Le 24 février 2023, une trentaine de militants du Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) avaient été arrêtés et placés en détention. Ces militants avaient accompagné le secrétaire général du parti qui devait être auditionné par un juge d’instruction pour son rôle présumé dans l’attaque d’une caserne à Abidjan en 2021. Vingt-six d’entre eux ont été condamnés le 9 mars 2023 à deux ans de prison ferme pour trouble à l’ordre public, un chef d’accusation bidon que le régime Ouattara a coutume d’utiliser pour empêcher toute action contre les nombreuses violations des droits humains dont il s’est rendu coupable ces onze dernières années. En réalité, il était reproché aux membres du PPA-CI de porter le drapeau russe. Mais si telle est la vraie raison de la condamnation des pro-Gbagbo, alors le gouvernement ivoirien devrait aller jusqu’au bout de sa logique en fermant l’ambassade russe et en demandant aux personnes qui y travaillent de rentrer dans leur pays. On appelle cela être cohérent.

Par ce énième abus de pouvoir, Alassane Ouattara ne veut-il pas plutôt plaire à la France qui a perdu le sommeil depuis que la Russie est présente en République centrafricaine, au Mali et au Burkina Faso ? Or, s’il est écrit que les Russes doivent arriver en Côte d’Ivoire, personne ne peut empêcher cela. Aucune de ces soi-disant puissances ne peut contrer la Fédération de Russie qui peu à peu tisse sa toile sur le continent. Ce n’est donc pas avec des méthodes aussi puériles que ridicules que Ouattara pourra contrer l’inéluctable.

Ou bien ce dernier espère-t-il intimider et effrayer les Ivoiriens qui veulent tout simplement jouir de leur liberté d’opinion, d’expression, de réunion et de manifestation ? Le président imposé en 2011 aux Ivoiriens par la “Communauté international” devrait comprendre que nul ne peut terroriser indéfiniment tout un peuple et qu’il arrive un moment où “cabri mort n’a plus peur de couteau”.

Si le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) est vraiment en alliance avec le PPA-CI, alors il ne devrait pas se contenter de protestations molles faites dans des salons moelleux. On a souvent accusé le plus vieux parti de fuir le combat, d’aimer la facilité et de ménager cette France de plus en plus vomie et honnie dans ses ex-colonies. C’est le moment pour lui d’apporter un cinglant démenti à ces accusations.

Ceux qui comptent sur les élections pour reprendre le pouvoir alors que les dés sont pipés d’avance commettent une grave erreur et n’auront que leurs yeux pour pleurer en 2025. C’est maintenant qu’il faut forcer le régime ultra minoritaire de Ouattara à respecter notre Constitution, c’est aujourd’hui qu’il faut se dresser contre l’arbitraire car “seule la lutte libère” (Thomas Sankara).

Dr. Jean-Claude DJEREKE