(Notre Voie, 16 août 2013) – « L’heure de vérité est venue. Moi, dans mes années d’étudiant, je suis allé en prison 5 fois. Chaque fois que j’allais en prison, quand j’arrivais là-bas, c’était au nom de Gbagbo. Qui parmi vous est allé en prison pour Gbagbo ? Que quelqu’un lève le doigt. Je regarde ». Ces propos de Guillaume Soro Kigbafori ont contrarié la chaleur qui a entouré son arrivée, hier, jeudi 15 août, à Gnagbodougnoa, dans le canton Guébié. Soro qui est à Gagnoa, dans le cadre d’une invitation des chefs traditionnels du département, a demandé aux populations du canton Guébié de pardonner et de s’inscrire résolument dans la réconciliation et la paix. « J’ai pris votre route. Mais ça, ce n’est pas une route. C’est ça qui doit vous préoccuper. Ceux qui vous disent : n’allez pas à la paix, n’allez pas à la réconciliation, qu’ils viennent voir votre route (…) », a-t-il soutenu. Répondant ainsi aux sollicitudes de Cyprien Dadi Koudou, 4ème vice-président du conseil régional et d’Augustin Dougrou, député de Gagnoa sous-préfecture. Le chef de l’ex-rébellion armée pro-Ouattara devenu président de l’Assemblée nationale a ensuite bombé la poitrine en ces termes : «ceux qui vous disent : restez là-bas. Alassane Ouattara, on va le faire tomber bientôt. C’est un beau rêve. Mais on peut rêver 20 ans, on peut rêver 30 ans et pendant 30 ans, qu’est-ce que vous devenez ? Qu’est-ce que vous faites ? La Côte d’Ivoire, c’est notre bien à tous. Parce que les gens, ils parlent. Moi, aussi, je peux parler (…) ». Guillaume Soro a, par ailleurs, confié à ses hôtes qu’il est venu pour la réconciliation. Avant d’ajouter : « au moment où dans les années 92, 93 et 94, j’allais en prison, est-ce que j’étais Bété ? Je n’étais pas Bété. Dans mon propre village, au nord, tout le nord, tous étaient Pdci. On m’a exclu de mon village. Est-ce que j’étais Bété. Arrêtez le tribalisme (…) C’est en nous mettant ensemble que nous allons résoudre les problèmes. Mais non en montant les uns contre les autres », a-t-il indiqué.
Alors que les populations s’attendaient à ce que l’invité des chefs traditionnels parle du président Laurent Gbagbo et de Blé Goudé, il dira comme pour les narguer, qu’il ne demande à personne d’aimer Alassane Dramane Ouattara ou de ne pas l’aimer. « C’est lui le président. Demain, quand un autre sera président, nous nous mettrons au garde-à-vous devant lui. Mais pour l’heure, c’est Alassane qui est président », a-t-il déclaré.
Quelques heures plus tôt, dans la matinée, Soro a été accueilli devant la préfecture de Gagnoa par les autorités administratives et politiques de la région du Goh ainsi que ses partisans.
De notre envoyé spécial Robert Krassault