Par Frank Toti
(Le Nouveau Courrier, 25 octobre 2013) – Le temps de grâce semble être terminé pour le régime Ouattara. Qui jouissait encore il y a quelques mois d’un soutien aveugle de la communauté internationale, enfin de ses officines. Les rapports et dénonciations contre Ouattara et son gouvernement s’enchainent à un rythme effréné. Au point d’agacer l’ami personnel et filleul de Nicolas Sarkozy.
La lune de miel entre celui qui avait été proclamé vainqueur par la Communauté internationale, Alassane Ouattara, et ses soutiens semble virer progressivement au vinaigre. Tant les gestes d’agacement de ses soutiens se multiplient et sont perceptibles. Les rapports contre le régime Ouattara s’amoncellent et s’enchainent. Il y a quelques mois, Amnesty international attirait l’attention de la communauté nationale et internationale, dans un rapport, sur la justice des vainqueurs qui était pérennisée sous Ouattara, avec un titre assez évocateur «Côte d’Ivoire : la loi des vainqueurs». Cette organisation qui semblait prêcher seule dans le désert, est rejointe dans ce qu’elle dénonçait par la plupart des organisations internationales de défense des droits humains. Notamment, Human rights watch et la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), dont le président était récemment à Abidjan.
En effet, la Fidh vient de produire un dernier rapport, intitulé «Cote d’Ivoire : la lutte contre l’impunité à la croisée des chemins » et dans lequel l’organisation dénonce la justice sélective pratiquée par le régime Ouattara qui prétend pourtant lutter contre l’impunité d’une part et une «situation politique toujours extrêmement polarisée » d’autre part.
Un rapport accablant des experts de l’Onu Quelques jours seulement avant ce rapport à charge de la Fidh contre le régime Ouattara, ce sont les experts indépendants de l’Onu qui produisait un rapport-brulot contre le régime d’Abidjan. Dans lequel Ouattara et son ami Compaoré, le président du Burkina Faso, étaient cités dans un trafic d’armes illégal. Comme l’armement en provenance du Brésil pour une commande de la président du Burkina Faso et qui finalement a atterri entre les mains des Frci ; notamment à Sinématiali et Danané. Dans ce même rapport-camouflet, l’Onu a exigé à demi-mot l’inculpation des ex-chefs de guerre qui continuent de bénéficier de la protection de leur mentor, Alassane Ouattara. Les experts ont dénoncé l’impunité dont continue de jouir les ex-chefs de guerre des Forces nouvelles, placés aujourd’hui à des postes stratégiques au sien des Frci. Quand on sait que la Cpi a dans son viseur quelques-uns de ces ex-chefs de guerre, dont certaines indiscrétions dévoilent déjà des mandats d’arrêts sous scellés à leur encontre.
Situation peu reluisante des droits de l’homme
Les victimes du camp de Nahibly attendent toujours les résultats de l’enquête diligentée il y a un an. Et pourtant, Alassane Ouattara avait promis justice. Malheureusement, les présumés auteurs et/ou responsables du massacre de Nahibly, dont le commandant des Frci de Duekoué à l’époque des faits, Koné Daouda dit Konda s’est retrouvé dans les effectifs du CCDO. Les organisations des droits de l’homme ont maintes fois dénoncé les conditions de détentions des prisonniers politiques en particuliers. Avec les cas de Jean Yves Dibopieu, tombé malade à la suite de tortures morales et de Blé Goudé dont les avocats n’ont aucune nouvelle. L’Onu vient de dépêcher l’expert onusien, Doudou Diene, qui est à sa (e mission d’évaluation des droits de l’homme en Côte d’Ivoire. Lequel a ouvertement demandé la mise en liberté de Mme Simone Gbagbo, après deux ans de détention arbitraire. «Le fait que ceux qui sont actuellement poursuivis relève d’un seul camp perturbe l’ensemble du climat politique et judicaire », avait diplomatiquement relevé l’expert onusien.
Autant de dénonciations et de rapports qui accablent cruellement le régime Ouattara. Et montre chaque jour un peu plus le véritable visage d’une dictature qui s’est installée en Côte d’Ivoire un après-midi du 11 avril 2011. Le régime Ouattara tente maladroitement de se défendre de ses tirs groupés contre lui, sans pouvoir réussir à cacher l’implacable vérité. Les agissements du régime qui ressemble à un états-policier, agacent un peu plus la communauté internationale qui ne saurait s’accommoder longtemps d’une telle situation. Est-ce le début d’un lâchage ?