La communauté nationale réfléchit depuis hier à Yaoundé sur les nouveaux mécanismes de financement de l’agriculture. Le problème est que l’on rabâche les solutions proposées et expérimentées depuis 30 ans sans succès. Il s’agit en effet de compter sur le financement international et sur les nouveaux mécanismes d’emprunt. En moins de 5 ans, la dette du Cameroun a doublé, partant d’environ FCFA 6000 milliards à 12 000 milliards aujourd’hui. Ces solutions tournées vers l’extérieur sont suicidaires et non durables pour l’économie nationale.
Pourtant, la solution se trouve autour de nous, dans une simple réforme foncière. L’équation à résoudre ne serait plus de subventionner éternellement les producteurs locaux, mais de les intégrer dans le système financier (banque et assurance qui sont en surliquidité au Cameroun). Et pour ce faire, il faut simplement reconnaître la propriété foncière coutumière. Le principe en vigueur semble être que le terre (domaine national) appartient à l’État. Non, il faut rompre avec ce principe et reconnaître que la terre appartient aux paysans/villageois. En l’état, nous avons des paysans/ villageois qui disposent d’une propriété coutumière de plus de 100 hectares mais, qui sont pauvres et exclus du système financier. C’est anormal.
Une fois que même par simple Ordonnance l’État reconnaît la propriété foncière coutumière des populations locales, alors il leur ouvre la porte des établissements financiers où ces derniers pourraient trouver les ressources nécessaires à leur investissement. Pourquoi ? Parce qu’à la banque, ils ne manqueront plus l’objet de garantie nécessaire pour faire des emprunts. De nos jours, la richesse est locale mais, le gouvernement veut aller la chercher à l’international. Ce circuit est long et n’a pas montré ses preuves à travers le temps. Pire, il ne résout pas le problème posé. Les banques en surliquidité ne financent pas les pauvres parce que ces derniers n’ont rien pour garantir leurs emprunts. L’on ne peut pas parler de nouveaux mécanismes de financement en marge de cette réalité. Le circuit court et local montre ses preuves depuis longtemps en Afrique australe.
Bonus : cela permet de sortir l’agriculture et l’agriculteur de l’informel et surtout de garantir l’accès à l’assurance agricole, ô combien salvateur pour l’investissement.
Au Cameroun, on tourne autour du pot parce que la terre appartient en réalité à quelques sociétés forestières qui spolient le pays depuis plus d’un demi-siècle.
Ce n’est plus qu’une affaire de temps.
Louis-Marie KAKDEU
Membre du Shadow cabinet SDF
Économie, Finances et Commerce.