle est très vulnérable en cas de véritable combat avec une vraie armée régulière. Et ajoutent même que c’est ce gros défaut qui est à l’origine de la mort du pilote Damien Boiteux le 11 janvier 2013, c’est-à-dire le premier jour de l’intervention. L’autre hélicoptère qui a été engagé au Mali souffre d’un mal encore pire : son manque d’autonomie. Il s’agit de l’hélicoptère Puma.
Sur le plan tactique, les 2 députés ont mis en évidence 2 manquements très graves. La première est l’incapacité pour l’armée française à recueillir des renseignements fiables. À ce jour, les services secrets français misent de façon démesurée sur leurs anciens étudiants de Saint Syr devenus généraux ou colonels en Afrique pour leur fournir les informations dont ils ont besoin. Cela a été très utile dans de nombreuses situations pour donner des ordres de ne pas combattre à des armées entières qui ont très vite reculé ou fui sans combattre, devant la seule information passée le matin sur certaines radios très écoutées en Afrique. Mais au Mali, il ne s’agissait pas de combattre contre l’armée malienne dans laquelle la France a de nombreux informateurs, mais plutôt un adversaire invisible où la France n’avait pas d’infiltré. Dans ce cas, on recourt généralement aux drones pour recueillir le maximum d’informations sur les positions et les déplacements des ennemis. Et la France n’a pas d’argent pour acheter des drones militaires. Or sans drone au Mali, la France a avancé à l’aveuglette, mettant en péril la vie même de ses propres soldats. C’est en tout cas ce que soutiennent les deux députés.
On ne voit pas très bien comment la France qui ne forme pas les généraux russes et qui n’a pratiquement pas d’informateurs dans l’armée russe peut aller la combattre en Ukraine ou bien en Crimée.
Un autre manquement au Mali a été, selon ces deux députés, le défaut d’autonomie pour le ravitaillement en vol des avions français. Au Mali, la France a eu un besoin vital des autres armées européennes pour ravitailler ses avions en vol, parce qu’elle est incapable de le faire toute seule, elle n’a pas les avions nécessaires. Dans leur conclusion, les deux députés déplorent cette subalternité de la France à ses alliés européens sur un tout petit théâtre de guerre comme au Mali, et qualifient cela de “frein de taille à l’autonomie stratégique de la France”.

D- L’EUROPE PEUT-ELLE DÉCLARER LA GUERRE A LA RUSSIE ? NON

Alors que tous les yeux étaient rivés sur la conférence des chefs d’État africains et français sur la sécurité en Afrique du 6 et 7 décembre 2013, conférence sans aucune importance stratégique à mes yeux, le plus important se passait plutôt 2 jours avant, c’est à dire le 4 décembre 2013 à 9h30 à la “Commission de la défense nationale et des forces armées françaises”. Sous la présidence de notre connaissance, Philippe Nauche, nous avons assisté à l’exposé de deux nouvelles personnes : M. Arnaud Danjean, président de la sous-commission « sécurité et défense » du Parlement européen, et de Mme Maria Eleni Koppa, rapporteuse sur les enjeux du Conseil européen de décembre 2013 consacré aux questions de défense et de sécurité. Il était question entre autres de l’intervention française en Centrafrique.
Voici ce que va déclarer M. Arnaud Danjean :
” Au problème politique s’ajoute un problème de leadership en Europe. La difficulté tient non tant aux personnes qu’à l’autocensure pratiquée par les structures bruxelloises : anticipant le blocage de certains États, elles n’osent pas prendre d’initiatives en matière de sécurité et de défense. C’est ce qui explique que ces dernières années, les instances de défense européenne affichent un encéphalogramme quasi plat. La République centrafricaine pâtit bien sûr de cette inaction. Il est probable que l’Union européenne se contentera de son rôle habituel de premier pourvoyeur d’aide humanitaire. Mme Kristalina Georgieva, commissaire chargée de l’action humanitaire, s’est d’ailleurs déjà rendue plusieurs fois dans le pays. Certains pays apporteront certainement des contributions logistiques – comme cela a été le cas au Mali où l’effort français, marqué par l’envoi de troupes combattantes, n’a été possible que grâce à l’appui de nos alliés européens et nord-américains. En effet, la mise à disposition d’un avion de transport belge ou néerlandais peut parfois se révéler décisive. Il est fort à parier qu’en Centrafrique, les efforts se répartiront de la même façon : les Français enverront à nouveau les hommes, certains partenaires européens – dont aucun ne montre le désir d’engager des contingents substantiels – fourniront une aide logistique, et la Commission signera un chèque humanitaire.” (…)
(…) S’agissant de l’état d’esprit de nos partenaires européens, permettez-moi une métaphore. Pour que les choses fonctionnent en matière de défense européenne, il faut un alignement de trois planètes : France, Grande-Bretagne et Allemagne. Or à l’heure actuelle – même si l’image est absurde d’un strict point de vue scientifique –, elles ne sont même pas deux à être alignées ! La France a toujours détenu une position de leader dans le dossier de l’Europe de la défense, mais le dialogue avec ses alliés reste compliqué. En effet, la France et l’Allemagne – son partenaire privilégié – n’utilisent pas le même langage : quand nous parlons opérations et institutions, nos amis allemands répondent industrie. Or leur vision industrielle diffère profondément de la nôtre : loin de compter sur une politique industrielle volontariste à l’échelle européenne, ils donnent la priorité à leurs entreprises nationales, qui se passent très bien du financement européen. Pour l’Allemagne, la consolidation des marchés de défense procédera de la bonne application des directives européennes sur la libre concurrence”.
Voici ce que dit le député UMP M. Bernard Deflesselles, membre de la commission :
“Comme vous, je n’attends pas grand-chose du Conseil européen de décembre 2013.
Les chiffres de la croissance des budgets militaires dans le monde sont éclairants : la progression est de 71 % pour la Chine, de 65 % pour la Russie, de 60 % pour l’Inde et de 40 % pour le Brésil. Tous les États-continents augmentent massivement leurs dépenses de défense. Et l’Europe ? Nous avons bien compris qu’il y manque une volonté politique. Le Parlement européen a essayé d’en faire émerger une et les rapports de votre sous-commission sont excellents ; mais cela ne débouchera sur rien en l’absence de volonté des gouvernements. Nous en avons un exemple avec le Mali. Je suis heureux d’apprendre qu’un contingent néerlandais de 380 hommes vient d’être déployé dans ce pays, mais j’ai pu constater avec mes collègues de la mission d’information sur l’opération Serval que l’engagement européen sur le terrain – à savoir un contingent de 500 hommes affecté à la formation des nouveaux bataillons maliens – n’était à la hauteur ni de nos attentes, ni de ce que veut faire l’Europe. (…)
Quant à l’Agence européenne de défense (AED), force est de reconnaître qu’elle n’a guère évolué depuis sa création il y a dix ans. Le seul projet européen de défense a été l’A400M. On a beau parler de cyberdéfense, d’industrie spatiale, il n’y a ni projet ni budget. L’Agence se heurte toujours à l’Organisme conjoint de coopération en matière d’armement (OCCAr). Bref, il n’y a pas de souffle. Je crains que l’Europe ne soit vouée à rester un espace économique, avec un peu de solidarité peut-être, mais certainement pas à devenir une puissance à même de peser dans le monde de demain”.
M. Philippe Folliot du parti UDI (Union des démocrates et indépendants) et secrétaire de la commission de la défense nationale et des forces armées françaises s’inquiète :
“Nous avons peu évoqué le désengagement progressif des États-Unis de l’OTAN : le centre d’intérêt géostratégique des Américains se déplace de l’atlantique nord vers le Pacifique. Ne pas en prendre conscience pourrait s’avérer catastrophique pour notre capacité à assurer notre propre sécurité et notre propre défense, puisqu’il y aura – si je puis m’exprimer ainsi – de plus en plus de trous dans le « parapluie » américain.”

E- CONCLUSION PARTIELLE DE CETTE PREMIÈRE DES 4 PARTIES 

On voit bien qu’en cas de conflit ouvert direct avec la Russie, à cause de la Crimée ou de l’Ukraine, l’Union européenne aurait plus d’un souci à se faire.
L’Europe est à tel point empêtrée dans ses propres problèmes de défense avec les USA qui ont décidé d’abandonner l’OTAN, c’est-à-dire de ne plus financer la défense des Européens pour se rapprocher vers le Pacifique où tout se joue désormais. Et qui ya-t-il dans le Pacifique, deux pays : la Russie et la Chine, qui eux avec 4 autres pays sont réunis autour d’une nouvelle alliance stratégique qui compte près de 3 milliards d’habitants, c’est-à-dire 40% de la population de la terre, sur 32 millions de km2, une organisation intergouvernementale régionale asiatique dénommée Organisation de Coopération de Shanghai et qui regroupe la Russie, la Chine, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan. L’Inde y est admise comme Etat observateur, de même que le Pakistan, l’Iran, la Mongolie et depuis 2012, même l’Afghanistan. D’autres pays comme la Turquie, le Sri Lanka ont fait la demande pour y adhérer et leurs dossiers sont encore en cours de traitement.
Les Européens incapables de voir que les vraies choses se passaient en Orient se sont empêtrés dans leurs mensonges habituels et ont fini par se mentir à eux-mêmes, c’est-à-dire à croire eux-mêmes à leurs mensonges. Alors qu’ils ne comptaient plus grand-chose, ils se sont subitement autoproclamés COMMUNAUTÉ INTERNATIOANLE. On les a immédiatement vus à l’œuvre en Côte d’Ivoire, ensuite en Libye. Ils ont inauguré une nouvelle manière de cacher leur faiblesse militaire à travers les sanctions à la Côte d’Ivoire et à la Libye et comme cela a donné l’illusion d’avoir fonctionné, aujourd’hui, ils la brandissent contre la Russie.
Imaginez de donner votre récolte de mil à votre voisin qui a un plus gros grenier de le garder pour vous. Et le jour où il est fâché contre vous, plutôt que de vous dire qu’il ne veut plus garder votre mil et qu’il faut venir tout le reprendre, il vous dit plutôt que comme il est fâché, il gèle votre récolte, il garde votre récolte pour lui. Vous l’appellerez BANDIT. Oui, vous avez bien compris. C’est ça le fameux GEL DES AVOIRS. Et c’est comme cela que Obama a gelé 30 milliards de l’argent libyen tenu dans les banques américaines. Aujourd’hui, personne ne sert où est passé ce gros butin de la guerre de Libye. J’ai ma petite idée derrière la tête : peut-être que Paul Bismuth alias Don Sarko en sait-il quelque chose ?
Obama et les compères européens ont voulu jouer à la Russie, le coup de Kadhafi. Sauf que cette fois, comme on dit chez nous à Abidjan, ils ont rencontré GARCON sur leur passage. Et Garçon là a la culotte bien pleine. Il s’appelle Poutine. Ce qui fait trembler les dirigeants Européens, est que Garçon là, n’a pas dit son dernier mot et personne, même pas son épouse, ne sait ce qu’il mijote dans sa tête. Sur la tête du président Gbagbo en hommage du Guide Libyen Kadhafi, j’ai envie de leur dire : BEB-BEB, BEB-BEB, PARLEZ ENCORE !!!
Voilà des gens qui s’autoproclament « Puissance » et qui au final ne sont forts qu’avec les petits, qu’avec les faibles. J’attends Obama, Cameron et Hollande d’aller réunir une coalition de volontaires défenseurs de la légalité internationale pour aller imposer un no-fly zone sur la Crimée. Là je saurais qu’ils sont de vrais défenseurs du droit international.

À suivre :

– Partie 2/4 
Dans la deuxième partie, dédiée à l’économie, nous verrons comment l’annexion de la Crimée par la Russie a fait gagner à cette dernière 25 milliards de dollars cash, rien qu’en changeant le tracé du gazoduc South Stream. Mais aussi je vous parlerai de la plus grande réserve de gaz naturel de toute la région, dans les eaux territoriales de la Crimée orientale, qui passe désormais à la Russie et met à néant le projet européen de s’affranchir de la tutelle énergétique russe. Cette réserve a été découverte grâce à des milliards pour l’exploration investis par les Occidentaux qui voulaient l’Accord de Partenariat économique, pour mettre la main sur cette réserve de gaz et qui aujourd’hui sont tous en deuil, pas pour les Ukrainiens, mais pour eux-mêmes, à commencer par la société Italienne ENI qui s’était arrogé un bon 40% de ce pactole.
Je vous parlerai de la quasi-mutinerie des industriels allemands contre la chancelière Angela Merkel pour avoir osé ,parler trop fort contre la Russie.
Je vous parlerai du bluff de l’annulation de la commande de deux bateaux de guerre français Mistral achetés sur fond de corruption et qu’on juge à Moscou, complètement inutiles à l’armée russe aujourd’hui, puisque ses propres équipements sont 100 fois supérieurs.
Nous verrons l’inutilité du G7 avec sa fin déjà programmée. Nous irons visiter la ville italienne de L’Aquila où s’est tenu en juin 2009 le sommet de G7 + 1 alors à peine détruite par un tremblement de terre et d’où on avait promis de sauver l’Afrique de la misère. Aujourd’hui, L’Aquila n’a pas été reconstruite, par manque d’argent. Comment des gens qui prétendent sauver tout un continent de 30 millions de km2 sont-ils à ce point incapables de se sauver eux-mêmes ? Comment peut-on dire qu’on va trouver des milliards pour l’Afrique et ne pas en trouver pour la petite ville de L’Aquila qui a pourtant vu ces chefs d’État du G7 venir pleurnicher sur le sort de la ville avec ses centaines de cadavres encore frais et donc, non enterrés durant ce sommet de G7 +1.

– Partie 3/4 
Dans la troisième partie, nous verrons comment l’Union Européenne cherche à humilier certaines de ses ethnies minoritaires comme les russophones sur son territoire allant jusqu’à les déclarer, des Apatrides les personnes d’origine russe dans les anciennes républiques soviétiques comme en Lettonie. Et je vous montrerai ce qui s’y passe avec l’approbation de l’Union Européenne pour nier la citoyenneté à toute personne qui parlerait le russe et vous comprendrez pourquoi en comparaison, nos histoires de tribalisme en Afrique que l’Union Européenne utilise pour s’ériger en donneuse de leçon, est plutôt une vraie blague ou un simplement petit chatouillement.

– Partie 4/4 
Dans la quatrième partie, je reviendrai sur 4 pays de l’occident qui critiquent l’unification de la Crimée à la Russie et invoquent même le droit international alors qu’ils ont littéralement annexé des territoires africains. Il s’agit de la France, de l’Espagne, des États-Unis d’Amérique et du Royaume-Uni. Ces 2 derniers s’étant même rendus coupables d’un crime contre l’humanité sur le sol africain, crime que même les historiens africains ont peur d’évoquer pour ne pas perdre leur poste. Il s’agit de la seule décision dans tout le 20e siècle de procéder à une épuration raciale, de déporter toute une population noire de son territoire en Afrique, vers les pays voisins et les restants vers la Grande-Bretagne, et la remplacer par une population blanche. Aujourd’hui en 2014, c’est le statu quo ; les protestations et les revendications territoriales de l’Union africaine n’ont servi à rien. Parce qu’ils ont les armes, parce qu’ils ont la force. Et quelle insulte pour l’intelligence des noirs d’Afrique, de voir les mêmes pays aujourd’hui accuser la Russie d’avoir annexé son ancien territoire et de se faire passer pour les défenseurs de la légalité internationales qui protègerait les plus faibles. Les Russes au moins, en Crimée, n’ont pas procédé à une épuration raciale.

Bandjoun (Cameroun) le 20 mars 2014
Jean-Paul Pougala
(Ex Doker Clandestin)
Ce texte sera bientôt disponible en version audio sur ma chaîne Youtube (Jean-Paul Pougala)