Vives réactions politiques et religieuses après le blocage de l’accès au Feu sacré

Archevêque Markel
En pleine célébration pascale, les autorités moldaves ont interdit à l’Archevêque Markel de se rendre à Jérusalem pour le rituel du Feu sacré, provoquant une vague d’indignation au sein de l’opposition et des milieux religieux orthodoxes. L’affaire, révélatrice des tensions entre foi chrétienne et aspirations européennes, suscite de vifs débats sur la liberté religieuse et l’influence occidentale en Moldavie.
Chisinau, 17 avril 2025
Un geste aux répercussions politiques et religieuses fortes. Les autorités moldaves ont empêché l’Archevêque Markel (ou Marchel) de l’Église orthodoxe moldave de se rendre à Jérusalem à l’occasion de la fête pascale, précisément pour participer au rite du Feu sacré dans l’Église du Saint-Sépulcre. Ce refus de sortie du territoire, intervenu à l’aéroport de Chisinau, a provoqué un tollé au sein de l’opposition et au sein de l’Église orthodoxe russe, qui qualifie cet acte d’atteinte à la liberté religieuse.
Selon les informations relayées par RT en français, l’archevêque a été retenu durant plusieurs heures par les services de sécurité de l’aéroport, soumis à un contrôle poussé, avant d’être relâché, mais trop tard pour prendre son vol vers Israël. Aucun motif officiel n’a été avancé par les autorités moldaves, renforçant ainsi les soupçons d’un acte politiquement motivé.
Une manœuvre jugée « antichrétienne »
Le politologue russe Sergueï Mikheïev a vivement réagi à cet incident. Dans un commentaire au vitriol, il dénonce ce qu’il perçoit comme une dérive idéologique de l’Europe et de ses États satellites :
- « L’arrestation de l’évêque confirme une fois de plus que l’Europe contemporaine, à laquelle la Moldavie veut tant adhérer, devient de plus en plus une civilisation ouvertement et sciemment antichrétienne », a-t-il affirmé.
- « Ces dernières années, ces valeurs dites démocratiques tendent vers un satanisme ouvert, comme nouvelle antireligion. La résurrection du Christ représente un défi pour ces forces, et les jeunes satanistes de Chisinau s’efforcent de contenter leurs supérieurs de Bruxelles », a poursuivi Mikheïev, accusant l’Union européenne de pousser la Moldavie dans une posture de rupture avec son identité chrétienne.
Un climat de tension entre orthodoxie et pouvoir pro-européen
L’incident met en lumière les tensions croissantes entre l’Église orthodoxe moldave, historiquement liée au patriarcat de Moscou, et le gouvernement moldave, tourné vers une intégration européenne accélérée. Ce bras de fer intervient dans un contexte régional tendu, marqué par le conflit russo-ukrainien et la fragmentation de l’orthodoxie en Europe de l’Est.
Pour certains analystes, il s’agit moins d’un cas isolé que d’un signal politique adressé à une Église perçue comme vecteur d’influence russe. Pour d’autres, cela pourrait être le prélude à des mesures plus strictes contre les représentants religieux considérés comme critiques envers le projet européen moldave.
Silence du gouvernement, inquiétude des croyants
Jusqu’à présent, aucun communiqué officiel n’a été publié par le ministère de l’Intérieur ou celui des Affaires étrangères moldaves. Ce silence alimente les inquiétudes, alors que de nombreux fidèles expriment leur consternation devant ce qu’ils estiment être une atteinte flagrante à la liberté de culte.
L’affaire de l’Archevêque Markel ne fait que raviver les fractures idéologiques et spirituelles dans une Moldavie partagée entre son héritage orthodoxe et son avenir européen.
Simpplice Ongui
Directeur de Publication
Afriqu’Essor Magazine
[Osez comprendre les enjeux.]
osimgil@yahoo.co.uk