Par Yacourwa Koné | LIDER | 20 mars 2014
Ce lundi 17 mars 2014, la presse fait écho d’un message de Cissé Bacongo, repris dans Nord-Sud Quotidien et L’Expression, à l’endroit du Pr. Mamadou Koulibaly, président de LIDER (Liberté et Démocratie pour la République). «Il dit que la Côte d’Ivoire est le pays le plus corrompu. Dites-lui d’apprendre à dire la vérité, il fait beaucoup d’amalgames et plane dans l’air. Sous Gbagbo, la Côte d’Ivoire était le 154ème mais avec nous, on est passé à 136ème corrompu».
Les propos de l’ex ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique sont pour le moins confus, mais n’était-il pas devant ses militants et donc capable de dire n’importe quoi sans contradicteurs, alors que dans l’opinion, la criminalisation de l’Etat, la corruption et l’affairisme du clan Ouattara sont devenus des marques de distinction claires du régime actuel et le symbole de notre pays ? Soyons précis pour ne pas faire d’amalgames et accusons réception du message du ministre, qui ne sait élever la voix que dans un effort de nivellement par le bas, au ras des pâquerettes donc.
Où Bacongo a-t-il entendu Mamadou Koulibaly énoncer que la Côte d’Ivoire est «le pays le plus corrompu», assertion qui présentée ainsi n’a aucune valeur heuristique et ne peut aider les militants qui ont écouté ses propos à accéder à la vérité ? M. le ministre, dont la corruption est l’élément naturel, peut-il nous répondre ?
Si le ministre voulait être intellectuellement honnête dans son discours politique, il aurait dit : «Koulibaly, reprenant les données statistiques de l’indice de perception de la corruption 2013 de Transparency International qui rappelle les abus de pouvoir, les transactions secrètes et les commissions occultes perçues par ceux qui gèrent les pouvoirs publics partout dans le monde, soutient que notre pays est classé à la 136ème place sur 177 pays.» Mais ne pas préciser l’échantillon, ni la qualité de l’indice en question, son origine et lancer au public des propos aussi approximatifs en les attribuant à Koulibaly n’est ni signe de sérénité, ni signe de vérité. En la matière, il faut savoir prendre de la hauteur. Le ministre montre là qu’il n’en est pas capable. Le constat et le chiffre ne sont pas de Koulibaly, mais de l’organisme mondialement reconnu en matière d’analyse de la corruption Transparency International, dont le rapport est disponible à l’adresse suivante : http://www.transparency.org/cpi2013/results
Par ailleurs, Bacongo tente de dresser des comparaisons entre les régimes Gbagbo et Ouattara, mais il oublie bien soigneusement de mentionner qu’il était ministre sous Gbagbo pendant huit ans, ce qui n’était pas le cas du Pr. Mamadou Koulibaly, qui ne l’a été que trois mois. Le nouveau ministre de la fonction publique est en définitive resté plus longtemps au gouvernement que Koulibaly. Au moment du bilan, il aura à rendre plus de comptes en tant que ministre que celui à qui il envoie un message. Chez ces gens-là, on n’amalgame pas, on triche.
Après s’être illustré comme maillon le plus corrompu du système Ouattara, cette tête mal pensante de la rébellion, père de la police universitaire et soldat Rdr en quête de popularité pense pouvoir s’ériger en parangon de morale et bénéficier de la miséricorde de ses militants en s’attaquant au président de LIDER.
Je suis heureux d’informer M. Bacongo que le Pr. Mamadou Koulibaly, qui rentre tout juste d’une tournée de deux semaines d’enseignements dispensés gratuitement, sans soldes de professeur, dans les universités de Bouaké et Daloa oubliées par le gouvernement, n’a pas l’intention de répondre à ses invectives puériles ou à toute forme d’assassinat de caractère qui n’ont qu’un seul intérêt, c’est de montrer la fébrilité d’un régime s’illustrant mondialement par sa forte propension à la corruption. Toutefois, le président de LIDER a pris l’habitude d’informer les populations sur les conditions dans lesquelles travaillent les professeurs, les administrations et les étudiants de nos universités, qui montrent les conséquences néfastes de la gouvernance approximative et pernicieuse du ministre sur l’enseignement supérieur et la recherche scientifique. La gestion opaque et la tendance à l’hyper facturation bureaucratique du système Ouattara ont bien servi monsieur Bacongo, l’un des plus grands prédateurs du régime. Chez ces gens-là, on ne plane, pas on vole.
Il y a lieu ici de rappeler la vérité des chiffres de l’indice de corruption selon les rapports de Transparency International de 2001 à 2013.
Années |
Rang |
2001 | 77 sur 91 pays classés. (14 places avant le dernier) |
2002 | 71 sur 102 pays (49 places avant le dernier). Le score s’améliore. |
Coup d’Etat et Rébellion de 2002 Gestion REBFONDATION (Fpi +Rébellion) avec Bacongo ministre |
|
2003 | 118 sur 133 (15 places avant le dernier). Le score se dégrade |
2004 | 133 sur 146 (13 places avant le dernier) |
2005 | 152 sur159 (7 places avant le dernier) |
2006 | 151 sur 163 (12 places avant le dernier) |
2007 | 150 sur 180 (30 places avant le dernier) |
2008 | 151 sur 180 (29 places avant le dernier) |
2009 | 154 sur 180 (26 places avant le dernier) |
2010 | 146 sur 178 (32 places avant le dernier) |
2011 | 154 sur 183 (29 places avant le dernier) |
2012 | 130 sur 174 (37 places avant le dernier) |
2013 | 136 sur 177 (41 places avant le dernier) Gestion de Ouattara seul avec Bacongo ministre et recul de 6 rangs comparé à 2012 |
En 2001, la Côte d’Ivoire était au 77ème rang de la corruption lorsque le Rdr n’était pas encore au pouvoir. Mamadou Koulibaly était encore au gouvernement début 2001, en 2002 le rang s’améliora. Aujourd’hui, le ministre Bacongo se réjouit de la 136ème place ! Ainsi donc, la Côte d’Ivoire d’avant Bacongo/Ouattara était le 49ème pays le plus corrompu du classement, et sous Ouattara, le pays s’est encore plus rapproché du plus corrompus des corrompus en se plaçant la 41ème place de la fin du tableau. Dont acte. Entre 2002 et 2003, l’indice se dégrade avec l’effet conjugué de Bacongo au gouvernement, Soro et Ouattara dans la rébellion. La Côte d‘Ivoire passe de la 71ème place à la 118ème place. Il faut rappeler que ce fut la période de la descente aux enfers avec les pillages massifs de forêts, de cacao, de coton, les casses de la Beceao aux bénéfices de la rébellion et de ses alliés aujourd’hui au pouvoir, la corruption des institutions dans les zones Cno avec la multiplicité des caisses de l’Etat. C’est ensuite le règne de laRebfondation (rébellion + refondation). C’est l’époque du «Blues de la république» rédigé par Mamadou Koulibaly et «Naufrage d’une nation» par Nathalie Yamb. La Côte d’Ivoire s’enfonce dans la corruption. Marcoussis, Accra, Pretoria, Ouagadougou en deviennent les symboles forts. De 71ème en 2002, le pays plonge jusqu’à atteindre le rang de 154ème en 2011, période durant laquelle Laurent Gbagbo était dans le fauteuil de président de la République, mais c’est Alassane Dramane Ouattara qui gouvernait. Bacongo, quant à lui, est demeuré ministre durant tout ce temps,ce qui n’est pas le cas de M. Koulibaly. Chez ces gens-là, on ne dit pas la vérité, on la falsifie.
Le début de l’année 2011 marque la fin de la Rebfondation. Le mariage célébré à Marcoussis tourne au drame entre les signataires. La Côte d’Ivoire est à la 154ème place. M. Ouattara, qui vient du Fmi et de la Banque centrale, était donc supposé être un technocrate féru de bonne gouvernance. On lui offre en toute confiance, sans qu’il ne remplisse les conditions, les fonds et les traitements réservés au Ppte. La Côte d’Ivoire remonte à la 130ème place. Et puis Ouattara se met au travail, Bacongo gère de grands chantiers de détournements massifs, le gouvernement dilapide l’argent public. Les fonds mis à sa disposition sont détournés soit par les marchés surfacturés de gré à gré, soit par vol pur et simple. La Côte d’Ivoire retombe à la 136ème place en 2013. Chez ces gens-là, on n’aime pas la concurrence, on monopolise le pays.
C’était là une petite leçon de statistiques descriptives à l’attention du plus grand prédateur de fonds publics du gouvernement Ouattara, tristement entré dans l’histoire comme étant le surfactureur mégalomaniaque de la «restauration» des universités et grandes écoles publiques de Côte d’Ivoire. Bacongo est resté jusqu’ici impuni, ce qui signifie qu’il est protégé et a donc des complicités plus haut placées. Chez ces gens-là, il n’y a pas de justice, il y a de l’affairisme.
L’histoire est encore d’actualité et ne tolère aucun révisionnisme, surtout de la part de grands corrompus irresponsables, mais néanmoins responsables de nos malheurs pour parler comme Balla Keita il y a très longtemps déjà. M. Bacongo veut la vérité ? Eh bien ! La voilà, nue et laide.
Yacourwa Koné
Délégué National de LIDER à l’Energie et au Développement durable