Le strict respect des consignes est indispensable pour briser la chaine de transmission horizontale. L’atteinte de cet objectif est d’un enjeu crucial et vital pour la CI et l’Afrique, parce que nous n’avons absolument pas la capacité de faire face à une épidémie locale de grande ampleur (structures d’accueil, ressources humaines, équipements adéquats, niveaux de stock, capacité technologique, vitalité de notre recherche, etc…).
Ces mesures sont difficiles à appliquer pour certaines d’entre elles, au regard de nos réalités socio-économiques, de notre gestion des espaces et de nos conditions socio-culturelles de vie, mais nous devons nous y forcer. C’est vital. Nous n’avons pas de choix. Le confinement n’est pas une solution viable à long terme, car il pourrait nous entraîner vers un seuil de rupture, en fonction de sa durée. Nous n’avons pas non plus la capacité économique de supporter sur une longue durée un tel dispositif, en dépit des aides que nous pouvons ou pourrions recevoir dans un tel contexte de sollicitation concurrente.
On m’est tombé dessus à bras raccourcis parce que j’avais osé envisager la possibilité de renforcer la protection des populations par l’administration hypothétique d’un vaccin à titre préventif, comme solution relai. Je me suis fait copieusement lynché, sans que l’on s’interroge sur l’existence d’un tel vaccin (origine, nature, modalité de production et de diffusion, etc..) parce que l’on a vite mis cette perspective, en lien avec la polémique actuelle sur des essais hypothétiques qui pourraient se dérouler en Afrique à titre expérimental. Dans l’émotion on ne prend pas le temps de bien lire ou le recul nécessaire à l’analyse objective de la situation.
En premier lieu, il faut souligner qu’il n’existe encore aucun vaccin mis au point et disponible dans le monde, ayant reçu formellement l’aval de la communauté scientifique et de l’OMS. Ensuite, la conception d’un tel vaccin arriverait sur le marché à un moment où l’urgence du besoin sera certainement passée, si nous devons le soumettre aux procédures et protocoles scientifiques de validation habituels. Enfin, pour répondre à très brève échéance à l’impératif d’une solution alternative au dispositif de barrière, la recherche doit avancer très vite sur le sujet. Demain, c’est déjà aujourd’hui. Nous avons besoin d’alternatives fiables aux mesures de confinement pour éviter le seuil de rupture. La piste d’un vaccin ou d’un traitement universel, présentant suffisamment de garantie par rapport à sa composition et à ses effets (à court et long terme), est donc salutaire, tant pour l’Afrique que pour le reste du monde, mais prioritairement pour la première.
Cela ne veut nullement dire que le débat scientifique et d’éthique ne doit pas avoir lieu avant, pour permettre d’adopter la meilleure décision, ou que cela ne doit concerner uniquement que l’Afrique. Cette dernière est plus démunie que les autres. C’est une réalité irréfutable. Le besoin pourrait y être plus pressant en raison de son état de dénuement. C’est un fait indéniable. Cependant, cette éventualité n’est pas confirmée par sa situation épidémique actuelle, plutôt relativement bien contenue, et encore moins par l’existence même d’un vaccin ayant franchi toutes les étapes préliminaires à sa reconnaissance au plan mondial. Ce n’est qu’une perspective pour l’instant. Beaucoup de pandémies comme le SIDA et l’EBOLA n’ont pas bénéficié d’un vaccin, même le PALUDISME en Afrique. Cela n’empêche pas des études et des recherches dans ce sens de se réaliser, et d’envisager des scenarii sur leur utilisation hypothétique. Collons à la réalité pour relever ce défi, en faisant appel à nos propres ressources, tout en ne rejetant pas ce qui pourrait venir aussi de l’extérieur.