I : FAITS
Du 2 au 8 juillet 2013, M. Alassane Dramane Ouattara, chef de l’Etat, a effectué une visite d’Etat dans le Nord de la Côte d’Ivoire. Cette visite a été ponctuée de meetings à chacune des étapes, dont celles de Ferkessédougou et de Korhogo, qui ont particulièrement retenu l’attention du Front Populaire Ivoirien.
En effet, au cours des meetings dans ces deux localités, le chef de l’Etat a tenu certain propos, notamment ceux ci-dessous, sur lesquels le Front Populaire Ivoirien voudrait s’arrêter.
1) « (…) Bien sûr, SORO a estimé à un moment donné que nous les anciens étions engagés dans une voie qui, peut – être, allait prendre trop de temps pour faire aboutir notre combat. Il a fait preuve de courage, il a fait preuve de sacrifice (…) »
2) « (…) SORO a fait preuve de courage, de sacrifice et il s’est battu pour que les populations du Nord puissent recouvrer leur dignité par la nationalité ivoirienne (…) »
3) « ….au milieu de mes parents, je voudrais, une fois de plus, lancer un appel et inviter nos frères du FPI à entrer dans le processus de Paix… »
4) « ….il faut que le FPI…….ait la force de demander pardon aux victimes et aux parents des victimes… » Extraits du discours du 08/07/2013 à Korhogo.
Ces propos jamais démentis, tels que rapportés par la presse, appellent de notre part quelques commentaires.
II / ANALYSE :
Par ces propos, M. Alassane Ouattara qui a toujours nié son implication directe dans la rébellion, vient de faire plusieurs aveux aussi scandaleux qu’inacceptables :
1) Pour la première fois, M. Alassane Dramane Ouattara lui-même confirme les affirmations de Koné Zakaria à Kani selon lesquels « nous avons pris les armes pour que Alassane soit président » ;
2) Alors qu’il donne à croire à ses soutiens internationaux qu’il est un démocrate patenté, M. Alassane Dramane Ouattara, en rendant un vibrant hommage à Soro Guillaume et sa rébellion, démontre clairement sa préférence pour la prise du pouvoir d’Etat par la force et son opposition à la lutte politique pacifique, crédo du FPI, qui « met trop de temps à aboutir » ;
3) M. Alassane Dramane Ouattara, le chef de l’Etat garant de l’unité nationale, en justifiant une lutte armée à caractère tribal, ethnique et régional dont la finalité était de permettre « aux populations du Nord de recouvrer leur dignité par la nationalité ivoirienne », porte un coup fatal à la cohésion nationale. Pire, sur cette base ethnique et régionale, M. Alassane Dramane Ouattara demande, avant l’heure et en violation, une fois de plus, de la Constitution, le suffrage à 100% de ses « parents du Nord » pour l’élection présidentielle de 2015 ;
A l’évidence, ces propos de M. Alassane Dramane Ouattara dans le Nord de la Côte d’Ivoire, loin de favoriser le dialogue et la cohésion nationale, sont aux antipodes de ceux qui auraient pu appeler les Ivoiriens (toutes tendances confondues) à ramer dans le sens d’une réconciliation sincère, après la sévère crise politico-militaire que nous avons tous douloureusement vécue.
A l’inverse, le FPI – que M. Alassane Dramane Ouattara tente maladroitement de présenter comme un parti coupable de violences à l’encontre des Ivoiriens – peut se vanter d’avoir posé des actes de paix depuis au moins l’an 2000.
En effet, c’est bien le président Laurent GBAGBO et son parti, le Front Populaire Ivoirien qui, fidèles à leur crédo « asseyons-nous et discutons » :
– En 2001, ont organisé le Forum de la réconciliation nationale pour permettre à messieurs Alassane OUATTARA et Henri KONAN Bédié de mettre fin à leur exil volontaire ;
– En 2002, ont proposé le dialogue à la rébellion armée d’Alassane OUATTARA et de SORO Guillaume, comme moyen de sortie de la crise ivoirienne ;
– En 2004, ont fait voter par le parlement, une loi d’amnistie pour permettre aux rebelles de rentrer dans la République ;
– En 2005, ont actionné l’article 48 de la Constitution Ivoirienne pour permettre à messieurs Alassane Ouattara et Henri KONAN Bédié d’être candidats à titre exceptionnel à l’élection présidentielle de sortie de crise ;
– En 2007 : Signature de l’Accord Politique de Ouagadougou à l’initiative du Président Laurent GBAGBO ;
– En Décembre 2010, ont proposé le recomptage des voix ;
– En Septembre 2011, ont sollicité le dialogue direct avec le pouvoir issu du coup d’Etat du 11 Avril 2011 pour la normalisation de la situation sociopolitique.
Ce qui n’est pas le cas pour monsieur Alassane Dramane Ouattara et son parti, le RDR, qui depuis leur avènement sur la scène politique ivoirienne sont dans une posture de violence, de haine religieuse, de guerre, de division et de falsification des faits et d’irrespect des lois. Pour l’affirmer, le FPI s’appuie sur les faits suivants :
– En 1999, à Paris, M. Alassane Dramane Ouattara déclare : « On ne veut pas que je sois candidat parce que je suis musulman et du Nord. »
– En 1999, parlant du régime Bédié : « …je frapperai ce pouvoir moribond en temps opportun et il tombera… » ;
– En 2002, à Bouaké, M. Alassane Dramane Ouattara dit : « …il n’y aura plus d’élection sans moi. S’ils veulent qu’on mélange le pays, on va le mélanger» ;
– Le 18 Septembre 2002, la branche armée du RDR tente un coup d’Etat qui se mue en rébellion armée dirigée par SORO Guillaume, candidat aux élections législatives de 2000 à Port-Bouët pour le compte du RDR ;
– Cette rébellion a causé: L’assassinat du Ministre d’Etat BOGA Doudou, dans la nuit 18 au 19, les officiers supérieurs de l’armée ivoirienne , notamment : DALLY Oblé, DAGROU Loula…, le massacre de 57 gendarmes et de leurs familles à Bouaké , Le massacre des danseuses « d’ADJANOU » de Sakassou, les tueries par étouffement dans des conteneurs à Korhogo ,le massacre de civils à Guitrozon et Petit Duekoue , les viols collectifs des femmes et des tueries de civils dans la plupart des villes tenues par la rébellion ;
– En Décembre 2010 : Monsieur Alassane OUATTARA s’autoproclame président de la République et auto organise par écrit sa prestation de serment qui d’ailleurs sera déclarée nulle et de nul effet par le Conseil Constitutionnel en sa séance du 22 Décembre 2010 ;
– En 2011 : le massacre de plus d’un millier de Wê à DUEKOUE, les 29 et 30 Mars;
– Le Lundi 11 Avril 2011, les forces armées internationales coalisées que sont l’armée française de Nicolas SARKOZY, l’ONUCI, appuyés par les mercenaires de la sous région et les rebelles de monsieur Alassane Ouattara et de SORO Guillaume renversent par coup d’Etat le régime du président Laurent GBAGBO, démocratiquement réélu et investi par le Conseil Constitutionnel, le Samedi 4 Décembre 2010.
– En 2012 : le massacre des déplacés du camp de Nahibly, le 20 Juillet Au regard de tout ce qui précède,
III / POSITION
1) Le Front populaire Ivoirien considère qu’en tenant de tels propos dangereux, M. Alassane Dramane Ouattara ne se comporte pas en chef d’Etat, mais reste conforme à son statut réel de chef de guerre ayant remporté une bataille au bénéfice de sa seule et unique tribu ;
2) Le Front Populaire Ivoirien s’indigne et condamne avec la plus grande fermeté de tels propos de nature à creuser, artificiellement, un grand fossé entre les Ivoiriens du Nord et leurs frères et sœurs des autres régions du pays ;
3) Le FPI invite instamment les frères et sœurs du Nord à sortir de leur mutisme et à dénoncer vigoureusement les propos dangereux de monsieur Alassane Dramane Ouattara qui mettent à mal la cohésion nationale ;
4) Le Front Populaire Ivoirien, se souvenant du même genre de propos tenus en 1999 à Paris par le même Alassane Dramane Ouattara : « On ne veut pas que je sois candidat parce que je suis musulman et du Nord », est fondé à considérer ce dernier comme le principal responsable de l’introduction de la violence et de la division dans la vie sociopolitique en Côte d’Ivoire ;
5) Le Front Populaire Ivoirien, appelle les militants du R.D.R à se détourner définitivement de cette conception génératrice de conflits ethno religieux inacceptables ;
6) Le FPI tient M. Alassane Dramane Ouattara pour unique responsable de tous les dérapages qui pourraient découler de ces propos et agissements ;
7) Le Front Populaire Ivoirien interpelle la communauté nationale et international afin qu’elles tirent toutes les conséquences du comportement de M. Alassane Dramane Ouattara qui achève de convaincre sur son attitude sectaire basée sur la religion, l’ethnie et la région et qui constitue la preuve patente qu’il ne peut pas gouverner la Côte d’Ivoire de tous les Ivoiriens.
Fait à Abidjan, le 24 juillet 2013
Le Comité Central