Finalement les populations ne comprennent plus l’attitude du président du Front populaire ivoirien. Pendant qu’il demande aux militants d’embarquer dans le train de la réconciliation, ses attitudes ne reflètent malheureusement pas cette volonté.

Pascal Affi N’Guessan

Pascal Affi N’Guessan
AFP PHOTO/SIA KAMBOU

En tournée de mobilisation dans le département de Vavoua, Pascal Affi N’Guessan est monté sur ses grands chevaux, pour demander aux militants de cette ville d’accepter de se réconcilier. En plus d’eux, le président du Fpi invitait tous les acteurs politiques ivoiriens à la réconciliation. « La guerre étant terminée, faisons une réconciliation sincère en libérant tous les Ivoiriens en prison car la prison représente un symbole honteux et dégradant pour un pays comme la Côte d’Ivoire », a plaidé le leader des frontistes. D’autant plus que, pour lui, il est nécessaire que les militants d son parti acceptent de s’inscrire dans une réconciliation vraie. Seule voie, selon le président du Fpi, pour le développement de la Anick-A5Côte d’Ivoire. Qui, selon lui, a besoin d’une véritable force pour permettre la production de la richesse. Une telle invitation ne souffrirait d’aucun doute si elle ne venait pas d’Affi N’Guessan. Malheureusement, elle émane de Pascal Affi N’Guessan qui a fini par convaincre les Ivoiriens sur sa volonté de retarder délibérément le processus de réconciliation des Ivoiriens, après que le pays ait traversé des moments difficiles, à l’issue du second tour de l’élection présidentielle de 2010. En effet, depuis qu’il bénéficie d’une liberté provisoire, le leader de la plus significative des partis de l’opposition ne s’embarrasse pas de fioritures pour dribler les offres de réconciliation proposées par le gouvernement. Pour ce faire, le leader du Fpi s’est hermétiquement barricadé derrière le mur des Etats généraux de la République, pour régulièrement fuir la main tendu des autorités ivoiriennes. Certes, le Front populaire ivoirien s’apprête à rejoindre la table des négociations dans le cadre du dialogue avec le pouvoir, mais cette volonté reste tout de même précaire, quand l’on connaît les manières de fonctionner de Pascal Affi N’Guessan. Dès la première heure, au lendemain de sa sortie de prison et à sa reprise de fonction à la tête du Fpi, celui-ci avait clairement affiché la position de son parti. Qui, selon lui, se résumait à ne prendre part à aucune forme de négociation avec le pouvoir actuel, tant que Laurent Gbagbo et son épouse continuait de croupir en prison. L’un à Scheveningen, le centre de détention de la Cpi (Cour pénale internationale) et l’autre en résidence surveillée à Odienné dans le Septentrion ivoirien. Bien entendu, tel que présenter, Affi N’Guessan continuera de désabuser les autorités et même les populations sur sa réelle volonté d’aller à la réconciliation nationale. Il est bien beau, du haut d’une tribune, de demander aux uns et aux de se réconcilier pour permettre au pays de connaître un développement notable. Mais il serait encore plus heureux pour monsieur Affi de commencer à lui-même donner le ton de cette réconciliation qu’il demande aux autres. Comment peut-on vouloir d’une chose et de son contraire dans le même temps. Pascal Affi N’Guessan accepte, certes d’aller aux négociations avec le gouvernement, mais les nombreuses conditions et exigences du président du Fpi laissent planer le doute sur la réconciliation nationale?

Idrissa Konaté

Source : Le Point d’Abidjan | Samedi 15 au Dimanche 16 Mars 2014