Mise au point du Barreau des Avocats de CI sur l’état de notre système judiciaire au regard de l’indépendance et de l’impartialité de la justice. Les auxiliaires et acteurs principaux de la justice ne font pas que parler comme les justiciables, ils commencent à souffler sur les braises, à penser comme eux, ce qui rend le défi pour la construction de l’état de droit en Côte d’Ivoire, encore plus long et difficile à réaliser qu’il ne paraissait de prime abord. Les multiples dénonciations de ces derniers temps de la part de ces derniers (syndicats de la magistrature et bureau du conseil de l’ordre des avocats) expriment à la fois un profond malaise et la naissance d’un mouvement de résistance et de contestation à l’intérieur de l’Administration de la justice elle-même, à l’égard de certaines pratiques qui ont cours en son sein et de l’idée qu’ils s’en font. Quel sens donner à ce mouvement par rapport aux règles du jeu démocratique, à la neutralité et l’obligation de réserve des hommes de justice, et aux principes qui régissent l’état de droit ? Comment interpréter cette réaction par rapport à l’actualité, quant à sa forme impulsive et les conditions circonstancielles de son expression ? L’Etat garant de la qualité de ce service public s’est-il montré défaillant dans ce rôle au delà des limites excédentaires ou déficitaires acceptables (c’est selon les cas) ? Assistons nous a une politisation du pouvoir judiciaire, dans des formes différentes de celles qui ont toujours existé auparavant, qui justifierait ce caractère novateur de la fronde ? Ici, se loge toute notre préoccupation, car rien n’est plus redoutable pour une démocratie que le délitement des institutions et des pouvoirs constitutionnels. Attention, attention, attention à ce que nous faisons, les uns et les autres, et ayons constamment en mémoire les éditions antérieures de notre histoire. Il est une évidence manifeste, le Gouvernement ne peut plus rester sourd à cette préoccupation croissante, qui est en train de fédérer les consciences, les chapelles politiques, et la société civile contre l’Institution. Une clarification et une concertation s’imposent avec tous les acteurs de l’Institution pour solutionner ce malaise et corriger les dysfonctionnements qui existent. Nous devons éviter de faire de la justice un instrument partisan, un objet de querelle politicienne, un outil de division comme par le passé. Le traitement judiciaire de la conflictualité politique de notre société, pourrait parasiter son fonctionnement. La politique ne saurait constituer un parapluie ou une exception au droit commun, tout comme la justice ne saurait être le prolongement de la politique au service d’un pouvoir.