Locomotive du football féminin ivoirien, Estelle Josée Nahi qui évolue depuis une saison au Spartak Subotica de Serbie soulève un coin du voile sur ses ambitions et sa carrière.
Qu’est-ce qui explique votre présence à Abidjan alors que vous évoluez depuis l’année dernière, au Spartak Subotica de Serbie ?
Nous avons terminé la saison depuis quelque temps. Je suis en vacances. J’ai donc profité de ces moments pour venir voir la famille et les amis. Par ailleurs, mes vacances coïncident avec les prochaines éliminatoires de la Can 2014. Je suis donc à la disposition de la sélection pour le match contre le Mali. Je suis aussi venue soutenir des amies comme Ange Koko, la meilleure joueuse à la cérémonie d’excellence à la Fif.
Comment vivez-vous en Serbie avec votre club Spartak Subotica ?
C’est l’Europe ! Ma “sœur” Inès et moi faisons tout pour relever le défi. Les choses se déroulent bien pour nous. Nous tirons notre épingle du jeu. Nous sommes les ambassadrices de la Côte d’Ivoire dans ce championnat. Nous faisons en sorte de donner une bonne image de notre pays, notre football afin de permettre une ouverture aux autres coéquipières et joueuses en quête de contrat. C’est une fierté de nous retrouver dans ce pays et d’être les premières Ivoiriennes à jouer à ce niveau. Nous sommes appréciées de nos dirigeants. Ce qui nous oblige à redoubler d’effort.
Vous étiez la meilleure buteuse du championnat avant votre départ. Avez-vous toujours cette même performance en Serbie ?
Bien sûr. Je suis la 2e meilleure buteuse du championnat serbe avec 14 buts contre 18 pour la première (une joueuse européenne.)
Quelle différence ya-t-il entre le championnat ivoirien et le championnat serbe ?
Il y a plus de moyens et d’engouement autour du football féminin en Serbie. La population adore ce sport qui occupe une place prépondérante. Il y a aussi une bonne organisation. Nous avons du talent en Côte d’Ivoire mais pas de moyens financiers. Nous avons les capacités de nous comparer au football de là-bas au niveau des ressources humaines et de la technique. Maintenant, il reste à trouver les moyens financiers. En Serbie, tout est bien géré. Avec le travail qu’abat actuellement la Commission, féminine dirigé par Berthe Adou, nous espérons avoir les moyens pour être à la hauteur des Européennes.
Avez-vous éprouvé des difficultés pour vous adapter ?
Cela n’a pas été facile, mais nous nous sommes accrochées. Nous étions tristes d’avoir quitté notre pays, nos amies. Nous avons été épaulées par une coéquipière camerounaise. Outre cette dernière, nous avons bénéficié du soutien de nos amies restées au pays. Elles nous ont encouragées à tenir bon. Les coaches et dirigeants d’ici et de là-bas en ont fait autant. Cela nous a remonté le moral et permis de travailler sans relâche et d’atteindre un bon niveau.
Après une saison au Spartak Subotica, quel regard jetez-vous sur le football professionnel et quels sont vos plans pour l’avenir ?
C’est un bon football de niveau élevé. Nous avons le même football. On peut même dire que nous avons plus de talents sous nos cieux que là-bas. Eux, ils ont les moyens de faire la formation. J’ai un contrat de deux années. Je viens de terminer une saison. Je continue de travailler. On verra le reste après.
Vous avez pu être dénichée grâce à vos performances à la Can. Quelles sont vos objectifs cette année par rapport à cette compétition ?
Je suis ici pour donner le meilleur de moi-même. Je ne vais pas avoir des airs de supériorité par rapport à mon nouveau statut. Inès et moi allons donner l’exemple pour que nous puissions nous qualifier pour la phase finale. Pour le moment, nous avons les yeux rivés sur le Mali.
Que savez-vous de cette formation du Mali ?
C’est une bonne équipe que nous respectons. Elle part avec la faveur des pronostics, parce qu’elle a, à plusieurs reprises, battu la Côte d’Ivoire. Ce n’était pas notre génération. Nous allons montrer un autre visage des Eléphantes. Nous sommes aujourd’hui une génération plus expérimentée que celle d’avant, du coach Touré Clémentine aux joueuses. Nous allons faire une belle prestation et montrer un autre visage au Mali.
Première professionnelle du football féminin ivoirien, quels sont les sentiments qui vous animent et quels conseils pouvez-vous prodiguer aux joueuses de Côte d’Ivoire ?
C’est une fierté et une grande joie. Mais, en même temps, une grande responsabilité. Je dois travailler davantage pour aller de l’avant. C’est le travail qui paye. J’ai suivi les traces de mon aîné Bobley Anderson qui était à l’Afad. Je demande à mes amies de travailler, si elles veulent embrasser une carrière professionnelle.
INTERVIEW RÉALISÉE PAR ÉLISABETH GOLI