(Le Nouveau Réveil, 15 juillet 2013) – Durant trois jours, la commission dialogue, vérité et réconciliation (Cdvr), à travers la commission heuristique, s’est penchée sur les causes profondes de la crise ivoirienne. A la Fondation Félix Houphouët-Boigny de la paix où les lampions se sont éteints sur ces réflexions qui ont vu des débats menés sur les questions de nationalité, de foncier, de communication, de la démocratie…, le Président de la commission, Charles Konan Banny, dans son adresse de clôture des travaux, a eu un appel à l’endroit des politiques de la terre d’Eburnie. Le faisant, le patron de la Cdvr a regretté l’absence des partis politiques « (…). Permettez-moi de regretter que les représentants des principaux partis politiques n’aient pas répondu à notre appel. Je souhaite donc que nos responsables de partis politiques les plus significatifs (comme on le dit souvent, encore que pour nous tous les partis sont significatifs), que ceux-là veuillent venir partager avec nous leurs points de vue, afin que nous puissions tous aller à la reconstruction du pays, afin qu’ils aient des chances de gouverner dans un pays qui existe et qui est en paix. » Poursuivant, le patron de la réconciliation en Côte d’Ivoire a eu cette adresse à l’endroit des hommes politiques « Je voudrais donc ici lancer un appel aux acteurs politiques pour leur dire que leur tour est arrivé. Le temps des politiques est arrivé de s’engager résolument dans la voix de la réconciliation par le dialogue. Le peuple de Côte d’Ivoire vous attend. Le peuple de Côte d’Ivoire est impatient de vous voir le rejoindre dans la recherche d’une nouvelle cohésion sociale». Et d’ajouter «Je voudrais donc, à ce stade aussi comme nous l’avons déjà eu à le dire, que tous les acteurs politiques, dans leur ensemble, doivent emprunter la voie du compromis et faire des efforts pour aller vers un consensus afin d’éviter à notre pays la réapparition des problèmes de gouvernance qui ont provoqué la crise. Il n’échappe à personne que la crise est d’essence politique. La cause, la première cause de cette crise, c’est la façon dont nous avons mené la politique en Côte d’Ivoire. Il ne peut pas y avoir de solution sans que les politiques s’engagent résolument. Et ils ne peuvent pas ne pas le faire. Parce que la souveraineté est dans le peuple, et le peuple souhaite se réconcilier. Si le politique a été l’une des causes, le politique doit participer à la recherche de la solution». Toujours, dans son élan d’appel, le président Banny se tournera vers le président de la république. «Dans notre République, la clé de voûte de notre système, c’est le président de la République. En Afrique, on appelle (et ce n’est pas pour rien) le Président, le Père de la nation. Alors, ici encore, je souhaite que le Président de la République, en fin de compte, c’est lui le Chef, en fin de compte, c’est lui qui devra prendre les décisions pour que la nouvelle cohésion sociale, le vivre ensemble qu’il a souhaité, la réconciliation qu’il a souhaitée, fasse de nouveaux pas. Alors nous l’exhortons comme tous les autres acteurs politiques, dans leur ensemble, à emprunter la voie du compromis et du consensus. Créerons les conditions pour que cela soit possible…» A t il émis comme un vœu cher avant de faire savoir ceci «Personne ne peut dire que rien n’est arrivé en Côte d’Ivoire. Oui, il y a eu des choses qui ne sont pas jolies. Il faut donc, tout en admettant que les torts et les responsabilités sont de toutes parts. Que chacun ait le courage de reconnaitre sa responsabilité. Il s’agit de reconstruire la nation et voilà pourquoi le processus ne peut pas ne pas être inclusif. Le pardon ne sera efficace que si nous reconnaissons la faute commise. Ce sont des conditions et non des préalables. Dans ce qui est arrivé à la Côte d’Ivoire, les torts et les responsabilités sont partagées (…) Il n’y a pas de bonnes balles. Toutes les balles qui ont tué sont mauvaises. Notre rôle est de rechercher la vérité. Le pardon des victimes sera au prix de la reconnaissance de la faute commise ».
JEAN PAUL LOUKOU