…Dans chaque situation, notre point de vue n’est qu’une infime parcelle de vérité mais jamais toute la vérité.

Dans le propos qui consiste à indexer une irrégularité, ce que je respecte d’ailleurs, je perçois un élan de loyauté et combien louable. Seulement, dans le cours de la vie, des situations surviennent bien souvent et nous poussent dans des choix particuliers, inattendus.

Enfant, je jouais au ballon dans les rues de mon quartier comme nombreux parmi nous ici. Le grand frère qui était à la fois mon tuteur (paix à son âme), était connu comme un homme sévère et très strict, mais c’était mon Yaya et je l’aimais de tout mon cœur. Il ne fallait pas en venir à parler du mal de lui devant moi.

Seulement, pendant nos parties de matchs animés (ce qui l’irritait et le dérangeait souvent quand il avait bossé de nuit et tenait à se reposer la journée), chaque fois que notre ballon atterrissait sur notre toiture, il sortait en rage, se saisissait de notre ballon obtenu au prix de grands sacrifices et cotisations; il le sectionnait avec son couteau pendant que nous détalions et fuyions dans tous les sens).

Une fois les esprits calmés, je rentrais dans une furie indescriptible malgré l’amour sincère que j’avais pour mon tuteur. Son geste était injuste car de sa rage incontrôlée, mes amis et moi en pâtissions. Alors je me dissociais de mon Yaya pour me solidariser avec mes frères de proximité, mes compagnons de ce parcours, d’où qu’ils pouvaient être issus.

L’élan de justice est au-dessus du réflexe de loyauté.

La bible, pour ceux u en sont familiers, parle de plusieurs cas: Moïse sortit du palais et tua un Égyptien, son pseudo frère du moment, pour sauver un hébreu, son frère naturel qui n’avait aucun défenseur pour sa cause.

Moïse préféra ainsi s’échapper dans le désert, loin du luxueux cadre du palais de Pharaon. La justice triompha face au choix sur deux frères ayant pourtant la même valeur.

Jonathan, fils du roi Saül, se lia d’amitié avec le jeune David qui pourtant, était vu par Saül comme un rival potentiel pour le trône d’Israël. Jonathan, fils du Roi, ne vit que la droiture du cœur de David, et ne fut pas freiné par la loyauté que lui imposait sa parenté ou droit paternel avec Saül.

Malgré nos affinités avec certaines personnes, quand celles-ci ternissent l’image de l’équité et en viennent à éclabousser leur propre image par des actes qui nous parlent et qui nous font frémir, il faille se lever et dire non. Se taire ou cautionner ces cruautés pointées du doigt, confirme notre mort car c’est comme si ”on a cessé de vivre’’, ainsi le soulignent Mandela, Gandhi et frère Malcolm X. À moins d’être de la même trempe pour prendre plaisir à perpétrer les mêmes cruautés que celui qui est ici indexé par tous les faits et par tous ceux qui ont des yeux pour voir.

Lorsque notre point de vue s’active, c’est bien normal car nous sommes faits d’actions et de réactions. Mais à chaque instant, avant de faire prévaloir notre point de vue, il y a lieu de faire ”le tour de la question” et de s’assurer qu’on n’a pas ignoré un aspect majeur à la chose à examiner.

Le cas de ”l’enfant prodigue” dans la Bible illustre bien cet aspect. Pour un fils jouisseur et irresponsable, on s’accorde tous à le voir revenir chez lui après avoir dilapidé sa part de l’héritage. Le père le reçoit par une grande fête. Mais tout le monde, y compris le narrateur, taxe le grand frère, le seul fils resté fidèle auprès du père, d’égoïste parce qu’il a boudé un tel accueil, chose qu’on n’a jamais su faire pour lui qui est resté actif et scrupuleux dans toutes les tâches de la maison de son père, sans jamais avoir bénéficié d’une quelconque attention particulière à son égard.

On en est même arrivé à le taxer ”d’enfant égoïste”, face à son mécontentement. Une appréciation qui me semble inapproprié car disproportionné et pris dans un seul aspect.

La loyauté faite dans les règles du jeu nécessite un respect scrupuleux du bon sens et d’un code d’honneur, de part et d’autre. Le faire à l’aveuglette et de façon épidermique, trahit des mobiles morbides et indignes et pousserait l’individu à soutenir et à encourager des êtres bas qui sèment la discorde, la misère, le malheur et le chaos sur terre.

De cette façon, on ferait partie de ceux-là qui font couler le sang, les larmes et font pérenniser le chaos.

Gare à tous ceux qui sèment la débandade, qui causent la misère et polluent la terre dans tous les sens. Le Maître de l’univers s’est déjà levé, Son épée en main, et tient à en découdre.

Sa rage sur quiconque prend plaisir à torturer, brimer, exploiter, exécuter le faible va se ressentir sur mille à la ronde.

”Sortez d’elle mon peuple car Babylone la Grande n’en est plus pour longtemps”.

Continuez à soutenir ceux qui font gémir, ceux qui vivent par la menace et qui rêvent d’immortalité en s’accaparant de tous les biens à leur portée, est une bêtise.

La réalité est que tous les êtres ont rendez-vous à la tombe où l’on s’y rend sans valises, sans mallettes ni comptes dans les paradis fiscaux.

Changer de position est un acte de grand courage. Trahir fait partie des méthodes du perfide, du lâche, ms se dissocier ouvertement est un élan plus noble que la malice de tout camoufler derrière l’idée de loyauté.

User des mots pour taire sa bêtise reste un acte criminel !

Fumu BIPE Auteur de « Dire sans le dire Tchi Luangu Mueni: Adages, anecdotes, dictons et proverbes d’Afrique noire », Editions L’Harmattan (1 Feb. 2014)