Celui-ci a prospéré ces derniers temps à tel enseigne qu’il a contaminé tout l’espace politique.
Nous assistons à une sorte d’atavisme historique, qui réinvestit de manière transversale, de l’extrême gauche à l’extrême droite, le registre thématique de la peur d’une transition démocratique sous tension, de la lutte sociale pour la démocratie et contre la pauvreté économique, de l’identité, de l’absence de contrôle de l’activité des flux migratoires, de l’envahissement des étrangers, de la dépossession des terres des nationaux autochtones, de la sécurité, de la réconciliation, etc…Ce phénomène est rendu possible parce que n’importe quel leader politique peut s’en réclamer, puisqu’il ne repose sur aucun socle idéologique, aucune vision du monde et de l’avenir du pays, aucun projet de société concret et structuré.
Dès lors, les uns se sont auto-affranchis de leur passé, de la rationalité des dogmes de la pensée libérale, des règles de la compétition et de l’efficacité économique, de la nécessité des conditions concourant à la réalisation du progrès social; les autres se sont affranchis des verrouillages propres au fonctionnement interne des partis politiques avec leur logique de soumission (discipline de parti), leur extrême personnalisation du pouvoir (culte de la personnalité du chef charismatique), leurs tabous et fétiches (lignes à ne pas franchir et dévotion à un homme). Ils inscrivent désormais leur discours et leur action dans une sorte d’anti-système, en brisant tous les codes.
Une troisième catégorie plus opportuniste surfe sur l’actualité et répercute vers le pouvoir central les réactions, les valeurs et les propositions de la société civile, afin d’apparaître aux yeux de cette dernière, comme le porte-voix du peuple, le porte-parole des du faible et du pauvre, l’émanation directe du peuple. Un mot qu’on avait plus entendu depuis bien longtemps dans le langage de la société bien-pensante et de l’élite chez qui il n’existe que le mot citoyen. En effet, ces deux terminologies renvoient à des systèmes de références et de pensée très différentes. Dès lors, cette catégorie politique introduit une mutation profonde dans la conception traditionnelle de la démocratie représentative basée sur une logique d’appareils et de courants d’idées, car elle n’en possède pas elle-même en propre. Cependant, en se donnant le rôle d’actrice du changement et de porte-parole de la société civile, elle sort du système pour se frayer à son tour une nouvelle voie où la politique devient un objet de partage avec le peuple, le bien commun de la société en son entier et non plus le domaine réservé de l’élite politicienne. Elle bouscule de fait les mécanismes conventionnels qui gouvernent le champ politique. Ici réside aussi sa dangerosité en ce qu’il est le lieu où s’opère une imposture par substitution. En effet, cette catégorie prétend souvent parler et agir au nom du peuple sans aucun mandat pour le faire, et lorsqu’elle en dispose, elle ne représente qu’une infime section du peuple (commune, ville, région) qui du reste n’a pas été consultée au préalable pour justifier sa prétention illégitime et inexacte.
A côté de ces catégories politiques se dresse la société post-moderne, dotée de nouveaux et puissants moyens d’expression avec l’explosion des NTIC, qui intente un procès permanent au système et à la classe dirigeante, en passant au peigne fin ses choix, sa gestion, son discours, son action et sa moralité. Ce faisant non seulement elle sape la confiance envers les institutions de la république et ceux qui les incarnent en jetant sur eux suspicion et discrédit, mais devient le juge de la pertinence et de l’éthique. Par ailleurs, elle exerce sur le pouvoir une influence grandissante pour le rapprocher du vécu du peuple, et le faire descendre aussi vers la rue. Certains politiques y cèdent facilement pour accroître leur capital de sympathie et améliorer leur popularité auprès des couches défavorisées, tandis que les représentants du système passent pour des technocrates coupés du peuple et du terrain. Certains pour compenser cette distance, ont cru bon d’appauvrir leur discours en y introduisant des expressions de rue et des images à la limite du trivial. Ce faisant ils ne démystifient pas seulement une fonction, ne la dépouillent pas seulement de sa aura républicaine, mais ôtent à celle-ci toute considération et abîment son autorité.
Conclusion : Nous devons résister aux catégories politiques du populisme et à ses différentes formes, parce que ses effets sont dévastateurs pour un humanisme de paix sociale et l’unité nationale. Plus rarement elles peuvent permettre en contre-partie, lorsqu’elles sont constructives et positives, d’introduire une démocratie délibérative et participative qui gomme les clivages partisans. Il nous appartient désormais d’être vigilants pour bien distinguer à travers les formes et les catégories politi<
Pierre Aly SOUMAREY