La tentation est grande de dire que c’est bien fait pour la gueule de l’ex-chef rebelle Guillaume Soro. D’ailleurs lui-même ne le dit-il pas ? ” C’est bien fait pour ma gueule ” a-t-il dit en parlant du soutien actif, dans le projet de déstabilisation de son pays la Côte d’ivoire, qu’il a apporté à Ouattara qui s’est retourné contre lui aujourd’hui ?
Vraiment, c’est bien fait pour sa gueule parce qu’il aura courtisé avec une certaine assiduité le désastre politique que nous offre l’ère Ouattara avec le recul des libertés et l’instauration d’une dictature implacable.
Et puis, tout est une question d’état d’esprit et on ne pourra jamais empêcher des sentiments de s’exprimer. Celui qui a un parent tué par la rébellion peut se réjouir de ce qui arrive à Guillaume Soro, l’ex-Secrétaire général du MPCI qui n’a jamais eu à répondre de ses crimes, ses victimes ayant été totalement ignorées.
Donc pour toutes ces raisons, parce qu’il est lui-même l’un de ceux qui ont favorisé l’avènement de cette dictature que connait aujourd’hui le pays, Guillaume Soro n’aura jamais droit à notre compassion ou sympathie que nous réservons à ses victimes.
Cela dit, nous n’allons pas non plus nous réjouir du massacre que subissent les libertés en Côte d’ivoire où plus personne n’est à l’abri de l’arbitraire. Et pour avoir été nous-mêmes victimes de cet acharnement judiciaire que Ouattara réserve à ses adversaires contre lesquels il utilise tous les moyens répressifs de l’état, nous avons le devoir de réclamer que les droits de Guillaume Soro soient respectés. C’est une position difficile mais c’est une question de principe parce que se battre pour la liberté et l’état de droit, c’est en même temps se battre pour ceux avec lesquels nous ne partageons ni les mêmes convictions, ni la même histoire. Il faut que Ouattara arrête cette instrumentalisation de l’état contre ses adversaires politiques.
Alexis Gnagno