“Le demi-dieu n’était pas immortel.” C’est par ces mots que le Belge Thierry Michel concluait son documentaire de 135 mn sur Mobutu Sese Seko, mort et enterré au Maroc, loin de la terre de ses ancêtres, loin de Gbadolite où il s’était construit un immense palais dans lequel il recevait les soi-disant grands de ce monde. Dans chaque pays, Mobutu avait une villa ou un château où l’argent côtoyait le luxe le plus insolent pendant que le peuple zaïrois, zombifié et imbécilisé par des slogans creux à la gloire du dictateur, croupissait dans une misère déshumanisante.
En 1997, rongé par la maladie, le léopard ne pouvait plus mordre. Il avait perdu toutes ses dents. Il était si affaibli qu’il ne pouvait rien faire face à Laurent-Désiré Kabila, chef d’une rébellion financée et soutenue par le Rwanda et l’Ouganda. C’est ce moment que choisirent ses “amis” et parrains occidentaux pour le lâcher. Ces derniers l’avaient pourtant utilisé en 1961 pour se débarrasser de Patrice Lumumba, l’homme qui ne mâchait pas ses mots et dont l’unique rêve était de travailler pour un Congo libre et souverain. Les Africains qui laissent l’Occident piller nos matières premières, ceux qui prennent un malin plaisir à affamer et à brutaliser leurs peuples, ceux qui pensent que le pouvoir leur donne le droit de vie et de mort sur leurs semblables, je souhaite qu’ils ne puissent pas achever l’année 2022 sans regarder “Mobutu, roi du Zaïre”. Réfléchir sur la triste fin de cet homme qui se croyait invincible ne leur fera que du bien.
Le mal que l’on fait au peuple ne reste jamais impuni et aucun demi-dieu n’est immortel, tels sont les deux enseignements majeurs que je tire de ce documentaire réalisé en 1999.
Jean-Claude DJEREKE