Attention aux dérives et à la confusion
Article 30 : ” La République de Côte d’Ivoire est une et indivisible, laïque, démocratique et sociale…” ARTICLE 127, Al 2 : “La forme républicaine et la laïcité de l’Etat ne peuvent faire l’objet d’une révision.”
Attention, attention, attention.
L’État doit strictement se limiter à ce principe républicain et ne pas s’impliquer dans les activités de la société religieuse, à l’exception de celles dont le caractère d’utilité publique est avéré. Le pèlerinage ne se range pas au nombre de celles-ci. L’État n’a pas à financer ou assumer des activités cultuelles. Ce n’est ni son rôle, ni sa place. Il doit se consacrer uniquement à ses tâches et fonctions régaliennes. Aller au-delà de cette frontière est une perversité que j’ai toujours dénoncée. La levée de la séparation entre l’ecclésiastique et le séculier date d’avant le Président OUATTARA, mais il doit avoir le courage de mettre fin à cette dérive. Chacun doit rester à la place qui est la sienne dans une République Laïque.
Les populations font confiance aux religieux, c’est tant mieux. Mais ceux-ci doivent strictement se limiter à leur sacerdoce dans la sphère privée, et avoir une pleine conscience de leur responsabilité vis à vis de la société (cohésion et paix sociale) respecter la Loi et le principe réciproque de neutralité qui les lie à l’État (chacun son domaine de compétence propre). Dans leur rôle d’éveil de conscience, ils peuvent dénoncer les travers de la société, en ce qu’ils heurtent des principes ou des valeurs religieuses, c’est leur liberté. Cependant, ils ne peuvent aller au-delà, pour se heurter à la Loi républicaine. Tout comme l’État et les politiques n’ont pas le droit d’utiliser, d’exploiter et d’instrumentaliser le religieux pour conduire leurs actions ou manipuler les populations, comme cela s’est vu un moment en Côte d’Ivoire, avec la horde des faux prophètes, la sacralisation du pouvoir politique de la Refondation, et auparavant pour justifier une rébellion.
Attention, attention, attention.
Nous avons déjà l’expérience de l’imposture religieuse et politique, n’en rajoutons pas un travers encore plus dangereux : l’envahissement de la sphère publique par le religieux. Regardons bien ce qui se passe autour de nous, chez nos voisins. La dérive religieuse est un processus qui possède plusieurs configurations dans son mode d’action. Celle-ci se veut toujours au départ le parti des pauvres et des opprimés, pour s’introduire progressivement et subrepticement dans le champ politique, lorsqu’on n’est pas assez vigilant. Nous savons tous où cela aboutit. Dans les États laïcs, les religieux sont tenus de ne pas commenter l’actualité politique dans leur prêche. Ils sont soumis à une obligation de réserve. La liberté d’expression dont ils jouissent est réglementée, elle ne doit pas déboucher sur des excès qui tendent à troubler le bon fonctionnement de l’État, à exprimer des positions partisanes dans le jeu politique, à défier l’autorité d’État ou à troubler l’ordre public. De la même façon, les politiques ne peuvent pas recourir à des références religieuses dans leur discours et leurs actions publiques, nonobstant leurs convictions et leurs fois. Cette approche sur la question est également celle du COSIM et de l’Épiscopat Ivoirien. Pierre Aly SOUMAREY