Sur rapport du ministre ivoirien de l’Intérieur et de la Sécurité, le Général Vagondo Diomandé, le président de la République de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, a signé un décret portant nomination à la Commission électorale indépendante (CEI), des représentants du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) et du Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI). Les deux nouveaux nommés prêteront serment le 1er mars prochain, devant le Conseil constitutionnel du pays.

Dans le cadre de la reforme de la CEI, pour des élections crédibles et apaisées en Côte d’Ivoire, le président de la République de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, conformément aux recommandations de la 5ème phase du Dialogue Politique Ivoirien du 4 mars 2022, a signé le décret N° 2023-96 du 15 février 2023, portant nomination de Dan Jules Démosthène, du parti au pouvoir et de Demba Traoré, du parti de l’opposition PPA-CI, au sein de la Commission centrale de la CEI.

Ce décret vient davantage décrisper l’environnement politique ivoirien, fortement marqué par des crises électorales difficilement jugulées par les gouvernants du pays et un schisme indescriptible entre les leaders politiques ivoiriens, tous obnubilés par la conquête et l’exercice du pouvoir d’État, avec un brin de perfidie et de négation de certains principes élémentaires de la démocratie occidentale pratiquée sous les tropiques.

Le président de la République, Alassane Ouattara, dans une dynamique inachevée de créer les conditions idoines pour la paix et la réconciliation nationale, à son rythme et de façon discrétionnaire, prend à la fois des mesures pour apaiser l’environnement politique ivoirien,  pour améliorer le cadre juridique et institutionnel des élections en Côte d’Ivoire et pour rendre effectif le processus de réconciliation nationale.

Et ce, à travers, le dégel des avoirs de plusieurs personnalités politiques, le retour sécurisé des exilés politiques, la libération de quelques prisonniers politiques, civils et militaires des crises de 2010 et de 2020, la réforme, toujours en cours de la CEI et la poursuite des discussions entre lui et ses prédécesseurs, Aimé Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo.

En revanche, pour l’opinion publique, notamment de l’avis de l’opposition ivoirienne, beaucoup reste à faire et les réformes politiques et institutionnelles plus ambitieuses pour la paix dans le pays sont toujours attendues de la part du chef de l’État, qui semble agir prudemment sur plusieurs questions fondamentales, au grand dam de ses adversaires politiques, qui piaffent d’impatience.

L’entrée du représentant du PPA-CI à la Commission centrale de la CEI, ne vide pas pour autant le débat de la réforme de la CEI, étant donnée que l’impartialité de Koulibaly-Kuibert Ibrahim, est remise en cause par l’opposition ivoirienne, qui exige que la CEI soit « dirigée par une personne neutre » et non par un militant du RHDP. Elle reste à cet effet vent débout pour une CEI indépendante et crédible.

Précis sur la question, le porte-parole du PPA-CI, Justin Koné Katinan, sur les ondes de RFI, laisse entendre que l’entrée de Demba Traoré, vice président du PPA-CI en charge de la Commission électorale et applications numériques à la Commission centrale de la CEI, est « une victoire d’étape qui ne correspondant pas encore aux attentes de notre parti pour une Commission électorale indépendante ».

La marche vers un processus électoral foncièrement démocratique et accepté par tous les acteurs politiques du pays, apparaît pour l’heure comme un véritable défi, qui demande plus de sacrifices, de dépassement de soi et une conscience républicaine portée vers l’organisation d’élections justes, transparentes et crédibles.

À défaut, les crises électorales, qui riment notoirement avec la mise à plat des piliers de la démocratie, la déconstruction du climat social et avec les guerres civiles, continueront d’émarger dans les annales de la République, au grand désarroi des populations civiles, qui payent toujours les turpitudes des politiques du pays.

Le chantier de la construction de la paix positive et de la réconciliation nationale en Côte d’Ivoire, exige  sans aucun doute, l’organisation des assises nationales pour la paix et la réconciliation, avec en prime la profonde réforme du cadre politique et juridique des élections en Côte d’Ivoire.

En attendant d’y arriver, Demba Traoré du PPA-CI et Dan Jules Démosthène, prêteront serment le mercredi 1er mars 2023, au Conseil constitutionnel, en audience publique. Préalable donc à leur entrée en fonction à la Commission centrale de la CEI.

Précisons que les formations politiques ivoiriennes, notamment les plus significatives, sont toutes représentées à la Commission centrale de la  CEI et au niveau de ses démembrements locaux et comptera désormais 18 membres, dont 2 représentants du Gouvernement, 6 de la société civile, 9 partis politiques, dont 5 partis d’opposition et 1 représentant du Conseil supérieur de la magistrature.

Adingra OSSEI (Correspondant)