Le procès des 46 docteurs non recrutés s’est tenu le mercredi 28 décembre 2022, en premier ressort, au Palais de Justice Abidjan-plateau, avec à la clé la condamnation à 4 mois de prison avec sursis à l’encontre de 45 des 46 docteurs arrêtés le 21 décembre dernier.

Après une plaidoirie incisive, faisant le procès de la société ivoirienne en proie au chômage des diplômés du pays et de l’incapacité des pouvoirs publics à satisfaire des intellectuels en quête de travail, le collectif des avocats des 46 docteurs non recrutés, a réussi à décontenancer l’argumentation du Procureur de la République portée plutôt vers des suppositions non fondées que des faits et moyens juridiques pertinents en matière pénale.

Officiellement, les docteurs non recrutés avaient été mis aux arrêts pour “trouble à l’ordre public”, au moment où ils s’apprêtaient à se rassembler pour se rendre à la Primature aux fins de remettre en mains propres au Premier ministre Patrick Achi un livre blanc, évoquant leur situation et des propositions pour une insertion planifiée dans l’administration publique de Côte d’Ivoire ainsi que dans les différentes universités du pays.

À l’entrée de la Salle d’audience, parents et amis ont été fouillés pour des mesures de sécurité.

Pour le collectif des avocats, le verdict est un regret pour la Justice ivoirienne qui était face à des élites de la société ayant la pleine conscience de l’état du système judiciaire du pays qui pratique deux poids deux mesures. « Quand il s’agit de condamner des intellectuels qui recherchent du travail, vous êtes prompts mais quand il s’agit de vous prononcer contre ceux qui prennent des armes contre la République et qui sont au final récompensés à des centaines de millions où bombardé à de hauts postes dans l’administration, vous êtes muets » a indiqué Me Gohi Bi l’un des avocats du collectif, qui a plaidé pour une inexistence de trouble à l’ordre public, étant donné qu’aucun fait matériel ne prouve les arguments du Procureur de la République.

Prolixe, indigné et incisif Me Gohi Bi a laissé clairement entendre que « le principe de manifester en Côte d’Ivoire est en danger »

Dr. N’Zi Marthe épouse Beugré, membre du collectif des docteurs non recrutés, arrivée un peu tard au lieu du rassemblement pour prendre part à la marche, a quant à elle été déclarée non coupable ; car ayant embarqué dans le cargo qui emmenait ses collègues par solidarité. Le Juge, situant donc les responsabilités a décidé de l’acquitter au motif qu’elle n’a pas pris part à la préparation de la marche avortée.

Bien que relaxés, l’épée de Damoclès plane au-dessus de la tête des 45 docteurs qui sont de facto interdits de participer à d’autres manifestations pendant 4 mois. Ils disposent de 20 jours pour faire appel.

Adingra OSSEI