LE PLUS. Quand vous achetez un billet d’avion, un euro est prélevé pour lutter contre le paludisme, le sida et la tuberculose. Cette initiative a été mise sur pied par Unitaid, que préside Philippe Douste-Blazy. Dans son livre “La solidarité sauvera le monde” (Plon), l’ancien ministre propose d’autres pistes de financement solidaire. Bill Clinton, ancien président des Etats-Unis, lui apporte son soutien dans la préface, que publie Le Plus.
L’humanité n’a jamais été aussi interdépendante de toute son histoire. Nos décisions affectent des personnes qui vivent de l’autre côté de la planète, de même que la réplique de leurs actions se fait sentir à nos frontières.
Le monde moderne a beaucoup à offrir – les avancées technologiques donnent lieu à une diffusion instantanée des informations et des idées ; elles créent des opportunités nouvelles pour participer à la vie politique et économique ; elles nous permettent de mieux saisir tant la diversité de nos cultures que ce que l’humanité a en commun.
La maladie de la pauvreté touche 1 mort sur 4
Malgré ces bienfaits de l’interdépendance mondiale, trop d’individus riches de talent et d’intelligence se voient dépossédés de leurs potentiel simplement parce qu’ils sont nés au mauvais endroit.
La moitié de la planète vit avec moins de deux dollars par jour ;
un milliard d’hommes et de femmes vivent avec moins d’un dollar par jour.
Deux milliards et demi de personnes n’ont pas accès à des sanitaires de base ;
un milliard n’a pas accès à une eau propre.
Nous vivons dans un monde où un quart des décès sont dus au sida, à la tuberculose, au paludisme et à des infections causées par l’insalubrité de l’eau – choléra, dysenterie, diarrhée. Ces maladies sont celles des pauvres.
Citoyens du monde, il est vital que nous contribuions tous au succès des autres. Nous avons des responsabilités, celle de porter au plus haut les dimensions positives de l’interdépendance et d’en réduire les négatives, celle d’adopter la vision d’un avenir de partage et de former des réseaux de coopération créative qui donneront à tous les habitants de ce monde le pouvoir de maîtriser leur destin.
La France a été innovante pour financer la lutte contre le sida
Peu ont répondu à cet appel à l’action avec autant de passion – et d’imagination – que le peuple français. A travers UNITAID et des personnalités aussi éminentes que Philippe Douste-Blazy, la France a produit des méthodes innovantes pour financer la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme dans les pays en développement.
Depuis sa création en 2006, UNITAID a levé la plupart de ses ressources par le biais d’une “taxe sur les billets d’avion” – une taxe qui se monte le plus souvent à un dollar. La France fut le premier pays à appliquer cette taxe, et elle a été rejointe par douze autres pays, sans compter ceux qui ont choisi de contribuer autrement.
Le plus impressionnant est que les fonds générés par ces contributions vont directement à un fonds commun – sans passer par le budget des Etats – pour soustraire ces revenus substantiels à la pression des enjeux politiques nationaux.
J’ai le privilège de collaborer étroitement avec UNITAID depuis 2006, lorsque nous avons lancé un partenariat pour accroître l’accès aux traitements pédiatriques dans les pays en développement. A cette époque, beaucoup d’enfants séropositifs mouraient, dans les pays en développement, avant leur premier anniversaire faute de traitements adaptés et abordables.
On a tout à gagner à aider les autres
Ensemble, avec le soutien de la France, nous nous sommes confrontés aux défaillances du marché et nous avons travaillé avec un grand nombre de partenaires du privé et du public pour que des investissements à court terme débouchent sur des changements à long terme. Les résultats furent remarquables.
En moins de dix ans, nous avons réduit les prix des principaux médicaments pédiatriques contre le sida de près de 92 % et fait passer le nombre d’enfants traités de 10.000 à 400.000. On ne saurait mieux démontrer qu’on peut atteindre aux plus grandes réalisations – celles qui rendent notre monde plus juste, plus stable et plus durable – grâce à la coopération créative.
Dans “La solidarité sauvera le monde”, Philippe Douste-Blazy et Jacques Plouin décrivent la philosophie qui a fait le succès d’UNITAID dans sa lutte contre la maladie et montrent comment cette approche peut s’appliquer à tout autre défi que rencontre la communauté – de la faim à l’analphabétisme ou aux dégradations de l’environnement.
Chacun a tout à gagner à aider les autres dans leur quête de bonheur, telle est l’idée qu’ils défendent avec force.
Nous ne vivons plus dans un monde à somme nulle ; nos destins à tous évoluent d’un même mouvement, pour le meilleur et pour le pire. UNITAID et tous ses partenaires ont montré qu’un monde de prospérité partagée, d’opportunités partagées et de responsabilité partagée est à notre portée si nous oeuvrons en citoyens du monde à la solidarité.
Faisons nôtre cette leçon pour bâtir sur elle notre action !