Catherine Samba Panza a été élue présidente de la transition centrafricaine. Elle dirigera le pays jusqu’aux prochaines élections. Maire de Bangui depuis mai 2013, cette femme de 59 ans, mère de trois enfants, s’est forgée une image qui fait aujourd’hui consensus. Tour d’horizon des réactions des diverses forces politiques centrafricaines.
Pour Anicet Georges Dologuélé, ancien Premier ministre de Centrafrique et président de l’Union pour le renouveau centrafricain (U.R.C.A.) « Le choix n’est pas mauvais ». « Madame Samba Panza ne s’est jamais mouillée politiquement, précise t-il. C’est une dame, me semble-t-il assez indépendante d’esprit et qui a déjà eu à gérer des situations difficiles, surtout des situations qui tenaient un peu aux questions d’élection, de réconciliation nationale, de paix. Donc je pense qu’à ce moment de l’histoire du pays elle pourrait apporter beaucoup, à condition d’avoir une bonne équipe autour d’elle, et puis d’être à l’écoute de cette équipe et de faire en sorte que cette deuxième transition se passe de manière apaisée ».
Autre responsable politique, Désiré Kolingba, un des candidats à la présidence de transition, battu par 75 voix contre 53. Il apporte son soutien à la nouvelle présidente. « Tout d’abord le meilleur a gagné, je félicite Madame Samba Panza, assure Désiré Kolingba.Cela a été une joute formidable, mais je pense que c’est un jour nouveau pour la République centrafricaine. Qu’elle sache qu’elle peut compter sur monsieur Désiré Kolimba pour l’aider à trouver les solutions et sortir notre pays des ornières. Qu’elle sache qu’il y a des fils et des filles de ce pays-là qui sont prêts à aider pour pouvoir amener notre pays à sortir de ce chaos ».
L’un des poids lourds de la vie politique centrafricaine, Martin Ziguélé, président du MLPC, estime qu’elle est la personne la mieux placée pour réconcilier la nation à ce stade de la crise. Ce qui caractérique « Madame Samba Panza, c’est sa valeur intrinsèque. C’est une dame qui a démontré dans sa vie de tous les jours qu’elle est une battante, estime Martin Ziguélé. Vous savez, dans nos pays, il est difficile qu’une femme perce jusqu’à ce niveau. Elle a fait des études supérieures, elle a longtemps travaillé dans les « étages supérieurs » des entreprises d’assurance, elle a créé elle-même son entreprise, elle a participé aussi à plusieurs forums dans le cadre de la réconciliation nationale, elle a été nommée maire de Bangui et sans que cela ne suscite aucun commentaire négatif.» Catherine Samba Panza est une personnalité « consensuelle ». « Elle ne cristallise pas des tensions, elle n’est pas clivante, comme on a l’habitude le dire aujourd’hui », ajoute Martin Ziguélé.
Enfin, « Elle aura beaucoup d’atouts pour poursuivre et achever le désarmement, travailler à la réconciliation, apporter des réponses concrètes à la crise humanitaire. Et comme disait le présent Mao : ‘La femme c’est la moitié du ciel’ » conclut Martin Ziguélé.
Seleka et anti-balaka également favorables à Catherine Samba-Panza
Le coordonateur de l’aile politique du mouvement anti-balaka en Centrafrique, Lévy Yakétéapplaudit lui aussi l’élection de Catherine Samba Panza à la tête de la transition. Pour lui, le Conseil national de transition a fait preuve de patriotisme.Le général Ousman Mahamat Ousman, de la Seleka, lui apporte également son soutien.
« Personnellement je suis très satisfait. Et l’ensemble de la coalition Seleka est satisfaite, y compris tout le peuple centrafricain. La coalition Seleka, ses combattants, ses hommes politiques, vont soutenir cette future présidente dans le cadre de la paix, dans le cadre du maintien de l’ordre et du développement de notre pays. Donc, c’est une élection qui porte un grand changement, un apaisement total en Centrafrique. Et nous le souhaitons, notre mission est de construire la paix. Notre mission est de soutenir la nouvelle présidente jusqu’à la fin de sa mission ».
Lévy Yakété demande à ses partisans de continuer à respecter un cessez le feu et d’œuvrer à la paix civile. Il annonce par ailleurs son retour prochain en République centrafricaine. « Nous réitérons le cessez-le-feu que nous avons décrété depuis la démission de monsieur Djotodia et de monsieur Tiangaye. Et nous avons appelé nos combattants à observer strictement le cessez-le-feu, jusqu’à ce que le processus de réintégration des éléments des forces armées centrafricaines soit mis en œuvre et que, également, le processus de cantonnement de nos combattants en vue de leur réinsertion soit engagé.»
« Le peuple a assez souffert. Nous devons travailler dans le sens d’alléger aujourd’hui la souffrance du peuple centrafricain, de rétablir la concorde nationale » ajoute Lévy Yakété.