Monsieur Gnagni Aman Obrou Moîse, président du Collectif des Propriétaires Terriens Coutumier de Vitré et membre du Comité du Foncier et du cadre de Vie du village de Vitré 1, Grand-Bassam.

Dans une adresse aux journaux ivoiriens, Gnagni Aman Obrou Moïse, président du Collectif des Propriétaires Terriens Coutumier de Vitré et membre du Comité du Foncier et du cadre de Vie du village de Vitré 1, dans la Commune de Grand-Bassam, recadre un des collaborateurs de Nanan Kanga Assoumou Pierre, Roi des Abouré Ehê de Moossou, village communal de la même cité, qui s’est pourfendu en contrevérités contre le village de Vitré 1 et son chef, Nanan Djaman Gino. L’auteur de l’adresse explique la propriété du foncier de Grand-Bassam, et interpelle les autorités administratives.

‘’Le Sieur Edmond Clégbazah, se disant mandataire du Roi de Moossou, Nanan Kanga Assoumou Pierre, s’est répandu en injure et mensonges contre le chef du village de Vitré 1, Nanan Djaman Gino et affirmait que le Roi de Moossou (son Roi) est le vrai chef de terre de la circonscription territoriale du village de Vitré 1. Ainsi, il aurait le droit d’aménager et de vendre toutes les terres de Grand-Bassam, dont il serait seul détenteur de droit coutumier.
Notons qu’au cours d’une délibération municipale relative à des enquêtes de commodo et incommodo, MM Watta Bogui et Bognini Jean-Baptiste, représentant leur Roi, avaient affirmé (sans aucune preuve) que celui-ci serait détenteur d’un document daté de 1929, stipulant que le «Roi» de Moossou serait le propriétaire coutumier de toutes les terres de Grand-Bassam, depuis le Village de Yaou, dans la Sous-préfecture de Bonoua, jusqu’au canal de Vridi, dans la zone portuaire d’Abidjan.

Selon les intervenants, c’est ce document qui donnerait le droit à leur Roi, non seulement de s’attribuer des parcelles de terres rurales, mais également d’en céder à des tiers, moyennant rétribution, et donnant lieu à la délivrance d’Attestation de Propriété Foncière Coutumière (APFC).

Nous n’avions pas manqué de leur faire observer que même si cela pourrait être vrai, ce document est frappé de caducité, dans la mesure où le territoire de la Colonie Française de Côte d’Ivoire de cette époque est devenu indépendant, et que la République de Côte d’Ivoire s’est dotée d’une Législation Foncière qui est en vigueur depuis 1960.

Une sortie hasardeuse, écœurante et révoltante

La sortie médiatique de Monsieur Edmond Clégbazah est, à plusieurs égards, hasardeuse, écœurante et révoltante. Il amuse la galerie par son manque d’éducation et son ignorance en ce qui concerne le fonctionnement des Institutions Traditionnelles et Modernes. C’est ce qui arrive lorsque les vrais porte-cannes sont ignorés, pour une question d’intérêt. En conséquence, l’intervention de Monsieur Edmond Clégbazah appelle de nous un recentrage et une clarification de la situation, au regard de l’opinion publique. Le venin du mensonge ne devant pas prospérer.

Premièrement, notons qu’il n’y a pas de conflit foncier entre les villages de Vitré 1 et Moossou, encore moins entre Bétibé et Abouré-Êhê. Il existe plutôt un litige entre le village de Vitré 1 et Monsieur Kanga Assoumou. Il faut se référer aux procès-verbaux des réunions du 15 juillet 2008 et du 21 Août 2008. Nous relevons de fait que les actions prédatrices du chef du village de Moossou, pour l’embellissement de son ventre, ainsi que pour son confort Personnel, remontent à son accession au siège de la chefferie à Moossou en 1991. Elles ne datent donc pas d’aujourd’hui. Voir la contribution des Bétibé au règlement du conflit Bétibé-Owoula Kanga Assoumou en date du 18 Décembre 2008.

Les fruits cession d’une portion de terre à la MED à ‘’Mme Bon Coin’’

En effet, les fruits de la cession d’une portion de terre à l’entrée de la Commune de Grand-Bassam, au lieudit ‘’Madame Bon Coin’’, à la Mutuelle Estudiantine de Développement (MED), lui a donné du zèle en la matière. Dès lors, avec la complicité tacite de nos Autorités Préfectorales, Municipales ainsi que celle du Ministère de la Construction et de l’Urbanisme, en ce qu’elles ne réagissent pas convenablement à nos oppositions et dénonciations, Monsieur Kanga Assoumou Pierre, se croyant dans un jardin privé, vend les parcelles de terre partout où elles se trouvent dans la ville de Grand-Bassam, sans en référer ni au chef du village du ressort, ni aux familles détentrices de droits coutumiers. Etre chef de village ou de terre, dans la pure tradition Akan, Ehotilé, Abouré, ne signifie nullement qu’on en est le propriétaire coutumier. Voir «Procédure Traditionnelle de détention de la Propriété Foncière Coutumière chez les Bétibé».

Les vrais détenteurs de droit foncier dans notre réalité sociologique

Dans notre réalité sociologique, les vrais détenteurs de droit foncier coutumier sont les grandes familles ou tribus. A Moossou, précisément, les grandes familles qui composent le peuple Abouré-Ehê sont : Les Familles Samandjè (chef de famille l’Honorable Assouan Anvo) ; Adjêkêpouê 1 (feu l’Honorable Kablan Jean-Baptiste) ; Adjêkêpouê 2 (chef de famille l’Honorable Kouassi Antoine) ; Mohô 1 (chef de famille l’Honorable Koffi René) ; Mohô 2 (chef de famille l’Honorable Abacon Joseph) ; Wossouan 1 (chef de famille l’Honorable Amon Bernard) ; Wossouan 2 (chef de famille l’Honorable Tchinan Michel) ; Wossan-Êhê (chef de famille l’Honorable Kodjo Kouamé Antoine) ; Assomolo 1 (chef de famille l’Honorable Nogbou Frédéric) ; Assomolo 2 (Chef de famille l’Honorable Gbingbin Nogbou) et la famille Assôkôpouê (Chef de famille l’Honorable Aka Etein Léonard). La circonscription Territoriale actuelle du village de Vitré I, pour ce que nous savons, est, en grande partie, la propriété coutumière de la Grande famille Assôkôpouê, appelée à Moossou Êhê-Vete, dont le chef actuel est l’Honorable Aka Etein Léonard. Grande famille dont la correspondance Ehotilé ou Bétibé est la famille «Ôbôka». Autrement dit, Ôbôka à Vitré 1-Vitré 2 et Assôkôpouê à Moossou forment la même Famille par alliance. Et la propriété foncière de la famille Assôkôpouê a été formalisée, notamment, par une Attestation du Préfet de Grand-Bassam en date du 20 Juin 2007 ; Un procès-verbal de délimitation de terrain rural et un Plan de délimitation de terrain rural.

De la grande famille Samandjê, M Kanga Assoumou Pierre ne peut disposer des terres des Assôkôpouê

M Kanga Assoumou Pierre étant de la grande famille Samandjê, dont le chef est Assouan Anvo, ne peut prétendre avoir droit de disposer des Terres des Assôkôpouê. Mieux, il ne peut prétendre être propriétaire foncier coutumier de toute la ville de Grande-Bassam. Partant, c’est à juste titre que pour le besoin de déménagement du village, précédemment établi sur l’ile Vitré, nos parents, Ahoba Ehouman Jean-Baptiste et André Sher, entre autres, ont pris attache, d’une part avec la famille Assôkôpouê, et d’autre part, avec les exploitants agricoles des lieux, dont feu l’Ambassadeur Koffi Bilé, ainsi que M le Maire Aka Martin. C’est dans la même logique des bonnes mœurs que l’Honorable Henri Dirogo s’est fait le devoir d’informer le sage N’Guessan Bruno, en ce qui concerne le besoin d’extension du village actuels des Bétibé de Tchagba-Koumassi, en sa qualité d’exploitant agricole, au même titre que S E Koffi Bilé. Interpréter cette démarche de courtoisie et de bon voisinage comme une allégeance à son Roi est très malhonnête de la part de M le mandataire.

Clégbazah Edmond est totalement ignorant des démembrements de l’Etat de Côte d’Ivoire

Deuxièmement, il nous semble que le Sieur Clégbazah Edmond est totalement ignorant des démembrements de l’Etat de Côte d’Ivoire. Celui-ci compte le territoire national, les Régions, les Départements, les Sous-préfectures ; les Communes et les Villages. Les Royaumes, aussi prestigieux soient-ils, ne figurent pas dans la liste des territoires décentralisés de l’Etat. Leurs chefs bénéficiant du même Arrêté Préfectoral de nomination. Par ailleurs, à Grand-Bassam, il n’existe pas de Royaume au sens noble du terme, à l’exemple du Royaume de l’Indénié à Abengourou, du Sanwi à Aboisso, ou des Bétibé à Assini (Voir Les Bétibé de Côte d’Ivoire de Dr Foba Antoine Kakou). Le Décret N° 2010-233 du 25 Août 2010, fixant le ressort territorial des Régions, Départements, Sous- préfectures et Communes de Côte d’Ivoire, identifie les dix (10) villages suivants, composant la Sous-préfecture et la Commune de Grand-Bassam. Il s’agit de Azuretti, Ebrah, Gbamblé, Modeste, Mondoukou, Moossou avec comme chef Nanan Kanaga Assoumou Pierre par l’Arrêté de nomination N°015 / AA / DAG / D1 du 21 Mars1991, Petit-Paris, Quartier France, Vitré I avec comme chef Nanan Djaman Gino par l’Arrêté de nomination N°13 / P-GBM / CAB du 04-02-2016 et Vitré II.

Pourquoi le chef de Vitré 1 a été débouté par la Cour Suprême

Chacun de ces villages ayant un terroir qui lui est reconnu, même s’il n’existe pas de cartographie en la matière. Chaque village a sa chefferie et son organisation sociale propre. Chaque village connait sa limite, comme l’a signifié à M le Préfet, l’Honorable Diragbou Siméon, chef de terre des Bétibé. Il est donc indécent, de notre point de vue, de se prévaloir du titre de chef de terre, pour opérer des morcellements et des ventes de terrains sur une zone qui est sous l’administration traditionnelle d’un autre Chef. Il est malhonnête, pour un chef d’un autre ressort territorial, de délivrer des attestations de propriété foncière coutumière à des tiers moyennant finances, alors qu’il n’en a pas le droit. C’est d’ailleurs l’inquiétude qui a fait l’objet d’une réunion convoquée par Monsieur le Préfet de Grand-Bassam. C’est, en outre, ce que l’Arrêt N°73 du 12-12-2017 du Tribunal de Grand-Bassam a conclu. L’Arrêt de la cour Suprême, faute de preuves tangibles graphiques authentifiées, délimitant les localités sus-indiquées, a conclu que le chef du village de Vitré 1, qui revendiquait sa circonscription, est débouté dans son action en justice, pour insuffisance de preuve. Cet Arrêt ne conclut pas que M Kanga Assoumou Pierre est chef de terre, ou détenteur exclusif de droit foncier. Désolé ! Cela ne doit pas être interprété comme étant une carte blanche qui lui est accordée pour faire ce qu’il veut du patrimoine foncier de nos ancêtres, partout à Grand-Bassam. Le faire est équivalent à un vol. C’est de la spoliation. Les familles spoliées sont fondées à le poursuivre en justice, comme cela a été le cas à Modeste, où il s’est approprié le cimetière du village, comme il a fait à Vitré 1, avec le lotissement dénommé «Cité des Anges». Voir l’Arrêt N°261 / 16 du 22 Juin 2016.

Les Betibé, ont plus de 4 siècles d’histoire avec les Abouré de Moossou, d’Ebrah et les N’Zima du Quartier France

Troisièmement, et pour rappel, en 2008, dans une mise au point publiée dans le journal Fraternité Matin, les chefs des villages de Vitré I et Vitré II, s’adressant à M Kanga Assoumou Pierre, lui ont posé ces trois questions : 1- Que signifie le mot Ehê, qui apparait dans l’appellation du nom des Abouré de Moossou (Abouré-Ehê) et c’est initialement en quelle ethnie ? 2- Nous traduire le sens du nom Nantchouê qui est l’appellation primitive du site qui a accueilli les Ehotilé à leur accession sur le sol de ce qui est devenu le territoire de Grand-Bassam. Site aujourd’hui occupée par la scierie SCAF. 3- Nous dire à quoi fait référence le nom du village dont Kanga Assoumou Pierre est le chef : Moossou (Mo-Fô ou N’Mo Wo). Naturellement, comme nous nous y attendions, il ne sait pas risqué à nous répondre. Les Betibé, dans leur ensemble ont plus de quatre (4) siècles d’histoire avec leurs frères Abouré de Moossou, d’Ebrah, ainsi que les N’zima du Quartier France. Et c’est en raison du brassage sociologique que Kanga Assoumou Pierre, ayant pour parents biologiques des Betibé, a eu accès, en raison de sa lignée matriarcale, au siège de la chefferie de Moossou. Il convenait qu’il fût celui qui renforça les liens fraternels multiséculaires, entre nos peuples.

Kanga Assoumou Pierre enfreint au ‘’Tchi-Mounka’’

Malheureusement, nous constatons qu’il s’érige plutôt en fossoyeur et enfreint le ‘’Tchi-Mounka’’, l’interdit que se sont imposés nos ancêtres, et par lequel ils se sont interdit de verser le sang de son prochain, de commettre l’adultère, et la privation de lieu de résidence. Or, en l’espèce, en nous privant de notre lieu de résidence, en privant la famille Assôkôpouê de son lieu de résidence (c’est-à-dire de sa terre), Kanga Assoumou Pierre enfreint au ‘’Tchi-Mounka’’. Que nos ancêtres en prennent acte.

Quatrièmement : De la Chefferie de la Terre de Grand-Bassam

Depuis l’avènement de Monsieur Kanga Assoumou Pierre sur le siège de la chefferie de Moossou, comme nous l’avons relevé, le problème de la chefferie de la terre de Grand-Bassam a toujours divisé nos communautés. Au point qu’à l’issue de l’incident survenu, à l’occasion de la pose de la première pierre pour la construction du Stade Municipal, où les délégués de Moossou et du Quartier France se disputaient la primauté, il a été arrêté que chaque peuple désigne son préposé aux libations pour les cérémonies qui auraient lieu dans la circonscription villageoise de ce peuple. Il existe cependant au moins deux (02) repères qui nous font dire avec nos anciens, que les Bétibé ont la primauté sur les autres peuples à Grand-Bassam. Car la terre reconnait ses premiers occupants.

Deux repères historiques qui font dire que les Bétibé ont la primauté sur les autres peuples de Grand-Bassam

Les deux (02) repères historiques sont : 1- La construction du pont de Moossou. La 1ère superstructure du pont s’était brisée, après que quelqu’un de Moossou ait fait la libation. Sur l’insistance de l’ingénieur en charge des travaux, nos parents de Moossou ont été obligés de solliciter leurs allier Bétibé. Et c’est feu Doba Amon, un des oncles du Chef de Terre actuel, l’Honorable Diragbou Siméon, qui a eu l’honneur d’invoquer les mânes pour la réalisation de cet équipement routier, que nous utilisons jusqu’à ce jour. 2- Lorsqu’il s’est agi de l’ouverture de l’embouchure, en 1985, feu Adjé Raymond a été commis à la libation. Cela a permis à la passe de demeurer en éveil pendant au moins cinq (05) années, avant de s’ensabler, faute de protection du canal.

Monsieur Kanga Assoumou Pierre n’est ni chef de terre de Grand-Bassam, encore moins de Vitré 1

En tout état de cause, et en conclusion, le peuple Bétibé (Ehotilé) du village de Vitré 1 à Grand-Bassam, déclare ne pas reconnaitre Kanga Assoumou Pierre comme étant chef de Terre de toute la ville de Grand-Bassam, encore moins du village de Vitré 1. Si à Moossou, il cumule les deux (02) notions, chef de village et chef de terre, à Vitré ce sont deux institutions distinctes. C’est pourquoi le peuple Betibé réaffirme son soutien à son chef, Nanan Djaman Gino, pour l’administration de la circonscription territoriale de notre village qui, jumelée à celle de Vitré 2, part de la résidence de l’Evêque de Grand-Bassam, à Mafiblé. Limite territoriale des Communes de Port-Bouët et de Grand-Bassam. Cela en bonne intelligence avec les familles détentrices de droits fonciers coutumiers, dont la famille Assôkôpouê, ainsi qu’avec les exploitants agricoles et les fermiers. Le peuple Bétibé met en garde tous les aménageurs, les acquéreurs de lots et tout opérateur immobilier, contre toute intervention sur son territoire, qui n’aurait pas été autorisée par sa chefferie. Le peuple Bétibé interpelle l’Administration ministérielle, Préfectorale, Municipale et Sécuritaire, sur les actes non fraternels et belliqueux de Monsieur Kanga Assoumou Pierre. Il met à son actif tout incident qui pourrait survenir sur le terrain. Le peuple Bétibé interpelle la notabilité et les chefs de lignage de Moossou, sur les actes impopulaire de leur chef, à l’encontre de leurs alliés et frères Bétibé de Vitré 1 et de Vitré 2. Il leur demande de calmer les ardeurs de leur chef, au risque d’encourir une grave déchirure entre nos familles.

Le peuple Bétibé n’est pas le vassal du peuple Abouré-Êhê

Le peuple Bétibé n’est pas le vassal du peuple Abouré-Êhê. Les Bétibé et les Abouré-Êhê sont des alliés. Et un allié, on le respecte, on le consulte et on prend avec lui des décisions de manière collégiale, pour ne pas dire unanime. Le peuple Bétibé exige de Monsieur Clégbazah des excuses publiques, notamment par voie de presse, à son endroit, ainsi qu’à l’endroit de son chef Nanan Djaman Gino. Il est, certes, jeune, mais il n’est pas le camarade du mandataire. Il assume de hautes responsabilités. Nous exigeons qu’il soit respecté et vénéré au même titre que les autres souverains. Nous appelons enfin, l’attention de la Chambre National des Rois et Chefs traditionnels de Côte d’ivoire sur ce genre de manquements qui mettent en mal notre cohésion sociale et gangrènent nos communautés. La culture de la paix que nous recherchons pour notre Nation doit prendre racine dans nos communautés, villageoise. Ce peuple Bétibé en appelle au bon sens de tous’’, dit-il.

Laurent Nahounou
laurentmadoun@gmail.com