Dans son discours à la nation, le 31 décembre 2022, sorte de bilan de ses réalisations de l’année écoulée, Alassane Ouattara, président de la République de Côte d’Ivoire, en a profité pour annoncer qu’il dédie l’année 2023 à la jeunesse de son pays.
Rappelant les qualités et les talents dont disposent la jeunesse ivoirienne, dans la politique de « l’émergence » en cours depuis 2011, le président ivoirien, Alassane Ouattara a dédié l’année 2023 à la jeunesse, qui selon le dernier recensement de la population et de l’habitat de 2014, a moins de 35 ans et constitue à n’en point douter, une opportunité pour le développement socio-économique de la Côte d’Ivoire.
Pour y parvenir, Alassane Ouattara, entend renforcer et accélérer le dispositif d’accompagnement des jeunes à travers notamment plusieurs actions, « le renforcement et l’expansion des écoles de la seconde chance pour ceux qui sont sortis trop tôt du système éducatif ou qui souhaitent se réorienter, l’amélioration de l’employabilité de notre système de formation professionnelle et universitaire, l’accélération de la construction d’infrastructures sportives et récréatives, le renforcement de l’encadrement et du financement direct des projets jeunes, une participation plus accrue des jeunes aux marchés publics de l’Etat et la mise en place d’un incubateur pour l’innovation et l’entrepreneuriat pour catalyser le génie créateur de nos jeunes, et accélérer le développement des startups ».
Dans sa dynamique d’accélérer le rythme de réduction des inégalités et de satisfaire les besoins sociaux des populations, tel que inscrit dans le Programme Social du Gouvernement (Ps Gouv), mis en place depuis 2018, le président ivoirien Alassane Ouattara, à travers son adresse, perçoit donc l’enjeu de la problématique de l’insertion des jeunes ivoiriens en proie au chômage et à la pauvreté, furent-ils titulaires de Doctorat des universités publiques du pays ou sans parchemins.
Les lamentations de la jeunesse ivoirienne, éreintées par la précarité sociale et le cri de détresse des 3 000 docteurs non recrutés sont sans doute parvenus au chef de l’État qui en « père de famille » se doit de répondre aux chapelets des besoins sociaux et vitaux de ses « enfants ».
L’annonce du chef d’État, intervient dans une année électorale et cela prête fortement à interprétation dans le corps social où selon l’UNESCO (2020), 89,89% de la population est alphabétisée.
La jeunesse sera bientôt appelée aux urnes dans le cadre des élections locales (mairies et conseils régionaux) et la soudaine attention particulière du chef d’État à l’égard des 5,5 millions de jeunes que comptent le pays, suscite des interrogations dans le marigot politique ivoirien, où tous les acteurs affûtent déjà leurs armes pour mieux happer ceux-ci.
2023, est bien entendu une année électorale et la conquête des mairies et des conseils régionaux sera âpre et décisive, « ce sera l’occasion pour l’ensemble des partis politiques de prendre part à ces échéances électorales et de permettre aux Ivoiriens de choisir des dirigeants à leur écoute, à même de répondre à leurs préoccupations, à leurs besoins et à leur désir de changement », a clairement affirmé le président du PDCI-RDA, Henri Konan Bédié, lors de la présentation de ses vœux de nouvel an, le 31 décembre 2022.
Comme une aubaine pour les jeunes, l’agenda politique du gouvernement ivoirien, en cette année 2023, sera marquée par la réduction du taux de chômage qui oscille déjà entre 65 à 75% selon la Banque Africaine de Développement (BAD), le financement effectif des projets des jeunes, une formation de qualité et adéquate assurée aux entrepreneurs, la création et l’amélioration du cadre institutionnel étatique à mesure d’insérer les jeunes et la mise en place d’un écosystème financier incitatif pour les jeunes startupers. Et ce, dans un contexte électoral.
Quid de l’insertion planifiée des jeunes docteurs non recrutés, qui attendent toujours des réponses appropriées tenant à leur situation ?
L’éternelle problématique de l’inemployabilité du système de formation professionnelle et universitaire de la Côte d’Ivoire, sera probablement la priorité des actions, pour soulager enfin les nombreux diplômés sans emplois que compte le pays.
La volonté manifeste du chef d’État ivoirien de soulager sa jeunesse, est à saluer mais saura-t-il accorder du crédit aux nombreux docteurs-chômeurs du pays, qui dans un livre blanc présentent leur situation et des pistes de solutions ?
Depuis des années, de nombreux programmes d’insertion socioprofessionnelle, ont pourtant été mis en œuvre à des coûts importants, mais le bilan semble être négatif et la sortie du président ivoirien est révélateur du bilan du programme emploi jeunes et du programme phœnix, qui à lui seul a coûté 86 milliards de franc CFA ?
La décision du chef de l’État, de faire de l’an 2023, une année dédiée à la jeunesse ivoirienne, est salutaire et vient à point nommé dans la mesure, où celle-ci paumée, sans repère social, sans emploi et désespérée, se contente de vivoter en attendant des lendemains meilleurs.
Adingra OSSEI
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