Je voudrais avant tout propos saluer le président Affi pour les indéniables qualités de leader dont il a fait montre à l’occasion de la crise du FPI. Ces qualités pourraient se résumer en ces trois mots : humilité, résilience et constance.
I – HUMILITÉ
À toutes les étapes de la crise il est le seul à avoir cru et couru après l’unité en initiant des démarches à l’endroit de toutes les parties prenantes. Sangaré chez qui il s’est rendu à deux reprises (2015, 2016) pour parler unité n’a pas souhaité le recevoir. Affi ne lui en a jamais tenu rigueur.
À plusieurs reprises il a voulu aller témoigner à Simone Gbagbo toute sa compassion lorsqu’elle a été libérée en 2018. Cela n’a pu se faire car celle-ci lui a constamment opposé une fin de non-recevoir. Affi a pris tout cela avec fair-play.
L’année dernière il s’est rendu à Paris en vue de rencontrer Gbagbo à Bruxelles. Assoa Adou lui a posé des préalables en l’invitant à aller d’abord se déculotter sur RFI avant qu’il ne soit reçu. Affi est resté droit dans ses bottes car il n’acceptait pas que l’unité se fasse dans l’illégalité et l’irrégularité.
II – RÉSILIENCE
On dit d’un homme qu’il est résilient lorsque, plutôt que de nier les évènements ou de s’enfoncer dans la tristesse et la dépression à cause d’eux, il parvient à y faire face, à ressortir plus fort de ses expériences, à rester optimiste et confiant. Affi a fait preuve de résilience pour arriver là où il est aujourd’hui. Cette capacité de résilience qui lui a permis de voir de vertes et des pas mûres, et même d’avaler des couleuvres, a fini par payer.
En effet, contre toute attente, il a réussi à engager un dialogue direct avec Gbagbo, à la grande surprise de tous ceux qui manœuvraient dans l’ombre pour que cela ne se puisse pas. De fait, plutôt que de s’attarder sur le secondaire, il a gardé les yeux fixés sur le principal qu’est l’objectif de l’unité et de la réconciliation interne. Il a mis de côté son amour propre, ce qui lui a permis de ne pas tenir compte des frustrations, des forfaitures, des falsifications et des faux en écriture servis à certains militants, naïfs pour certains et endoctrinés pour d’autres. Que ne leur ont-ils pas servis comme intoxication ? “Affi veut tourner la page de Gbagbo…”. “Affi ne veut pas que Gbagbo soit libéré…”. “Affi veut empêcher Gbagbo de redevenir président du FPI alors qu’il a besoin de cet instrument pour mener sa lutte contre la CPI…”. Et bien plus encore…
Aujourd’hui l’on sait tous que tout cela était cousu de fil blanc. La seule vérité c’est que Gbagbo n’a jamais demandé à redevenir président du FPI. Il y a été « contraint » par ceux qui ne pouvaient pas affronter Affi à la régulière pour le contrôle du parti mais qui ont voulu utiliser Gbagbo par procuration, comme un épouvantail ou un père fouettard, pour mener leur guerre de positionnement contre Affi. Cette vérité là pour certains ne fait pas plaisir à entendre. Mais elle doit être sue, d’autant qu’elle ne saurait être un obstacle à la dynamique unitaire qui aujourd’hui est irréversible. À moins qu’elle ne soit pas sincère pour toutes et tous.
Gbagbo a été contraint d’accepter au regard de la campagne d’intoxication dont il a été l’objet. Gbagbo l’a expressément signifié à Assoa Adou. Je vous fais une confidence (et Assoa Adou ne me contredira pas), Gbagbo a même tenu à ce que ce point soit clarifié et soit mentionné dans le communiqué qui devait sanctionner sa rencontre avec Affi.
Ceux qui ont « forcé la main » à Gbagbo lui ont fait croire que Affi avait trahi la lutte parce qu’il discutait avec le pouvoir RHDP. Aujourd’hui c’est Gbagbo lui-même qui n’est pas contre l’initiative du président Affi d’engager les négociations avec Ouattara. Alors c’était quoi le problème ? Que de temps perdu !!!
III – CONSTANCE
Le Larousse définit la constance comme étant le “caractère de quelque chose (ou de quelqu’un) qui reste identique, qui ne varie pas : constance d’un phénomène”. Affi est resté constant dans sa logique du “asseyons-nous et discutons”, tant avec le pouvoir RHDP qu’avec ses camarades du parti.
Bien avant tout le monde il a compris que le dialogue avec l’adversaire politique était un passage obligé et non de la compromission, encore moins de la traîtrise. Le président Affi n’a jamais douté de ce que la survie du FPI était dans la participation au jeu politique et aux élections et non dans la défiance et le boycott permanent. Les faits lui donnent aujourd’hui entièrement raison.
Le dialogue qu’il a initié avec le gouvernement RHDP est applaudi par ceux-là même qui hier le fustigeaient. La participation à toutes les échéances électorales à venir est partagée par tous, sans exception, avec une CEI réformée ou pas. Qu’on l’aime ou pas force est de reconnaître que loin d’être un traître, Affi est un visionnaire, un précurseur. Il trace les sillons et les autres l’empruntent. C’est cela le vrai leader.
Il a réussi à faire la paix des braves avec Gbagbo, là où Ado n’a pas réussi à la faire avec Bédié et Soro. Il a réussi à rassembler sa famille politique, là où Bédié, Ado et Soro n’y sont pas arrivés car ils n’ont pas été capables de dominer leur amour propre. Or être un grand leader c’est aussi être capable de mettre de côté son égocentrisme pour privilégier l’intérêt commun.
Pour ma part, je souhaite l’unité du FPI car elle est nécessaire pour faire face à la redoutable machine qu’est devenue le RHDP. Mieux, au-delà du FPI, je formule le vœu qu’un large cadre de concertation entre tous les opposants au régime en place soit rapidement mis en place en vue d’une mutualisation des forces, des idées, des ressources humaines et des compétences, mais également des moyens logistiques et financiers. C’est à ce seul prix, qu’ensemble, dans le respect des uns et des autres, grands ou petits partis, nous gagnerons haut la main la présidentielle d’octobre prochain.
Ainsi ai-je parlé.
SOURCE:
Jean Bonin