Les camaraderies les plus solides naissent dans l’épreuve, se consolident dans la douleur et se fortifient dans l’adversité. La FESCI, je crois pouvoir le dire sans me tromper, est une fraternité née dans la douleur, polie par les épreuves et qui a appris à se renforcer dans l’adversité. Née il y a trente ans, le 21 avril 1990, à l’Église Sainte Famille de la Riviera à Cocody, notre organisation commune était un jaillissement de promesses, une fontaine de liberté à laquelle venait s’abreuver des milliers d’élèves et d’étudiants libérés du joug du parti unique et du militantisme syndical imposé par l’État.
La FESCI porteuse des espoirs et des aspirations de la jeunesse apprenante de Côte d’Ivoire, a su mener des batailles épiques pour la défense des intérêts moraux et matériels de ses membres. Et dans les batailles menées pour l’avènement d’une école ivoirienne de qualité, elle a su remporter des batailles glorieuses qui ont fait briller son étoile dans le firmament des organisations de lutte populaire ouest-africaines. Cette FESCI-là faisait rêver et forçait le respect et l’admiration. Cette FESCI avait le soutien des masses populaires et ses adversaires étaient considérés comme les ennemis du progrès et de la démocratie. En ce moment, militer à la FESCI c’était militer pour une cause : la CAUSE de la démocratie, des libertés publiques et des droits de l’homme.
Puis, solidement implanté sur le terrain de la lutte syndicale que les autres organisations syndicales estudiantines avaient abandonné, le Mouvement a été victime des maladies infantiles des organisations de lutte. Il s’est radicalisé. Et cela nous a été reproché. Pourtant j’insiste cette situation n’obère en rien l’idéal originel et les acquis de la FESCI. La critique est une chose bien commode dit-on. Chaque génération, avec ses réalités et son temps, a tenté de porter haut l’étendard j’en suis convaincu.
Trente années sont passées, dont une décennie terrible, sanglante. La FESCI de ce nouveau millénaire renaît et affiche la calme détermination de celui qui a désormais trouvé sa voie. L’idéal fondateur, est de nouveau au cœur de l’action syndicale. La FESCI doit servir une CAUSE : celle du peuple de Côte d’Ivoire et non celle de ses dirigeants. Elle doit redevenir le phare qui éclaire la conscience estudiantine et scolaire, comme elle le fut dans les années 1990. Je suis membre de cette histoire. Nous sommes tous membres de cette histoire. J’en assume tous les regrets. Et je me félicite des réussites également.
Je voudrais saluer ici, tous les Secrétaires généraux qui ont tenu la barre pendant toutes ces années :
• Martial Joseph Ahipeaud (1990 -1993)
• Eugène Djué (1993 – 1994)
• Jean Blé Guirao (1994 -1995)
• Guillaume Kigbafori Soro (1995 – 1998).
• Charles Blé Goudé (1998 -2001)
• Jean-Yves Dibopieu (2001 – 2003)
• Feu Serge Kuyo (2003 – 2005)
• Serge Koffi (2005 – 2007)
• Augustin Mian (2007 – 2014)
• Assi Fulgence Assi (2014 – 2019)
• Allah Saint Clair (2019 -)
A chacun, je dis : Nos rêves ne sont pas morts ! A nos successeurs, je dis : trouvez votre chemin, dans la fidélité à nos idéaux et ne perdez jamais de vue la noblesse et la grandeur du peuple de Côte d’Ivoire.
Paris, le 21 avril 2020
Guillaume Kigbafori Soro, (1995 -1998)