Chaque année, lors de la saison pluvieuse, la Côte d’Ivoire enregistre de multiples pertes en vie humaine. Pourtant, les zones à risque sont parfaitement identifiées, à Abidjan comme ailleurs dans des contrées de l’intérieur du pays. Mais alors, pourquoi ces malheurs continuent de frapper des familles ? Les dispositions prises par les autorités compétentes sont-elles insuffisantes ?
En Côte d’Ivoire, le Bureau national d’études techniques et de développement (BNETD), créé en 1978, mène au quotidien des actions sur le terrain. Ses missions sont en lien spécialement avec la mise en œuvre des politiques publiques de construction et d’aménagement durable du territoire. Ainsi, la structure est elle parvenue à identifier les zones à risques du grand Abidjan, avec des rapports détaillés.
En plus du Bnetd, la Société d’Exploitation et de Développement Aéroportuaire, Aéronautique et Météorologique (SODEXAM), créée le 16 avril 1997, fournit des données essentielles sur les menaces d’inondation et d’éboulement, à l’approche de la grande saison des pluies. Sur cette base, l’Etat dispose d’informations et d’arguments précis, pour contraindre les riverains à quitter ces zones de sinistres.
Il est vrai que le gouvernement, en pareilles périodes, initie des campagnes de sensibilisation. Des opérations de déguerpissement sont menées dans le district d’Abidjan, surtout dans les communes d’Abobo, quartier “Clouétcha, le 7 juin 2022 et d’Attécoubé, le 11 mai 2023.
Mais face à l’imminence de la tragédie dans ces lieux à risques, il convient d’aller au-delà. D’ailleurs, pourquoi attendre à l’approche de la saison des pluies, pour sonner l’alerte ? Les opérations de prévention se doivent d’être mener en amont et en aval.
Ces zones, étant déjà bien ciblées, il convient de déguerpir les riverains, pour de grands travaux d’assainissement. Ces déplacés doivent être relogés, avec des moyens conséquents. Un suivi des décisions prises doit être de mise au quotidien, avec l’appui des forces de l’ordre, afin d’empêcher les occupants d’y revenir.
Aussi, quand vient la saison des pluies, des équipes, composées des agents de sauvetage et de sécurité, devront être déployées à ces différents endroits, dotées de moyens adaptés. Elles auront pour mission d’anticiper sur ces événements malheureux, à titre dissuasif, voir d’agir à temps, pour sauver des vies. Au lieu d’attendre la survenue du drame pour se rendre sur les lieux et ne constater que les dégâts.
Pour cette année 2023, la saison des pluies a encore endeuillé des familles. A Yopougon notamment, au quartier Mossikro, cinq membres d’une famille, le père, la maman et trois enfants ont péri dans un glissement de terrain, suite à la forte pluie. L’incident s’est produit le dimanche 11 juin 2023. Alors qu’en 2022, six personnes avaient trouvé la mort, dans cette même zone, fief des constructions précaires.
Le gouvernement, à travers le ministre de l’Hydraulique, l’Assainissement et de la Salubrité, Bouaké Fofana, a été sur les lieux, pour exprimer sa compassion et son soutien aux parents des victimes. Mais mieux vaut prévenir que guérir, dit l’adage. Il faut orienter les réflexions autrement, durcir les actions à mener, pour préserver des vies. Pour cette saison pluvieuse, qui bat déjà son plein, l’avenir des citoyens en dépend.
Roger Kassi