Le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a exprimé sa profonde inquiétude face aux expulsions massives de migrants et réfugiés haïtiens par les États-Unis, qui pourraient enfreindre le droit international.
Le chef du HCR, Filippo Grandi s’est dit « choqué » par les images de milliers d’Haïtiens trouvant un abri précaire sous les ponts autoroutiers de Del Rio au Texas.
« J’ai été choqué par les images des conditions de vie déplorables qui prévalent sous le pont autoroutier de Del Rio, au Texas, où sont arrivés plus de 14.000 Haïtiens après avoir entrepris des périples harassants depuis plusieurs pays d’Amérique centrale et du Sud », a souligné le Haut-Commissaire de l’ONU pour les réfugiés dans un communiqué.
Selon le patron de cette agence onusienne basée à Genève, « les expulsions sommaires d’individus, massivement menées en ce moment en vertu des restrictions d’asile liées à l’arrêté de santé publique « Title 42 » sans vérification des besoins en matière de protection, contreviennent aux normes internationales et peuvent constituer des cas de refoulement ».
Plus largement, il réitère l’appel du HCR à Washington en vue de « la levée totale et immédiate des restrictions imposées en vertu du dispositif [Title 42] » en vigueur depuis mars 2020. Selon l’agence onusienne, de telles restrictions continuent « de priver la plupart des personnes arrivées aux frontières terrestres situées au sud-ouest des États-Unis de toute possibilité de demander l’asile ».
Tout à fait possible de gérer la santé publique et garantir le droit à demander l’asile
Mardi, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU et le HCR avaient joint leurs voix pour rappeler que tout demandeur d’asile a le droit de voir sa demande examinée.
« Nous sommes profondément préoccupés par le fait que les récentes expulsions de migrants haïtiens par les autorités américaines semblaient avoir été effectuées sans aucune évaluation individuelle des cas des personnes », a déclaré mardi une porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, Marta Hurtado, lors d’un point de presse de l’ONU à Genève. Et « peut-être que certaines de ces personnes n’ont pas bénéficié de la protection dont elles avaient besoin », avait-elle ajouté.
De son côté, Shabia Mantoo, porte-parole du HCR, a souligné lors du même point de presse que la demande d’asile était « un droit de l’homme fondamental ». Le HCR rappelle que toute personne qui prétend avoir une crainte fondée d’être persécutée dans son pays d’origine devrait avoir accès à l’asile et voir sa demande évaluée avant d’être expulsée ou déportée.
D’autant que certains de ces Haïtiens expulsés pourraient avoir des raisons fondées de demander une protection internationale. Selon l’agence onusienne, la situation en Haïti appelle une réponse régionale coordonnée pour garantir des dispositions de séjour efficaces et légales.
En attendant, le HCR surveille étroitement les deux côtés de la frontière entre les États-Unis et le Mexique et s’engage avec les autorités et les ONG partenaires dans la région.
« Il est possible de gérer les préoccupations de santé publique et de sécurité nationale tout en respectant les droits d’asile », a conclu Shabia Mantoo.
SOURCE : ONU Info