Le Professeur Faustin Archange Touadera plaide pour un siège permanent du Continent Africain au Conseil de Sécurité des Nations-Unies .

Discours

– Monsieur le Président de l’Assemblée Générale;
– Excellences, Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement;
– Monsieur le Secrétaire Général de l’Organisation des Nations-Unies;
– Distingués délégués;

– Mesdames et Messieurs,

En prenant la parole à cette tribune de la 76e Session Ordinaire de l’Assemblée Générale des Nations-Unies, au nom de la République Centrafricaine, je voudrais féliciter chaleureusement Son Excellence Abdulla SHAHID, pour sa brillante élection à la présidence de cette éminente Assemblée et lui souhaiter mes vœux de succès dans l’exercice de cette noble mission.

Votre brillante élection à la présidence de cette Session est un hommage mérité à vos qualités et un honneur exprimé à la qualité de vos services et à votre pays, la République des Maldives.

C’est également l’occasion de saluer l’excellente qualité du travail abattu dans des circonstances exceptionnelles par le Président Volkan BOZKIR au cours de la 75ème Session écoulée.

Monsieur le Président,

Notre 76e Session se tient autour d’un thème de poignante actualité, qui est, je cite : «Construire la Résilience en espérant se remettre du Covid-19, Reconstruire durablement, répondre aux besoins de la Planète, Respecter les droits des personnes et Revitaliser les Nations-Unies ».

Cette crise qui continue de défier la communauté des Nations ne sera vaincue que par une solidarité internationale plus agissante.

C’est le lieu pour moi de m’incliner pieusement devant la mémoire des victimes directes et indirectes de cette pandémie.

Avec détermination, malgré des moyens limités, la République Centrafricaine s’emploie à contenir la situation épidémique dont l’impact désastreux sur tous les secteurs de l’économie nationale, a compromis les prévisions de croissance 2020 et 2021, mitigeant les acquis socio-économiques du Plan de Relèvement et de la Consolidation de la Paix en Centrafrique (RCPCA).

Les estimations indiquent que si la crise est jugulée dans les (6) mois, l’économie nationale perdrait 5,8% du PIB projeté.

En revanche, si la crise perdure au-delà de six (06) mois, cette perte serait de 8,9% du PIB.

Pour limiter les effets de la pandémie, mon Gouvernement veille à la sauvegarde des capacités de financement du développement.

A cet effet, il maintient le cap des réformes du système de gestion des Finances Publiques dont la rigueur de mise en œuvre a permis la conclusion d’un deuxième Programme 2020-2022 avec le Fonds Monétaire International (FMI) dans le cadre de la Facilité Elargie de Crédit (FEC).

Pour faire aux chocs de la Covid-19, nous devons renforcer la résilience des populations, investir davantage dans le dispositif de veille sanitaire, et poursuivre sans relâche la sensibilisation collective.

Bien plus, il urge de tout mettre en œuvre pour atteindre l’immunité collective tout en intensifiant la recherche de médicaments préventifs et curatifs, aussi sûrs qu’efficaces.

L’accès universel aux vaccins pour les pays les moins avancés devrait relever d’une urgence de sécurité internationale, au nom des principes fondamentaux de solidarité humaine.

Monsieur le Président ;

La mobilisation contre le Covid-19 ne doit pas, cependant, occulter les autres défis auxquels nous sommes confrontés, individuellement en tant qu’Etat, mais aussi collectivement en tant que communauté internationale.

L’un des plus grands défis que nous devons affronter pour répondre aux besoins de la planète, collectivement et individuellement, c’est la préservation de notre cadre de vie sous menace de divers types d’émissions nocives de polluants climatiques et atmosphériques.

Il est aujourd’hui établi que l’activité humaine est la principale responsable des changements climatiques.

Nous consommons plus que ce que la nature peut nous offrir au cours d’une année, en fonction de nos intérêts de plus en plus divergents.

Le réchauffement climatique dû à une production excessive de gaz à effet de serre a induit des mutations climatiques qui occasionnent des inondations en saison pluvieuse ainsi que des pénuries d’eau.

La surexploitation des ressources halieutiques, forestières, agricoles aggrave cette dégradation des écosystèmes.

Nous avons la responsabilité historique de préserver les générations futures en changeant de comportements et en opérationnalisant sans délais le cadre de gouvernance permettant une gestion concertée et durable de nos ressources naturelles.

Mon pays a fait sa modeste part en formulant une Stratégie Nationale de Développement Durable en parallèle à la définition de la Vision RCA 2050, qui s’inscrit dans la filiation de sa Lettre de Politique Environnementale, fondée sur un investissement pédagogique et l’instauration d’une justice environnementale équitable.

Monsieur le Président,

Ces dernières 75 années, notre organisation commune a enregistré des succès méritoires, grâce à l’intelligente mutualisation de nos efforts.

Face aux nouveaux défis, des réformes profondes de nos organes sont indispensables pour que l’Organisation des Nations Unies reste le cadre par excellence du multilatéralisme.

Pour y parvenir, une étape majeure reste celle de rompre avec l’inégalité historique qui a privé et continue de priver le Continent Africain de siège permanent au Conseil de Sécurité des Nations-Unies.

C’est ici et nulle part ailleurs que les solutions préservant la paix et la sécurité internationales doivent éclore dans le respect des principes, valeurs et engagements portés par la Charte des Nations-Unies.

Cette Charte dont l’âme est le respect des droits humains trouve un fort écho dans mon pays qui, Monsieur le Président, l’a consacré dans le Préambule de notre Constitution par le principe de « ZO KWE ZO » qui, en langue Sango, est l’affirmation du caractère Sacré de l’Etre Humain.

Par notre action déterminée à lutter contre l’impunité, nous démontrons notre adhésion aux mécanismes internationaux de protection de la dignité humaine.

Et pour preuve, dès que nous avons eu connaissance du rapport de la Division des Droits de l’Homme de la MINUSCA alléguant des cas d’exactions qu’auraient commises les Forces Armées Centrafricaines et leurs alliés lors des contre-offensives et ratissages sur le territoire national, contre les rebelles d’une prétendue Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC), nous avons décidé promptement d’y apporter toute la lumière par la création, le 4 mai 2021, d’une « Commission d’Enquête Nationale Spéciale chargée de faire la lumière sur les présumés crimes graves, les violations des Droits de l’Homme et du Droit International Humanitaire » qui a déjà fait un premier retour à la MINUSCA, à Bangui.

Par ailleurs, l’opérationnalisation de la Commission Vérité, Justice, Réparation et Réconciliation constitue une contribution majeure au succès du processus paix, à la réconciliation nationale et comme complément aux actions de lutte contre l’impunité.

Mon Gouvernement veille à préserver l’ordre constitutionnel, l’ancrage démocratique, la consolidation de la paix et de la stabilité.

Il poursuit la réforme du Secteur de Sécurité et le programme du DDRR ; la mise en œuvre d’actions permettant le retour massif des réfugiés et des déplacés internes ; l’accélération de l’exécution du plan de développement post-conflit (RCPCA) et prépare les élections locales dont les dernières remontent à 1988.

Monsieur le Président,

Le respect scrupuleux des engagements contenus dans l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation reste ma boussole.

Face aux groupes armés de la CPC qui avaient signé cet Accord et qui poursuivent leurs exactions sur les civils, par ma voix, la République Centrafricaine appelle à une solidarité sans équivoque, au nom des principes de notre charte, d’égalité, de promotion de la paix, de respect de la souveraineté des Etats.

La dynamique vertueuse de reconstruction nationale requiert de réduire définitivement ces forces négatives.

Du haut de cette tribune, et par ma voix, la République Centrafricaine renouvelle son appel à la levée totale de l’embargo qui pèse injustement sur notre Armée Nationale, la privant remplir sa mission régalienne de protection de la population civile et de protection de l’intégrité du territoire.

Mon leitmotiv reste de rassembler mes compatriotes pour faire rayonner notre Centrafrique en partage, en transcendant tous les clivages.

Je l’ai confirmé en appelant toutes les forces vives à la tenue du Dialogue Républicain dont les échanges contribueront à renforcer l’option de paix déclinée dans l’APPR-RCA.

Monsieur le Président,

Je ne saurais clore mon propos sans rendre un hommage aux casques bleus de la MINUSCA et aux forces alliées Russes et Rwandaises, qui ont défendu les droits fondamentaux, la démocratie et la paix en République Centrafrique, jusqu’au sacrifice suprême.

A tous les garants et facilitateurs de l’Accord de Paix dont, l’Union Africaine, la CEEAC, la CIRGL, la MINUSCA et l’Union Européenne, la Nation centrafricaine exprime son éternelle reconnaissance.

Au Secrétaire Général des Nations-Unies, Monsieur Antonio GUTTERES, j’exprime ma profonde reconnaissance, pour son perpétuel engagement en faveur de la paix et du développement dans le monde et en République Centrafricaine.

Je fonde l’espoir que vous resterez mobilisés dans cet élan de solidarité internationale, aux côtés du Peuple centrafricain, dans sa quête de paix et de relèvement économique.

Je souhaite plein succès à nos travaux.

Vive la coopération et la solidarité internationales.

Je vous remercie.

New York, le 21 septembre 2021