Pouvons-nous regarder le PDCI et ses militants se battre seuls pour exiger la libération de Jacques Mangoua, vice-président de ce parti ?
Ouattara s’est attaqué aux partis politiques les uns après les autres et les a fragilisés sans que cela ne suscite aucune réaction collective parce que quand un parti était attaqué, les autres se contentaient de regarder en pensant sans doute que cela ne leur arriverait pas alors qu’il s’agissait là d’une ingerence inacceptable, une profonde remise en cause du multipartisme, d’un acquis démocratique.
Ouattara avait commencé par emprisonner des leaders de l’opposition sans que cela ne suscite aucune émotion chez ceux qui n’étaient pas emprisonnés et ne se sentaient donc pas concernés. C’est vrai qu’ils étaient pour certains aussi au pouvoir. Alors il a emprisonné qui il veut, et après, il a libéré qui il avait décidé de libérer.
Mais après avoir déstabilisé les partis de l’opposition et emprisonné leurs leaders parmi lesquels il a choisi et retourné certains pour en faire des interlocuteurs commodes, il s’est attaqué à ses propres partenaires, au MFA d’Anaki Kobena, au PIT de Francis Wodie et maintenant au PDCI.
Alors que le PDCI voulait sortir du RHDP parce qu’il lui reprochait de ne pas avoir respecté son engagement de passer le flambeau à un candidat PDCI pour 2020, Ouattara avait menacé : ” je ne veux pas casser le PDCI mais je n’accepterai pas que le parti unifié se fasse après 2020.” Il est donc passé à l’attaque et ne retient plus ses coups. Jean-Louis Billon débarqué de la présidence du conseil régional du Hambol, Akossi Bendjo contraint à l’exil , et maintenant Jacques Mangoua jeté en prison sans ménagement pour une raison assez obscure, sans parler de toutes les difficultés qu’ont du endurer des candidats du PDCI élus aux municipales d’octobre 2018 et empêchés de s’installer pour servir ceux qui les ont élus.
Les autres partis de l’opposition auraient tort de ne pas réagir devant ces attaques contre le PDCI qui posent une question de démocratie et de liberté, devant cette intimidation qui rappelle ce que le FPI a connu en 2015. Ouattara avait alors arrêté des dirigeants de ce parti et surtout les leaders les plus déterminés de la jeunesse du parti de Laurent Gbagbo pour aller tranquillement à une élection présidentielle courue d’avance avec Affi Nguessan.
Pour moi, il y a le PDCI et il y a les hommes et au-delà de ce vice-président, il y a donc le PDCI qu’il ne faut pas laisser seul face au régime Ouattara.
En tout cas, si les partis politiques de l’opposition veulent avancer dans le combat pour la démocratie, c’est le moment d’agir ensemble. Il faut que toutes les forces progressistes se joignent au PDCI et appellent à la libération immédiate de ce vice-président du PDCI qui est jugé quelques jours seulement après son arrestation là où Soul to Soul chez qui des armes avaient été trouvées dans cette même ville de Bouaké n’a jamais été jugé avant de bénéficier finalement d’une amnistie. Et c’est aussi cela qui fait penser à un traquenard et à un procès politique.