Le continent africain a depuis toujours été le théâtre d’inconscience, d’excès et d’ignominie à tous les niveaux qu’à ce jour, il est très difficile pour nos contemporains d’en avoir une image saine, respectable ou attrayante, sous quelque forme que ce soit. Parler d’Afrique renvoie de suite à la famine, la misère, les fratricides, les coups d’état ou bien la démission pure et simple des gouvernants, de l’Etat, face aux besoins élémentaires d’un peuple qui désormais évolue dans un cadre où la nature a pourtant tout pourvu afin de savourer les vrais délices dignes d’un paradis terrestre.
De tout temps, le plus vieux continent est mis à mal du fait que le gain facile attire de plus en plus des individus, des groupements fortement organisés, pleins de malice et de cruauté, plus que jamais déterminés à se servir sans scrupule, sans partage ni humanisme, lesquels s’activent depuis des siècles sur une Afrique toute ouverte, hospitalière, amicale, complaisante, naïve, perméable et malléable à la fois. Spoliée, exploitée et de plus en plus polluée, la belle Afrique est en phase de perdre un peu de son arôme, de son âme aussi. Pourtant et à bien voir les choses, l’espoir semble demeurer, même dans ce cas précis où plus rien n’est ou ne semble être une éventualité. C’est bien l’inattendu, l’imprévu, la petite inconnue, le miracle du moment inespéré, du temps qui passe et qui s’active en complicité avec l’action vibratoire ou l’ardent désir perpétuel qui anime puis commande la vie. Tant qu’il y a la vie, dit-on d’ailleurs, il y a de l’espoir ! L’Afrique, dans une dynamique d’espoir ? Pourquoi pas ! Tous les signaux semblent s’être mis en branle sur une échelle mondiale. L’Afrique affiche un essor spectaculaire, forte de tous ses atouts. Elle est l’ainée ; c’est le plus vieux continent, la grande sœur, la mère !!
Seulement et pour l’Afrique, il faut bien se montrer circonspect et se prononcer avec maturité. En effet, malgré ses nombreuses et profondes blessures séculaires puis ses traumatismes flagrants accumulés, il semble légitime de s’interroger. Quel type d’espoir peut-on escompter pour ce continent mis à genoux, à feu et à sang, gisant désormais en lambeaux ? Comment cet espoir peu escompté peut-il se concrétiser ? Pour qui, par qui et à partir de quand ?
Loin d’adopter la langue de bois qui, sur la grande place a fini par acquérir ses lettres de noblesse et qui de tout temps, sait tirer davantage la couverture de son côté, même dans des causes perdues ou des situations chaotiques, cantonnant les peuples dans des espoirs et espérances illusoires, le propos qui nous anime ici s’attelle foncièrement au vrai problème et à travers des bonnes et vraies questions ; savoir se les poser est un pas de géant que l’on effectue vers des solutions; y faire pleinement face concrétise le début des résolutions escomptées. Se poser les vraies questions sans détour, c’est aussi afficher un élan qui vise à toucher le mal par la racine, non pas tenter de soulager le simple symptôme apparent par des caresses, des promesses à travers lesquelles on espère encore, bien souvent dans la paresse la plus déconcertante puis également la faiblesse des résignés, à cause de ce sempiternel recours au baume anesthésiant : l’action virtuelle qui ne démarre jamais.
De prime abord, il nous revient le devoir impérieux de procéder avant tout à une réelle prise de conscience des masses; autrement dit mettre en place des structures qui favorisent l’éveil du public en cause. Avant toute initiative ou toute entreprise, il convient d’abord de s’asseoir afin de calculer la dépense. Toute construction ou chaque prise en charge commence inévitablement par une forme de prise de conscience. Noter et nommer les faits, considérer ses failles, ses manquements et les erreurs du passé afin de s’employer à combler toutes ces lacunes pour enfin se jurer de les éviter, les surmonter, se dépouillant de toutes les artifices, les tentations et tous les pièges qui nous mènent droit à la stagnation, à l’égocentrisme, à la cruauté, à l’inconscience, à la bêtise ambiante, laquelle sévit sur l’Afrique dans toute sa splendeur. Tel est l’objectif de celle et de celui qui ont pris bel et bien rendez-vous avec l’édification, la construction, l’avenir, bien loin de tous ceux qui s’agitent, se trémoussent et se précipitent dans la destruction, la désolation, la misère humaine.
D’ores et déjà, il revient à chaque membre de la communauté de prendre connaissance de tous les aspects de la situation qui préoccupent les peuples d’Afrique afin de pouvoir être à même d’éduquer puis d’élever les consciences pour se résoudre à se tenir à une ligne de conduite positive, constructive, mature, bénéfique. ‘‘ Ils réalisèrent qu’ils étaient nus puis s’activèrent à se couvrir à l’aide des feuilles d’arbre…’’
La prise de conscience se fonde principalement sur une reconsidération de soi-même d’abord, et de ce fait, il est capital sinon urgent de plonger notre regard, notre attention dans notre passé commun, ce qui, pour une quête bénéfique, me semble à la fois nécessaire, essentiel, primordial et salvateur: qui sommes-nous ? Qui étions-nous ? Comment en sommes-nous arrivés là ? Que nous faut-il ou que recherchons-nous ? A quoi aspirons-nous en tant que communautés, en tant que peuples ?
Tel est et devrait être le cheminement à suivre pour une reconsidération de la situation africaine dans toute sa complexité. L’objectif est de pouvoir aboutir à une renaissance tant rêvée, tel le sphinx qui réapparaît ou ressurgit de ses cendres et qui assurément va savourer l’idylle : la quiétude, la paix et la joie de vivre sur un continent qui aurait cure de ses séquelles du passé dès lors que sa jeunesse et son élite seraient tonifiés et mus par un objectif commun, celui de la reconstruction, de l’équité, de l’égalité des chances et de la considération mutuelle entre individu et vis-à-vis de l’étranger. Ce dernier resterait toujours un hôte digne de tout égard, tant que son élan, ses mobiles resteraient dignes d’un être humain responsable, aimable, respectable, pondéré ; un partenaire, un collaborateur, un contemporain judicieux, respectueux, pour être naturellement respecté.
Alors, l’Afrique n’aurait dès lors plus besoin de partir nulle part mais simplement de cueillir à la portée de sa main ce dont elle a besoin, ce dont elle a de tout temps été privée puis de se mettre savourer la manne en son sein, dans la paix et la fraternité universelle, en opposition à l’atmosphère actuelle digne de la loi de la jungle.