Konan Banny

Le Président de la Commission Dialogue, vérité et réconciliation (CDVR), Charles Konan Banny, a animé une conférence de presse, le lundi 30 décembre 2013, à son cabinet privé à la Riviera. Quelques grandes lignes de sa déclaration liminaire: La fin de l’année 2013 est marquée à la fois par la commémoration du vingtième anniversaire de la mort de Félix Houphouët-Boigny et par l’apothéose post-mortem de Nelson Mandela. Ces deux figures de héros nous invitent au dialogue, à la paix et à la réconciliation. La démarche de la CDVR s’est appuyée sur les résultats de ces consultations nationales organisées autour de sept (7) thématiques dont voici les premiers résultats en attendant une prochaine divulgation à grande échelle : 1 -A la question : « quelle est la période que la CDVR doit prendre en compte pour mener ses enquêtes ? »: Les populations de Côte d’Ivoire ont indiqué la période de 1990-2011. Cette profondeur historique correspond, pour 1990, à la réinstauration du multipartisme et pour 2011, à la crise postélectorale. Les populations souhaitent que la lumière soit faite sur tous les événements sociopolitiques survenus dans cette période, c’est-à-dire les violations liées aux évènements de : 1990,1992, 1995, 1999, 2002, 2004, 2006, 2010 et 2011. 2-) A la question « quelles sont les types de violations que la CDVR doit retenir pour ses travaux ? » Les populations en ont relevé quatre (4) catégories. Ce sont : -les atteintes à la vie (96%), c’est-à-dire les cas de violations ayant entraîné la mort – les atteintes aux droits économiques (80,2%), c’est-à-dire les cas d’expropriations, vols, pillages, -les atteintes à l’intégrité physique et morale (73,3%) et les atteintes à la liberté(42,6), c’est-à-dire les cas de violences physiques et morales 3-) Au titre de l’importance qu’elles accordent à la repentance au pardon et à la justice : Les populations ont indiqué que le pardon des victimes doit être motivé par un repentir sincère des auteurs de violations. Selon elles, c’est la seule voie pour que la réconciliation soit effective et sincère. En outre, elles indiquent le pardon n’exclut pas l’action de la justice. Elles précisent que cette justice doit être rendue de façon équitable. 4-) A la question : « quelles formes de réparations souhaitent les ivoiriens ? » Les populations en ont proposé deux types. Qu’elles soient individuelles et/ou collectives : Il s’agit -Des réparations morales (prise en charge psychologique, excuses publiques, réhabilitation, hommage aux victimes) et -Des réparations matérielles (indemnisation, restitution des biens 5-) A la question : « la réconciliation est-elle possible en Côte d’Ivoire ? » Les Ivoiriens répondent par l’affirmative. Ils soutiennent (83%) que la réconciliation est possible. Ils y croient même s’ils ont conscience qu’elle sera difficile. Ils souhaitent que le recours au dialogue soit permanent dans la recherche de solutions aux différends politiques. 84% des populations adhère au processus de réconciliation en cours. 6-) Au titre des changements à opérer c’est-à-dire, des réformes institutionnelles à mener, Les populations proposent des reformes institutionnelles en profondeur. Ces changements concernent les secteurs de la – justice(72% des ivoiriens soutient qu’elle est corrompue), – l’administration publique nationale, -les forces armées et de sécurité(77,1% des sondés pense que les forces de défense et de sécurité sont corrompues et politisées) , -la presse (63% des ivoiriens pense qu’elle est partisane), -l’école ivoirienne (66,5 % des ivoiriens estime que l’école a baissé de niveau, 57% des populations pense qu’elle corrompue…), -la politique de gestion du Foncier (81% des ivoiriens affirme que le foncier est mal géré), -la gestion de l’économie nationale (74% des ivoiriens estime que la vie est chère) et la gestion des affaires publiques (60% estime que les richesses nationales sont mal reparties.) Les changements souhaités sont en rapport avec la promotion de nouvelles politiques, fondées sur des valeurs d’honnêteté, de compétence, de transparence, d’indépendance, de bonne gouvernance, de justice, d’équité et de solidarité… 7-) enfin, à la question « croyez-vous en l’avenir de la Côte d’Ivoire ? » Plus de 80 % des populations croit en l’avenir prospère de la Côte d’Ivoire(…)

Source: APA